En salle

La Danse de la réalité

2 mai 2014

En quelques mots

Texte : Élie Castiel
Cote :  ★★★★

Retrouver Jodorowsky, c’est retrouver une idée du cinéma, un rapport au corps tout à fait particulier, un regard sur le monde submergé d’images contradictoires et soudain en parfaite harmonie avec la nature. Cet amalgame de sensations est sans doute dû à la personnalité multiforme du cinéaste.

Proustien par sa thèse, fellinien par son approche, jodorowskien par son âme et conscience, et même angelopoulosien pour sa merveilleuse captation du temps figé, La Danse de la réalité fait vibrer les objets, bouscule les personnages, exprime librement le souci d’auto-analyse et se permet une lutte contre Dieu (« Dieu n’existe pas. Après ta mort, il n’y a plus rien… Papa ne ment jamais ! »). Entre la religion et la famille, la famille. Entre le rêve et la réalité, le rêve.

Il y a des mouettes, d’autres oiseaux, des groupes de clochards, une montagne imposante, une étrange procession. Le jeune Alejandro n’hésite pas à mimer les gestes de la religion catholique, non pas par moquerie, mais par instinct, par esprit d’universalité. Ce qui est frappant de cette autobiographie, c’est le côté annonciateur. Tout indique que Jodorowsky occupera une place dans la culture cinématographique. Et la caméra de Jean-Marie Dreujou reste là, passive, inquiétante, filmant les moments, s’arrêtant de temps en temps pour rendre compte d’un caprice du réalisateur, comme ça, par plaisir. Entre Jodorowsky et le cinéma, un rapport conciliant, complice, témoignant de la force des images en mouvement et des rapports étroits qu’elles entretiennent avec son côté visuel et sonore.

Et puis, cette recherche constante du temps perdu, en quelque sorte de l’immortalité, de l’inconscient qui reste et se métamorphose. Entre le réel et l’ésotérique, plutôt l’ésotérique, le divinatoire. Puisque pour Alejandro Jodorowsky, c’est avant tout cette lutte qui prédomine, celle qui oppose le pouvoir des cieux à la possibilité de changer les choses par le biais de l’art. Mais toujours en privilégiant l’utopie d’une humanité unique.

Et puis encore, quatre Jodorowsky se retrouvent au générique : Brontis, Alejandro, Adan et Cristobal. Un film sur la famille et sur la réconciliation qui ne peut se réaliser qu’avec le temps. Une expérience magnifiquement hallucinante qui pousse à réajuster le regard de façon transcendante. Sans doute une belle utopie imaginée.

Sortie : Dimanche 27 avril 2014
V.o. : Espagnol ; Anglais
S.-t.f. – La danza de la realidad
S.-t.a. –
The Dance of Reality

[ DRAME BIOGRAPHIQUE ]
Origine : Chili / France – Année : 2013 – Durée : 2 h 10  – Réal. : Alejandro Jodorowsky – Int. : Brontis Jodorowsky, Pamela Flores, Jeremias Herskovitz, Axel Jodorowsky, Adan Jodorowsky – Dist./Contact : FunFilm | Horaires/ Versions/Classement :Cinéma du Parc – Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 0 (Nul) 1/2 (Entre-cotes) — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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