En salle

Une famille respectable

11 juillet 2013

Résumé
De retour à Shiraz où vit sa mère, Arash, un universitaire iranien qui vit en Occident, est entraîné malgré lui dans un imbroglio familial où drames personnels et financiers embrouillent les pistes alors que le pays survit à l’aide de strictes codes sociaux. Arash doit faire un choix, rester ou repartir.

En quelques mots
★★★
Une famille respectable
met en scène le rejet inconditionnel de l’étranger, aussi fascinant soit-il. Mais cette attitude ambiguë vis-à-vis de l’altérité ne trouve-t-elle pas son origine au cœur même des frontières iraniennes ? L’hétéronomie fondamentale de l’organisation politique et sociale iranienne ne mène-t-elle pas à un processus d’aliénation nationale ? Pour comprendre cette dimension profondément ancrée dans l’histoire et la sociologie iranienne, une question posée à Arash par ceux qui estiment détenir la légitimité de la loi retient notre attention : « Pourquoi, vous qui habitez en Europe, croyez-vous que ce pays [l’Iran] n’a pas de lois ? ». Européen d’adoption, Arash se comporte avec ces hommes comme s’il vivait encore en Europe : il fait appel au bon sens juridique et invoque la constance du droit, entendu comme autonome. Un droit qui, parce qu’il est construit par les hommes et pour les hommes, ne dépend que de lui-même et non de l’interprétation par quelques-uns d’une Loi divine préexistante. Pour Arash, et c’est précisément cette incompréhension complète de l’ordre iranien que ces hommes lui reprochent, un droit dépendant d’un quelconque pouvoir – séculier ou religieux – ne relève pas du droit. Vice-versa, les tenants de l’ordre juridique iranien rappellent que leur droit est bien fondé sur des lois, des lois révélées et non construites constitutionnellement. Ces lois sont dépendantes d’un ordre supérieur qui leur dicte constamment leur contenu.

Outre les références directes à l’omniprésence du religieux dans le quotidien (voile islamique, martyrologie, portraits de Khomeyni), Une famille respectable représente l’assimilation du discours religieux par ceux-là mêmes qui souhaitent la dénoncer, à commencer par le réalisateur. Si Massoud Bakhshi démonte clairement l’apparente respectabilité d’une famille parfaitement soumise à l’ordre établi iranien, il le fait au travers d’une structure narrative qui emprunte largement à la cosmogonie religieuse. Lors de la présentation de son film à Cannes, le réalisateur avait déclaré qu’Une famille respectable est un hommage rendu à toutes les femmes iraniennes, celles-ci représentant « le bien dans l’éternel combat du bien contre le mal ». Autant de manichéisme surprend. Précisément, dans le film, la famille est présentée comme l’espace de cette génération du mal par le mâle. D’où l’idée d’une malédiction familiale quasi biblique que vient rompre Arash. Enfin, concernant Jaffar, le demi-frère corrompu d’Arash, Bakhshi explique son immoralité par son incrédulité : « Il n’a pas de foi, c’est pour ça qu’il ne croit en rien ». >> Aliénor Ballangé

Sortie : Vendredi 12 juillet 2013
V.o. : Farsi
S.-t.f. – Une famille respectable
Titre original
Yek Kanévadéh-e Mohtaram

DRAME | Origine : Iran / France – Année : 2012 – Durée : 1 h 30  – Réal. : Massoud Bakhshi Int. : Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian, Mehran Ahmadi, Ahu Kheradmand, Parivash Nazarieh – Dist. / Contact : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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