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The Second Time Around

23 mars 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Katherine est veuve, et femme autonome. Elle ne croyait plus au sentiment amoureux. Lorsqu’elle se retrouve dans une résidence pour personnes âgées suite à une fracture à la hanche, elle fait la rencontre d’Isaac Shapiro, qui partage avec elle le goût de la musique classique.

EN QUELQUES MOTS
★★ ½
Texte : Élie Castiel

Trente ans après  Dancing in the Dark / Danse à contre-jour (1986), un premier long métrage courageusement achevé, le Canadien Leon Marr laisse de côté le sens de la précision pour nous proposer une film, certes amusant et émouvant, mais qui sent les assises du produit télévisuel. Sans doute dû à une carrière dans le milieu de la télésérie.

The Second Time Around

L’âge, ses difficultés, ses oublis, sa mélancolie d’un temps meilleur, les anciennes amours. Bref, comme dans The Sense of an Ending (voir critique dans cette même livraison hebodmadaire), le sujet de l’âge qui avance sans crier gare revient dans un film beaucoup plus optimiste, mais non sans le moins emprunt de finitude.

Soulignons que Linda Thorson et Stuart Margolin composent
un duo amoureux vraisemblable, brisant une fois pour toutes
les barrières sociales et raciales. L’amour a bien ses raisons.

Les nombreuses références à l’opéra (Maria Callas, Agnès Baltsa, Ileana Cotrubas) et aux airs yiddish ne sont-elles pas en fin de compte des témoignages d’une autre époque, fiers complices d’un passé, pour certains, plus glorieux. Ces éléments narratifs rejoignent une histoire d’amour, sans doute, la dernière, entre deux personnages créateurs, l’un qui  crée des complets pour hommes sur mesure (dénonçant ainsi l’industrie factice du prêt-à-porter) et l’autre, chanteuses d’opéra qui n’a jamais tenu ses promesses.

Une comédie romantique pour les baby boomers qui se retrouvent aujourd’hui seuls ou accompagnés de ceux et celles fréquentant ces nombreuses maisons de retraite en forme de faux-hôtels-de plaisance qui pilulent de plus en plus dans les grandes villes. Mais soulignons que Linda Thorson et Stuart Margolin composent un duo amoureux vraisemblable, brisant une fois pour toutes les barrières sociales et raciales. L’amour a bien ses raisons.

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais

Genre :  COMÉDIE SENTIMENTALE – Origine :  Canada  –  Année :  2015 – Durée :  1 h 47  – Réal. :  Leon Marr – Int. : Linda Thorson, Stuart Margolin, Laura de Carteret, Jocelyne Zucco, Martha Gibson, Gena Mack – Dist./Contact :  SVBiz / Sancor Distribution.

Horaires
Cineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

The Sense of an Ending

RÉSUMÉ SUCCINCT
Divorcé depuis quelques années, Tony Webster revoit les dernière quarante années de sa vie, faites de ruptures sentimentales et d’amitiés peu solides.

CRITIQUE
★★★
Texte : Élie Castiel

BILAN DE LA VIE

Suite à quelques courts, l’Indien Ratesh Batra nous avait séduits en 2013 avec le délectable The Lunchbox (Saveurs indiennes), une coproduction entre l’Inde, la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Canada, scellant ainsi la reconnaissance internationale d’un auteur prometteur.

The Sense of an Ending

Dans The Sense of an Ending, c’est la Grande-Bretagne qui produit. Mis à part un petit rôle de facteur attribué à acteur d’origine indienne, Jim Broadbent et Charlotte Rampling dominent la distribution d’un film sur le bilan d’une vie.

Vers la fin de la soixantaine, Tim Webster repense à sa vie, ses amours, son adolescence, ses premières émotions, ce qu’il devra laisser derrière lui. Mais peu importe ce voyage à travers l’intérieur d’un homme en crise existentielle sans vraiment souffrir, qui finalement s’apprivoise à l’autre. Car ici, comme c’est le cas de plusieurs films britanniques, l’interprétation y est pour quelque chose. En fait, issu du théâtre (une des formes de la représentation préféré dans le pays de notre cher W. Shakespeare), l’art du jeu est un terrain en soi qui permet aux comédiens de diffuser autant de thèmes et de prises de conscience qu’une autre cinématographie nationale aurait fait par le truchement des images et/ou des effets spéciaux.

Un second long métrage moins abouti que le
premier, mais tout de même effectivement édifiant.

Sur ce point, Jim Broadbent, définitement l’un des plus brillants acteurs de sa génération illumine l’écran, diffuse une joie de vivre communicative, mais nous, spectateurs, le joignons dans sa souffrance intérieure. Nous réalisons en fin de compte que nous sommes tous, sans acune exception, coupables et innocents. Sur ce point, Charlotte Rampling nous motive autant dans un rôle plus restreint, quoique fortement imprégé d’humanité occulte.

Ce sont les personnages d’une vie. Et ironiquement, on s’aperçoit qu’en termes de relations humaines, les choses n’ont pas vraiment changé entres les années 60, 70… et aujourd’hui. Les voies de l’individu sont impénétrables, mais de temps en temps, elles se laissent pourtant amadouer. Un second long métrage moins abouti que le premier, mais tout de même effectivement édifiant.

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais

Genre :  CHRONIQUE – Origine :  Grande-Bretagne  –  Année :  2016 – Durée :  1 h 48  – Réal. :  Ritesh Batra – Int. : Jim Broadbent, Harriet Wolter, Charlotte Rampling, Billy Howle, Freya Mavor, Joe Alwyn, Michelle Dockery – Dist./Contact :  Entract Films.

