En salle

Foxfire: Confessions of a Girl Gang

15 mai 2014

LE FILM DE LA SEMAINE

En quelques mots

Texte : Luc Chaput
Cote : ★★★  1/2

Comme dans le roman de Joyce Carol Oates publié en 1993, l’action du film se déroule dans les années 50 dans une petite ville industrielle du nord de l’état de New-York. Laurent Cantet s’intéresse donc encore, comme dans Entre les murs et Vers le Sud, à l’interaction entre l’individu et le groupe. Ici les jeunes filles pauvres vont à l’école publique et sont soumises à de l’intimidation. Une d’entre elles, la plus délurée, Legs qui vient de revenir après une fugue, incite des consœurs à s’unir pour contrecarrer cette attitude méprisante des jeunes hommes et de certains professeurs. La narration a tout d’abord un caractère nostalgique puisque Maddy, qui est la meilleure amie d’enfance de Legs, se souvient, ayant été chroniqueuse des actions de ce groupe où les individualités se découvrent au fil des événements. La photographie de Pierre Milon, en plans larges, intègre le plus souvent plusieurs membres du groupe et un arrière-plan où il ne semble pas y avoir des erreurs de reconstitution historique.

Le groupe secret de Foxfire se forme, dirigé par Legs, jouée avec force par Raven Adamson, même si certaines utilisations de son symbole sont par trop évidentes dans cette petite ville où tout le monde risque de se connaître. Cantet a réussi à créer dans ce groupe de non-professionnelles une émulation et un esprit d’entraide qui propulse bien l’histoire vers des actions qui deviennent plus incontrôlées ou plutôt mal définies. Seul Legs, ayant connu un ex prêtre devenu communiste, a une idée du contexte du maccartisme et de l’ère Eisenhower dans laquelle se meut son groupe.

La rencontre d’une famille de propriétaires et d’industriels donne l’occasion à Cantet de faire entendre, de la bouche du pater familias, un discours rétrograde mais représentatif du temps.. Le groupe en s’agrandissant retrouve plusieurs des conflits inhérents à cette évolution. Les jeunes femmes sont donc confrontées aussi au racisme et à la vie en communauté très règlementée. Cantet et son coscénariste Robin Campillo naviguent assez bien cette dérive du groupe qui mène à son éclatement vers des lendemains qui déchantent et une fin ultime qui rebondit au loin. Cette chronique de Cantet, tournée dans le nord de l’Ontario, nous aura aussi permis de croiser de jeunes très bonnes interprètes dont l’une, Katie Coseni dans le rôle de Maddy, a gagné le prix de meilleure actrice à San Sebastian en 2012. On doit d’ailleurs se demander pourquoi cette coproduction franco-canadienne nous arrive seize mois après sa sortie en salles en France.

Sortie : vendredi 16 mai 2014
V.o. : anglais
S.-t.f. – Foxfire : Confessions d’un gang de filles

[ DRAME ]
Origine : France – Année : 2012 – Durée : 2 h 23 – Réal. : Laurent Cantet – Int. : Raven Adamson, Katie Coseni, Madeleine Bisson, Claire Mazerolle, Paige Moyles, Rachael Nyhuus – Dist. / Contact :Séville | Horaires / Versions / Classement :  Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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