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La mécanique de l’ombre

16 mars 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au chômage, Duval accepte un travail consistant à faire, entre autres, des entrevues d’embauche. Mais un jour, il reçoit une proposition d’un certain Clément, individu mystérieux.

EN QUELQUES MOTS
★★★
Texte : Élie Castiel

Après un court, Rétention (2013), Thomas Kruithof signe un premier long métrage articulé, intelligent, rempli de références cinéphiliques, dont un hommage au grand Jean-Pierre Melville auquel l’intrigue fait allusion.

Avec La mécanique de l’ombre, Kruithof confirme
l’originalité d’un nouveau cinéma français
qui impose de plus en plus son image de marque.

La mécanique de l'ombre

Un imbroglio difficile à suivre, mais qui donne l’occasion à François Cluzet l’opportunité de briller dans un rôle ambitieux où il change sa perception des choses d’une partie à l’autre. La caméra d’Alex Lamarque brille par son efficacité et son intrusion dans des lieux et univers parallèles aussi kafkaïens que dérangeants. Nous suivons la réalisation clinique de Kruithof avec enthousiasme, témoins de ce nouveau regard posé sur le cinéma français.

Le personnage principal nous indique en fin de compte que dans notre quotidien, malgré les apparences, nous sommes tous en liberté provisoire, un des thèmes d’un premier film accompli avec une détermination exceptionnelle. Avec La mécanique de l’ombre, Kruithof confirme l’originalité d’un nouveau cinéma français qui impose de plus en plus son image de marque.

Sortie :  vendredi 17 mars 2017
V.o. :  français

Genre :  SUSPENSE D’ESPIONNAGE  – Origine : France / Belgique –  Année :  2016 – Durée :  1 h 31  – Réal. :  Thomas Kruithof – Int. :  François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Alaba Rohrwacher, Simon Abkarian, Bruno Georis  – Dist./Contact :  TVA.
Horaires : @  Cinéma BeaubienCineplex

CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

L’Outsider

RÉSUMÉ SUCCINCT
Jérôme Kerviel, jeune Breton de 31 ans, provoque un scandale financier dans la France de 2008. Véritable outsider, le film retrace les aventures de cet anti-Robin des Bois moderne.

EN QUELQUES MOTS
★★★
Texte : Élie Castiel

Les films adaptés à partir d’histoires vraies sont de plus en plus monnaie courante dans le cinéma de l’Hexagone, brisant en quelque sorte le thème tant exploité du sentiment amoureux. Christophe Barratier, auteur des Choristes (2004), plus à l’aise dans ce registre, signe ici un genre qui le dépasse, calquant certains des films hollywoodiens sur le même thème, mais plus efficaces.

L'Outsider

Si certains événements sont prévisibles, même si on n’a pas suivi les « vrais événements », force est de souligner que les comédiens semblent s’apprivoiser au scénario, révélant dans leur jeu une conviction palpable. Remarqué dans Les amours d’Astrée et de Céladon (2007), un beau Éric Rohmer, et dans le beau film bisexuel Chacun sa nuit (2006), de Pascal Arnold et Jean-Marc Barr, Arthur Dupont compose un personnage solitaire avec une subtilité cachant une perversité désespérée qui lui convient. Le reste, un film qui pourrait mieux marcher dans le circuit DVD ou VOD.

Sortie :  vendredi  17 mars 2017
V.o. :  français / s.-t.f.
Team Spirit / The Outsider

Genre :  THRILLER BIOGRAPHIQUE  – Origine : France –  Année :  2016 – Durée :  1 h 57  – Réal. :  Christophe Barratier – Int. : Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani, Mhamed Arezki, Ambroise Michel, Thomas Coumans – Dist./Contact :  Eye Steel Inc.
Horaires : @  Cinéma Beaubien Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

The Settlers

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1967, Israël sort vainqueur, mais des milliers de ses citoyens Arabes sont installés dans les territoires occupés de Cisjordanie. Aujourd’hui, comment voit-on les choses des deux côtés de ce territoire ?

LE FILM DE LA SEMAINE
★★★★ ½
Texte : Élie Castiel

TERRITOIRES ABSORBÉS ET
TENTATIVES DE PAIX AVORTÉES

Des dix films réalisés par l’Israélien Shimon Dotan, né en Roumanie, Le sourire de l’agneau / The Smile of the Lamb / Hiuch haGdi (1985) nous a laissé un très bon souvenir, confirmant avec courage et détermination la nouvelle sensibilité d’un cinéma israélien multiple, dynamique malgré les éternels conflits militaires secouant le pays.

