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Le fils de Jean

22 décembre 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un véritable choc frappe Mathieu lorsqu’un certain Pierre lui annonce au téléphone la mort de Jean, son père dont il ignorait tout. Du même coup, il apprend qu’il a deux frères qui vivent à 6000 kilomètres de chez lui. Poussé par l’envie de les rencontrer, Mathieu part aussitôt pour Montréal.

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CRITIQUE
★★★★
Texte : Denis Desjardins

PÈRE INCONNU

Les personnages de Philippe Lioret sont souvent égarés dans un espace inconnu. Dans Tombés du ciel, en 1994, des voyageurs errent dans un aéroport, victimes d’un imbroglio juridique (idée reprise plus tard par Steven Spielberg dans The Terminal). Dans Je vais bien, ne t’en fais pas, une jeune fille cherche à travers la France son frère disparu. Dans Welcome, un clandestin tente de gagner l’Angleterre à la nage. Enfin, dans Le fils de Jean, c’est la mort du père qui provoque le départ de Mathieu vers le Québec.

Un père dont il ne connaissait pourtant pas l’existence. Sujet récurrent au cinéma, certes; mais pour son huitième long métrage, Lioret atteint le maximum de son art en accentuant le réalisme et en évitant toute entourloupette scénaristique. Les événements sont vécus par des personnages dont l’humanité ne nous semble pas préfabriquée. On remarquera d’ailleurs que dans ce qu’on pourrait appeler l’histoire de l’image du Québécois dans le cinéma français (une histoire qui reste à écrire), jamais on n’avait vu une telle vérité non seulement dans la représentation des gens d’ici, mais aussi dans leurs rapports avec un Français.

Un film où se côtoient sensibilité, intelligence et
authenticité. Un trio de plus en plus rare au cinéma.

Exit les clichés paternalistes et le pittoresque risible. Il faut dire que le film bénéficie du jeu de Gabriel Arcand dont le rapport avec le personnage joué par Pierre Deladonchamps se transforme si subtilement que le spectateur ne sent nulle brisure au fil du récit. D’ailleurs tout le film est marqué par le refus des coups de théâtre et autres facilités; ainsi Lioret a fait appel une nouvelle fois au compositeur et pianiste danois Flemming Nordkrog, mais sa musique est très discrète et seul Chopin vient deux ou trois fois lui prêter main forte.

Bref, un film où se côtoient sensibilité, intelligence et authenticité. Un trio de plus en plus rare au cinéma.

Sortie :  vendredi 23 décembre 2016
V.o. :  français

Genre :  DRAME – Origine :  France / Canada [Québec] –  Année :  2016 – Durée :  1 h 38  – Réal. :  Philippe Lioret – Int. : Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan, Marie-Thérèse Fortin, Pierre-Yves Cardinal, Patrick Hivon – Dist./Contact :  Séville.
Horaires : @  Cinéma Beaubien Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Le voyage de Fanny

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1943, les forces allemandes avancent rapidement en France et contraignent des familles juives à mettre à l’abri leurs enfants. Mais, lorsque des troupes nazies arrivent dans le département de la Creuse, c’est la fuite précipitée à la suite de dénonciations. Fanny, douze ans, se retrouve bien malgré elle à la tête d’un groupe de huit jeunes qui entreprennent de rejoindre la frontière suisse.

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★★  ½
Texte : Charles-Henri Ramond

Reprenant à son compte la tragédie de milliers d’enfants juifs abandonnés par leur famille pour les sauver de la déportation, Le voyage de Fanny est un charmant récit de bravoure dont la délicatesse tient en grande partie sur sa distribution, chevronnée ou non. Inspirée par la candeur de ses visages innocents, la cinéaste construit un film tout en légèreté qui capte l’insouciance de l’âge tendre tout en gardant intacts ses démons intérieurs. Doillon propose des dialogues ingénus, de jolies trouvailles scénaristiques et s’aventure même dans une épopée lyrique frôlant les limites de la réalité. Diablement efficace, sa mise en scène repose toutefois sur des effets de style appuyés, comme cette insistante et dramatisante trame sonore. Mais indéniablement, ce parcours initiatique parvient à atteindre sa cible en dépit de bien des maladresses.

Charmant récit de bravoure dont la délicatesse
tient en grande partie sur sa distribution.

