6 octobre 2016
Déjà, avec Rang De Basanti (Colour it Saffron, 2006), Rakeysh Omprakash Mehra mettait en relief un univers poétique où le réalisme transcendait avec forte habileté le quotidien. Dix ans plus tard, il choisit comme toile de fond deux espaces cinématographiques à l’opposé l’un de l’autre où le pouvoir de l’amour s’oppose aux multiples obstacles qui se présente à lui.
L’univers antique et mythique s’entrecroise avec l’époque contemporaine, mais pas toujours adroitement. Les deux histoires se ressemblent, et pourtant l’anachronisme de l’une se heurte à la logique de l’autre. Les principaux héros, admirablement bien campés par deux nouveaux venus dans l’industrie bollywoodienne, se heurtent au néfaste dilemme de caste (est-il possible que ça existe encore en Inde ?) qui les démunie de tout espoir de bonheur.
Harshvardhan Kapoor (première apparition à l’écran) et Saiyami Kher (deuxième long métrage après le succès commercial de Rey (2015), de Y.V.S. Chowdary, passent d’un registre à l’autre avec une aisance consommée, s’adaptant aux deux mises en scène, selon l’époque.
Mais c’est sur le plan de la narration que les deux récits ratent la cible, notamment en raison de leurs contresens évidents. Les deux histoires sont racontées par le biais d’une multitude de chants, intercalés de danses assez bien chorégraphiés ; approche poétique qui permet à Mehra d’essayer de se rapprocher le plus près possible du grand Sanjay Leela Bhansali. Peine perdue qu’à moitié car les univers qu’il crée ne sont pas dépourvus de grandeur poétique, de charme magnétique et de visuels somptueux, qualités apparentes et irrésistibles où le rythme sensoriel et celui de la terre s’unissent harmonieusement.
On soulignera la présence (courte) du légendaire Om Puri, dans un rôle de transmetteur de la mémoire, du souvenir et de l’éthique, sorte de guide spirituel, alter ego sans doute du réalisateur. À Bollywood, c’est le plus souvent une question d’amour, mais aussi de morale et de comportement de vie, autant personnel que social.
Genre : DRAME ROMANTIQUE – Origine : Inde – Année : 2016 – Durée : 2 h 10 – Réal. : Rakeysh Omprakash Mehra – Int. : Hashvardhan Kapoor, Saiyami Kher, Art Malik, Anuj Choudhry, Om Puri, K.K. Raina – Dist. / Contact : Imtiaz Mastan.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
En reprenant le titre du chef d’œuvre historico-raciste de D.W. Griffith, le réalisateur Nate Parker plaçait la barre haute pour évoquer la figure de Nat Turner, chef d’une révolte sanglante d’esclaves noirs américains en Virginie, en 1831. Le romancier William Styron (Sophie’s Choice) avait gagné un prix Pulitzer pour son roman The Confessions of Nat Turner où il élabore sur les aveux apocryphes, semble-t-il, du dit meneur. La réaction à la sortie du livre se divisa sur l’appropriation possible ou non d’une figure historique par un écrivain ou artiste qui n’a pas avec cette personnalité d’importantes affinités évidentes.
Le scénario de Nate Parker et de son ami Jean Célestin décrit tout d’abord comment Nathaniel, à qui on a donné le nom de famille de son propriétaire Mr Turner, a eu une enfance choyée considérant son statut de fils d’une esclave, servante dans la maison des maîtres. Diverses références à la culture noire ancestrale assoient d’une autre manière l’importance de l’enfant dans son milieu. Éduqué par la famille de son maître, il devient ministre du culte itinérant dans les plantations de la région. C’est par ce biais que l’horreur grandissante des exactions est montrée en divers lieux où le sadisme de certains propriétaires est conforté par leur bon droit. Devant ces faits, Nat se transforme finalement alors en preacher, trouvant d’autres versets de la Bible où l’exil à Babylone ou en Égypte et la symbolique du Jourdain prennent un autre sens que reprennent depuis les gospels.
La figure de Nat, interprété par le réalisateur-acteur, devient de plus en plus christique mais aussi chamanique. Les joies de l’amour et du mariage sont dépeintes dans des scènes aux lumières différentes de celles crues de la banalité de l’horreur.
La reconstitution historique est à première vue exacte considérant le soin accordé aux décors, aux costumes et aux coutumes. Toutefois la séquence de l’attaque du fort est une pure invention des scénaristes et permet de montrer des scènes à la Glory bien brèves en rapport avec la rage des esclaves révoltés semant la terreur pendant quarante-huit heures. À côté de Nate Parker dans le rôle de Turner, peu d’acteurs ont des rôles importants si ce n’est Armie Hammer dans le rôle de Samuel, l’ami d’enfance et propriétaire alcoolique de Nat. Penelope Ann Miller et Jackie Earle Haley en quelques scènes, illustrent les deux versants opposés de l’attitude des Blancs sudistes face à cet état de droit inique. Les références à la Braveheart, alternant avec des épisodes plus oniriques, desservent finalement le sujet annoncé par le titre et rendu encore plus important par son lien avec l’actualité.
Genre : DRAME HISTORIQUE – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 2 h – Réal. : Nate Parker – Int. : Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Jr., Aunjanue Ellis, Dwight Henry, Penelope Ann Miller – Dist. / Contact : Fox Searchlight.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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