Le milieu cinématographique israélien, dans la majorité des cas, comme partout ailleurs, porte un regard critique sur sa politique interne ; nous en avons la preuve avec des cinéastes comme Amos Gitaï (icône à l’extérieur d’Israël), mais d’autres noms comme Nurith Aviv, dont il faut parfois déchiffrer avec délectation cinématographique le langage sybillin des plans, d’où sa formation initiale dans la direction photo et son regard de femme.

Les colons_En salle 1

Ajoutons, cependant, que ces mêmes réalisateurs, brebis galeuses dans leur pays sont parfois la cible des organismes pro-palestiniens d’extrême gauche (« ce n’est que de la politique pour nous aveugler »). Comme on dit bien dans la langue de Shakespear Damned if you do, damned if you don’t.

Les critiques  français ont ceci de particulier qu’en principe, ils ne donnent pas de détails sur les films (voir « résumé succinct »), s’en tenant essentiellement à la mise en scène ou à d’autres éléments filmiques. Il est clair que Shimon Dotan aime son nouveau pays (depuis 1959) et désire une paix équitable à deux états. Avec The Settlers, il confronte justement ces « colons » qui justifient leur présence dans les territoires occupés pour des raisons uniquement théologiques, mieux dit « bibliques ».

Soulignons aussi que la même idéologie domine, en partie, chez les Palestiniens. Est-ce un conflit de territoire, de religions cousines qui partagent certains rites mais se disputent une terre ancestrale ? Un an avant la proclamation de l’État d’Israël (1948), il y a eu la possibilité de diviser cet espace géographique, alors dominé par les Britanniques, en deux. Nous laissons Shimon Dotan répondre à cette question.

D’une certaine façon, Dotan se fait inconsciemment
le porte-parole des Palestiniens par le fait-même de
sa proposition. Beaucoup moins agressif que Gitaï,
il opte pour une certaine pacification, mais ne rejette
pas du tout un État israélien à l’intérieur de ses  propres
territoires (avant 1967, c’est la question qu’on se pose).

La mise en scène directe, limpide, montre un espace géographique où le soleil resplondit, s’opposant à une situation géo-politique gravissime qui secoue la planète. Car c’est là que se trouvent les origines des trois cultes monothéistes : Judaïsme, Islam, Chrétienté. Le cinéaste le sait très bien, mais se fait parfois prudent. Sauf dans un plan furtif, sans doute une erreur du directeur photo Philippe Bellaiche, on le verra de profil (pour ce qui le connaissent). Le reste, des questions courtes, directes, sans ambages, posées aux deux groupes qui s’entredéchirent, chacun donnant sa version des faits.

D’une certaine façon, Dotan se fait inconsciemment le porte-parole des Palestiniens par le fait-même de sa proposition. Beaucoup moins agressif que Gitaï, il opte pour une certaine pacification, mais ne rejette pas du tout un État israélien à l’intérieur de ses propres territoires (avant 1967, c’est la question qu’on se pose). Ce qui est clair, c’est bel et bien que les territoires occupés sont issus d’un mouvement apartheid évident. Il ne faut pas avoir peur de dire le mot. Une Afrique du Sud d’antan au Moyen-Orient. Et si les différents gouvernements israéliens avaient été dirigés par des Juifs issus de pays arabes, principalement du Maghreb, les choses seraient-elle différentes? Nous avons également posé la question à Shimon Dotan.

Les colons_En salle 2

En presque deux heures, nous sommes les témoins d’un sempiternel conflit qui, par la force des choses, a créé des supporters des deux côtés, mais a aussi, en quelque sorte, généré une nouvelle forme d’antisémitisme, virtuelle, sans nom, inexplicable.

Quoi qu’il en soit, lorsque des oppositions territoriales s’arment, en partie, de notions issues de la religion, la paix ne peut sembler que de plus en plus éloignée. Avec The Settlers, Shimon Dotan signe un document percutant sur une situation insoutenable, quelles que soient nos idéologies et notre formation politique.

À quand le jour où un cinéaste palestinien comme, par exemple, Elia Suleiman, véritable poète des plans et de la narration fugitive, ouvre la possibilité de réconciliation par les images en mouvement ?  Pour cela, il faudra sans doute attendre que « Bibi » foute le camp.

[ Entrevue avec Shimon Dotan ici. ]

Sortie :  vendredi  17 mars 2017
V.o. :  anglais, arabe, hébreu / s.-t.a. ; s.-t.f.
Les colons / Ha’mitnakhim

Genre :  DOCUMENTAIRE  – Origine : Canada / France / Israël –  Année :  2016 – Durée :  1 h 46  – Réal. :  Shimon Dotan – Dist./Contact :  Filmoption.
Horaires : @  Cinémathèque québécoiseCineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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