En salle

Noah

28 mars 2014

En quelques mots

Ceux habitués aux films cérébraux de Darren Aronofsky seront déçus et l’accuseront sans doute de faire des compromis inhabituels avec un certain cinéma grand public, quitte à y laisser sa peau. Toujours est-il qu’à première vue Noah apparaît comme un classique du film biblique à grand déploiement qui se voit avec les yeux grand ouverts et, pour certains, le regard crédule.

Après Black Swan, on s’attendait à une autre œuvre originale marquée de la même sensibilité formelle que ses premiers films. Ici, point de prouesses narratives dans la mise en scène, par ailleurs d’une grand linéarité. Film gigogne dans sa filmographique, Noah tient plus ou moins la route puisqu’il s’agit d’une vision tout à fait personnelle du mythe biblique. Voulant rallier les trois religions monothéistes (christianisme, judaïsme, islam) autour de la question, il emprunte souvent des chemins de traverse ou perd le fil des événements, pourtant bien connus, de cet épisode de l’Ancien testament.

Et pourtant force est de souligner que les multiples confrontations qu’il met en scène demeurent assez intéressantes et matière à réflexion : le conflit entre la puissance divine et la domination de l’homme par l’homme, la foi inébranlable en la puissance de Dieu et la croyance en un monde sans loi dominé par le caractère dualiste des individus. Quelques lourdeurs s’attachent à l’ensemble, comme toutes ces hordes d’animaux prenant refuge dans l’arche et surtout ces Veilleurs en forme de pierre, comme si le réalisateur avait voulu plaire aux amateurs de jeux vidéo.

Cet amalgame entre la réflexion et le grand spectacle navigue dans des eaux troubles. Les costumes semblent sortis d’une époque contemporaine. Film hybride par excellence, Noah n’en demeure pas moins un regard personnel sur un mythe qui se perd dans la nuit des temps et demeure toujours dans la mémoire collective des croyants. Entre un dieu qui décide de punir les êtres humains pour leur corruption et un prophète qui ne fait que suivre son commandement, se trouve un cinéaste qui hésite quel parti pris prendre, soit la foi, ou l’agnosticisme. Pour le reste, les quelques séquences spectaculaires sont magnifiquement élaborées et la performance de Russell Crowe est digne de mention.

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★ ½

Sortie : Vendredi 28 mars 2014
V.o. : Anglais
V.f. / S.-t.f. – Noé

DRAME BIBLIQUE
Origine :
États-Unis – Année : 2014 – Durée : 2 h 18 – Réal. : Darren Aronofsky – Int. : Russell Crowe, Jennifer Connelly, Anthony Hopkins, Emma Watson, Ray Winstone – Dist. / Contact : Paramount | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc Cineplex

Mise aux points

★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul. ½ (Entre-cotes) — LES COTES REFLÈTENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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