Horaires
@  Cineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

Tuktuq

RÉSUMÉ SUCCINCT
Caméraman à la télévision communautaire et grand amateur de chasse, Martin Brodeur est recruté par le parti au pouvoir afin d’aller tourner des images au Nunavik. Séparé temporairement de sa femme, le technicien voit dans ce séjour une occasion de se ressourcer, ainsi que de faire ses preuves professionnellement.

CRITIQUE
★★★ ½  |
Texte : Pierre Pageau

TERRITOIRES EXPLORÉS

Pour la majorité des Québécois, probablement aussi pour Robin Aubert, le peuple Inuit demeure un grand inconnu ; ils ne sont que des images. Avec Tuktuk, le cinéaste questionne ces  images, ces clichés, parce que Tuktuk est aussi un film sur le cinéma, sur le regard. En effet à partir du moment où un sous-ministre donne des instructions à Martin, le personnage principal, sur ce qu’il doit ou ne doit pas filmer des Inuit, le spectateur se questionne systématiquement à son tour sur ces images. 

Qui regarde ? Pourquoi ? Ce faisant, Robin Aubert place le spectateur dans une situation où il doit exercer un esprit critique sur ce qu’on lui montre. Travail pédagogique que tout film devrait faire. Surtout que cet univers particuleir, il y a eu tellement de belles cartes postales ou, au contraire, tellement d’images difficiles à regarder. De telles images, nous les avons vues, par exemple, dans le récent Iqaluit de Benoît Pilon ; mais Robin Aubert va plus loin en les interrogeant.

Tuktuq

Qui regarde ? Pourquoi ? Ce faisant, Robin Aubert
place le spectateur dans une situation où il doit
exercer un esprit critique sur ce qu’on lui montre.

Tuktuk, un titre original et, surtout, énigmatique. On apprend à la cinquantième minute que Tuktuk en langue inuktitut veut dire « caribou ». Ce qui nous donne une scène de dépeçage qui n’est pas sans nous rappeler la vision de Pierre Perrault dans La bête lumineuse. L’aspect abscons du titre correspond bien aux objectifs du cinéaste, comme c’est le cas dans la plupart de ses films : nous surprendre. Cette fois-ci il s’attaque à un geste de génocide posé contre une communauté Inuit.

Robin Aubert, on le sait, est aussi bien grand comédien que grand réalisateur ; ici il fait ce double travail. Il joue le rôle de Martin, caméraman de «show de cuisine» (bien qu’il puisse citer Kurosawa, une petite contradiction ?) que l’on envoie sur la Côte-Nord pour filmer. Il y va parce qu’un sous-ministre, qui sera le «méchant» du film, a besoin de lui ; on reconnaît facilement la voix de Robert Morin, en voix-off. On peut alors se souvenir que Morin, en tant qu’acteur, avait joué le rôle d’un méchant dans Journal d’un coopérant. Sans oublier son intérêt marqué pour nos communautés autochtones qui s’exprime dans 3 histoires d’indiens. Pour ces raisons et sa conception bien unique d’un tournage, Morin est ici un véritable complice dans cette aventure.

Je veux que les Inuit soient libres de nouveauCe sous-ministre veut avoir des images pour prouver que l’on peut déplacer toute la population du village pour permettre ensuite des forages. Ce schéma peut nous rappeler celui de Saints-Martyrs-des-Damnés dans lequel un éditeur envoyait dans un lieu « spécial » un journaliste pour enquêter. Le dialogue entre ce manipulateur et un «innocent» (au point de départ) peut aussi nous rappeler que ce film porte sur la question fondamentale des liens qui peuvent, ou doivent, se tisser entre des individus et entre des peuples. D’ailleurs, à la fin du film, le méchant fonctionnaire de l’État nous semble plus conciliant alors qu’il confronte Martin avec sa nouvelle prise de conscience ; lui aussi a eu des rêves.

Lorsque l’ex de Martin lui fait parvenir un ouvrage : Je veux que les Inuit soient libres de nouveau : Autobiographie (1914-1993), de Taamusi Qumaq, Martin va prendre davantage conscience qu’il n’est plus qu’un jouet aux mains d’un gouvernement qui veut déposséder un peuple de son territoire.  Cela va donner quelques moments un peu prêchi-prêcha bien cohérents, suivis d’une prise de conscience de Martin, mais qui, néanmoins, pèse un peu sur la narration. Cet aspect manifeste du film est cependant cohérent avec la volonté de Martin de laisser à son fils une vision différente du monde et des autres. Il faut apprendre à mieux connaître les autres, surtout s’ils sont différents de nous.  Cette description du film ne dit rien du travail sonore exceptionnel, qui contribue à créer une atmosphère cosmique aux images des paysages du Nord ; le rôle du vent est capital de ce point de vue. Mais aussi les sons naturels, sans oublier la création musicale de René Lussier.

Bientôt Robin Aubert risque de nous surprendre encore davantage avec ce que sera son cinquième long métrage, un film de zombies, Les affamés.

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  français, inuktitut
Sous-titres : français

Tuktuq

Genre :  CHRONIQUE SOCIOPOLITIQUE – Origine :  Canada [Québec]  –  Année :  2016 – Durée :  1 h 33  – Réal. :  Robin Aubert – Int. : Robin Aubert, Robert Morin, Brigitte Poupart – Dist./Contact :  K-Films Amérique.

Horaires
@
  Cinéma Beaubien

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

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