Classique dans sa forme, didactique et positif dans son ton, Le voyage de Fanny est donc une œuvre utile pour les plus jeunes spectateurs. Cependant, si les programmateurs des chaînes de télévision y voient une occasion idéale de rappeler l’Histoire sans trop effrayer l’auditoire, ce parti-pris narratif risque de laisser un goût d’inachevé aux publics plus au fait de ce qu’était la France occupée. Ils trouveront dans ce récit une matière très édulcorée et se diront peut-être que tout n’a pas été aussi rose durant cette terrible période. Néanmoins, ce troisième film de la fille de Jacques Doillon propose une inspirante épopée à regarder en famille, ne serait-ce qu’en guise de passeur de mémoire.

Sortie :  vendredi 23 décembre 2016
V.o. :  français

Genre : DRAME – Origine : France  – Année :  2015 – Durée :  1 h 35  – Réal. :  Lou Doillon – Int. : Léonie Souchaud, Fantine Harduin, Juliane Lepoureau, Ryan Brodie, Anaïs Meiringer, Lou Lambrecht – Dist./Contact :  Axia.
Horaires :  @   Cinéma Beaubien

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Lion

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1986, âgé de cinq ans, Saroo échappe à la surveillance de son frère Guddu et monte dans un train qui l’emmène à 1 600 kilomètres de sa petite communauté perdue. Il se retrouve à Calcutta où il est placé dans un orphelinat. Une famille australienne l’adopte et il grandit entouré de tendresse en Tasmanie. Vingt-cinq ans plus tard, grâce à un logiciel performant, il part à la recherche de son village natal.

Lion

CRITIQUE
★★★
Texte : Élie Castiel

PARENTS PERDUS, FAMILLE RETROUVÉE

Réalisateur, entre autres, du court métrage Alice (2003), de trois épisodes de la télésérie Love My Way (2006) et de quatre de Top of the Lake (2013), qui comptait Jane Campion comme coréalisatrice, l’Australien Garth Davis signe un premier long métrage tiré de l’ouvrage autobiographique de Saroo Brierley, un récit sur l’enfance transformée par les circonstances.

L’originalité du film réside justement dans l’approche volontairement mélodramatique, totalement assumée, du réalisateur, ne tenant pas compte des points de vue plutôt réservés à ce sujet. Le cinéma est ici au service du spectateur conquis par une histoire vraie, enjolivée, prenant des accents dramatiques, parfois excessifs, mais toujours aussi convaincants.

C’est souvent larmoyant, poussif, mais c’est aussi de cela que le cinéma se nourrit souvent. Musique aidant (sans doute un peu trop), on se laisse bercer par les sentiments et par cette fable morale, à message, qui, par les temps qui courent, ressemble plus à un bain de fraîcheur que toute autre chose. Dev Patel, plus de quinze films à son actif, et surtout connu pour Slumdog Millionnaire, le beau film de Danny Boyle, s’avère un acteur de talent au registre varié, toujours aussi charismatique que déterminé.

Garth Davis propose un drame humain grand
public qui, tout en respectant les règles du
genre, surprend dignement par sa pertinence.

Mais la vraie découverte dans Lion, c’est le jeune Sunny Pawar, une révélation, une puissance naturelle, une photogénie cinématographique qui non seulement émeut, mais s’avère judicieusement mobile, rendant le spectateur aussi vulnérable qu’emporté par tant de courant.

La première partie, dans une Inde engloutie par la marée humaine, est la plus intéressante, rappellant d’une certaine façon Pixote (Pixote: A Lei do Mais Fraco), du regretté Héctor Babenco. Le récit fonctionne à merveille et on ne peut également éviter de songer, ne serait-ce que quelques secondes, au Satyajit Ray de la trillogie d’Apu. Si la deuxième partie semble plutôt longue, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de reconstituer les moments d’un récit écrit.

De nos jours, l’émotion pour l’émotion au cinéma peut paraître une notion dépassée, désuète, qui ne convient pas à l’air du temps, un période où le cynisme l’emporte sur tout. Conscient de cela, Garth Davis ignore cette attitude largement répandue et propose plutôt un drame humain grand public qui, tout en respectant les règles du genre, surprend dignement par sa pertinence.

Pré-sortie :  mercredi 21 décembre 2016
V.o. :  français  / version française
Lion

Genre : DRAME – Origine :  Australie / Grande-Bretagne / États-Unis  – Année :  2016 – Durée :  1 h 59  – Réal. :  Garth Davis – Int. : Sunny Pawar, Dev Patel, Abishek Bharate, Nicole Kidman, Rooney Mara, David Wenham – Dist./Contact :  Séville.
Horaires :  @   Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen.  ★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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