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FFM 2012| Coup de cœur

29 août 2012

Le monde nous appartient
(The World Belongs to Us)

DRAME | Origine : Belgique / France – Année : 2012 – Durée : 1 h 28  – Réal. : Stephan Streker –  Scén. : Stephan Streker – Int.: Vincent Rottiers, Ymanol Perset, Olivier Gourmet, Reda Kateb, Dinara Drukarova, Sam Louwyck – Prod. : Michael Goldberg, Boris Van Gils / MG Productions (Belgique)

Résumé
Une nuit, sur un pont… un coup de couteau. Il y a Pouga. Et il y a Julien. Destins parallèles de deux jeunes hommes qui se ressemblent sans se connaître.

En quelques mots
★★★ 1/2
Dans toutes manifestations cinématographiques, il arrive que certains film inattendus émergent au beau milieu de la multitude d’autres titres programmés. C’est le cas du deuxième long métrage de Stephan Streker, ancien critique de cinéma et journaliste sportif. Après Michael Blanco (2004), le jeune cinéaste propose Le monde nous appartient, titre on ne peut plus évocateur qui s’affiche comme une véritable révélation. Car tout émane à partir d’une belle proposition, d’une idée de départ qui renoue avec la mission première du cinéma : raconter une histoire tout en demeurant original et intègre.

Mais il s’agit aussi d’une aventure, la rencontre entre un cinéaste et ses comédiens, entre la caméra et le corps physique, entre un récit vachement cinématographique et une mise en scène souple, solide, fébrile et magnifiquement inspirée. En un peu moins de 90 minutes, le film nous plonge dans un univers fictionnel qui, tout en conservant son independance d’esprit et sa propre personnalité, rappelle avec nostalgie la poésie écorchée de Leos Carax et par moments le minimalisme mystique des frères Dardenne. Sur ce dernier point, ce n’est donc pas par hasard qu’on retrouve Olivier Goumet, comme d’habitude, impeccable. Mais Le monde nous appartient est surtout un rendez-vous intime avec des acteurs : Vincent Rottiers, dont l’avenir prometteur vient de passer avec ce film au stade de vedette confirmée, et Ymanol Perset, digne représentant d’une nouvelle génération de comédiens qui redonnent au cinéma hexagonal, incluant, dans ce cas, le cinéma belge, sa véritable portée. Enfin, la grande rencontre du film, c’est aussi celle avec le compositeur Ozark Henry, dont les sonorités fluides et envoûtantes procurent à l’œuvre sa texture lumineuse.

Intentionnellement, nous ne parlerons pas du récit, préférant nous concentrer sur la mise en scène. Ici, elle procure au plan ses plus nobles intentions ; en tant qu’ancien critique, Streker se souvient très bien des règles qui régissent tout acte cinématographique qui se respecte. Entre sa vision du cinéma et les sujets filmés, une intense intimité, une complicité qui se traduit par une ligne narrative linéaire se permettant de petits moments de magie, comme dans la séquence du début qui se précise à la toute fin, brillant moment de mise en scène où le tragique se mêle à la corporalité des comédiens de façon tout à fait magistrale. Car Le monde nous appartient est aussi un film sensuel, charnel et qui, sans s’en rendre vraiment compte, ou peut-être bien par instinct, confirme avec rigueur la trajectoire contemporaine du cinéma d’auteur : le rapport au corps. Dans le cas de Stephan Streker, ce cheminement est brillamment assumé. >> Élie Castiel

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.


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