En salle

Quelques heures de printemps

9 janvier 2014

En quelques mots
★★
S’il est bien un sujet en France qui suscite controverses, polémiques et excès de diatribes enflammées depuis plusieurs années déjà, c’est bien celui du suicide assisté, ou, pour parler plus crument, de l’euthanasie. Stéphane Brizé, et sa coscénariste Florence Vignon, déjà coauteurs pour Mademoiselle Chambon, abordent ce thème plus que délicat avec la rigueur de documentaristes affichant ouvertement leur neutralité. Le résultat louvoie entre mélodrame lacrymal aux effets trop appuyés et œuvre sensible empreinte de compassion et d’humanisme.

Entre ces deux extrêmes, Brizé continue d’explorer la solitude et l’incommunicabilité, comme il l’avait déjà fait avec Je ne suis pas là pour être aimé (2004) ou Le Bleu des villes (1999). Ici, il nous fait partager le quotidien d’Alain, ex-camionneur et ex-taulard qui, en attendant des jours meilleurs, s’installe chez sa mère, une vieille femme atteinte d’un cancer du cerveau. Tous deux sont marqués par des vies sans joie, dans lesquelles les silences et les non-dits ont façonnés les relations. Même la décision de la mère d’aller mettre fin à ses jours dans une clinique suisse n’est découverte par son fils que grâce à un concours de circonstance orchestré, à défaut d’être exprimé. Le temps de longs plans fixes aux cadrages minutieusement choisis, Brizé fige le mutisme dans les postures de corps pétrifiés de ses personnages ou dans des regards distants que l’étroitesse des lieux ne saurait faire converger. Lorsqu’un trop plein d’émotion surgit, c’est par le hurlement qu’il s’exprime, à l’instar de deux altercations entre Alain et sa mère, explicatives de l’enfermement dans lequel est retombé Alain.

Scènes presqu’insupportables qui appelleront néanmoins une rédemption inespérée et un apaisement dans la mort décidée. Hélène Vincent est éblouissante de vérité et tient le film sur ses épaules tandis que Vincent Lindon évolue comme à son habitude sur une partition très sobre. Sorti il y a plus d’un an en France où il a obtenu un honorable succès en salles, Quelques jours de printemps tirera les larmes aux plus endurcis des spectateurs et ne laissera, à n’en pas douter, personne indifférent. > Charles-Henri Ramond

Sortie : Vendredi 10 janvier 2014
V.o. : Français

DRAME | Origine : France – Année : 2012 – Durée : 1 h 48  – Réal. : Stéphane Brizé – Int. : Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner, Olivier Perrier, Silvia Kahn, Ludovic Bertillot – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions / Classement : Beaubien

MISE AUX POINTS
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