23 mars 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Courant les boutiques pour satisfaires les besoins vestimentaires d’une riche cliente, Maureen rentre chez elle le soir et tente de communiquer avec les esprits, souhaitant entrer en contact avec son frère, récemment disparu.
Film de fantômes ? Est-ce bien le cas de Personal Shopper, le nouveau Olivier Assayas ? À voir de plus près, les origines du cinéaste-auteur y sont pour quelque chose, notamment en ce qu’il a hérité fort probablement de son père, Jacques Rémy (véritable nom : Raymond Assayas), né en 1911 à Constantinople (aujourd’hui Istanbul), de confession juive, et à qui l’on doit, les scénarios, entre autres, de La chatte (Henri Decoin, 1958), Les bijoutiers du clair de lune (Roger Vadim, 1958), Le secret du chevalier d’Éon (Jacqueline Audry, 1959) et Le bois des amants (Claude Autant-Lara, 1960).
Les Juifs sépharades, particulièrement ceux de la péninsule ibérique, autrefois sous la tutelle des Arabes en Espagne, du fait même de leurs croyances, ont hérité d’un terrain où le supertitieux et l’occulte étaient une façon de vivre et de traverser les crises existentielles et les rapports familieux.
Est-ce si évident chez Olivier Assayas ? Sans doute, inconsciemment. C’est ce qui explique l’attachement entre le personnage de Maureen Cartwright (pourquoi avoir choisi une comédienne américaine alors que l’intrigue se passe en France ?), et son frère décédé, qu’elle observe comme un fantôme de l’au-delà. Car dans toute cette histoire de revenants, le psyché travaille plus rapidement que d’habitude, et ce qu’on s’imagine voir n’est que le fruit d’un désir, d’un souhait de transcender la vie, de nier la mort de l’autre et la sienne.
Ces effets spéciaux que nous nous fabriquons ne sont que le résultat de notre culture, notre éducation et avant tout notre rapport au monde et aux images (en mouvement). Il est certain que Assayas l’a compris et c’est de son for intérieur qu’il s’agit dans Personal Shopper. À notre sens, un film philosophique aussi bien que mystique.
Entre un boulot diurne qui consiste à acheter des produits féminins pour une cliente et une vie intime guidée par le spectre d’une disparition, deux univers, deux films en soi, deux approches cinématographiques qui ont pour guide le cinéma et ses multiples fonctions.
Des choix chromatiques qui se joignent par le côté grisâtre des univers mis en perspective. Avouons que Stewart compose son personnage admirablement bien, mettant à contribution l’aspect mondialiste de la culture (film français, interprète américaine). Film glauque, désespéré, ouvertement insolite, Personnal Shopper confirme l’originalité d’un auteur qui n’a pas dit son dernier mot. Sensuel dans son délire, serein dans sa proposition, en connaissance de cause majestueux dans les univers créés ; en fin de compte, un Olivier Assayas à voir avec bienveillance.
Genre : SUSPENSE – Origine : France / Allemagne – Année : 2016 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Olivier Assayas – Int. : Kristen Stewart, Anders Danielsen Lie, Lars Eidinger, Nora von Waldstatten, Ty Olwin, David Bowles – Dist./Contact : Métropole.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
Jason, Kimberly, Billy, Zack et Trini, cinq adolescents atypiques de la ville d’Angel Grove, découvrent des amulettes multicolores, sédimentées dans la roche d’une mine. Ils constatent rapidement que ces artéfacts extraterrestres leur donnent des pouvoirs spéciaux.
Genre : AVENTURES FANTASTIQUES – Origine : États-Unis / Canada – Année : 2017 – Durée : 2 h 05 – Réal. : Dean Israelite – Int. : Dacre Montgomery, RJ Cyler, Naomi Scott, Ludi Lin, Becky G., Elizabeth Banks – Dist./Contact : Séville.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
RÉSUMÉ SUCCINCT
Vingt ans après avoir trahi ses amis en s’enfuyant avec le butin d’une transaction de drogue, Mark Renton revient à Édimbourg. Il retrouve d’abord Spud, toujours toxicomane, qui, désormais séparé de sa femme et de son fils, s’apprête à se suicider par surdose. Après avoir sauvé la vie de Spud in extremis, Mark rend visite à Simon qui, pétri de rancœur, l’accueille à coups de queue de billard. Par perfidie, Simon accepte de refaire équipe avec Mark et lui présente Veronika, une prostituée avec qui il s’est associé pour faire chanter des hommes en vue.
Après le succès critique en 1994 de Shallow Grave (Petits meurtres entre amis), Danny Boyle réalise Trainspotting (1996), succès commercial et critique, qui révèle le cinéaste britannique sur la scène internationale, avec notamment une nomination aux Oscars du meilleur scénario, adapté du roman éponyme d’Irvine Welsh.
Si T2 Trainspotting se veut aussi une adaptation romanesque du même auteur (Porno, 2002), il s’en inspire, sans pour autant y être fidèle; le thème de la pornographie étant abordé en superficialité. Cela dit, on y retrouve tous les protagonistes principaux, alors que les acteurs du film de 1996, reprennent leur rôle, 20 ans plus tard. Un tour de force, dans une industrie basée sur l’égo et la superficialité de l’image ; le vieillissement des acteurs est organique et non pas créé par les artifices du maquillage. Pour le spectateur ayant découvert Transpotting lors de sa sortie en salles à la fin des années 90, le visionnement de la suite amène nécessairement son lot de réflexions personnelles sur le passage du temps, la société contemporaine et les nouvelles « drogues » des consommateurs.
Certains dialogues sont d’ailleurs éloquents ; pensons à l’excellent monologue prodigué par Mark Renton à Veronika, sur le thème « Choose Life ». Le slogan de la campagne antidrogue de la fin des années 80 est ici transposé à nos dépendances contemporaines à la technologie, faisant office de drogues, dans notre société du paraître où « l’interaction humaine ne se résume qu’à des données informatiques ».
À une époque où le cinéma américain multiplie plus que jamais les suites (et préquels) de films à succès afin de vendre du popcorn, le cinéaste britannique a le mérite de proposer une suite intelligente, où les protagonistes évoluent dans une continuité temporelle vraisemblable. En attendant deux décennies avant de proposer T2, des phrases sur le thème de la nostalgie, prennent tous leur sens: « Tu es un touriste visitant ta propre jeunesse » dira Simon « Sick Boy » à Mark, son ami d’enfance. À n’en point douter, la force de Danny Boyle est non seulement de rester fidèle à ses protagonistes et leurs parcours, avec une diégèse ancrée dans un contexte plus contemporain, mais aussi à son esthétique avec une signature assumée, et ce, malgré maints succès aux genres divers (Slumdog Millionaire, 28 Days Later, 127 Hours). Boyle démontre que l’on peut faire carrière à Hollywood, sans tomber dans le pathos du réalisateur qui perd ses repères. L’esthétique du premeir Trainspotting, qui a conduit plusieurs cinéastes de la fin des années 90 à s’en inspirer, citons Cours Lola Cours (1998), est encore présente dans T2, particulièrement dans les scènes associées à la consommation de drogue, lorsque Renton « rechute » ou encore lorsque Simon consomme de la cocaïne.
Quoique légèrement plus sage, à l’image de ses protagonistes (ex-toxicomanes), l’esthétique est dynamique, alliant vitesse du montage, arrêt sur image ou encore cadrages en gros plans décentrés. Notons aussi quelques citations à des classiques du cinéma; Spud campe le Jack La Motta de Raging Bull le temps d’une scène (dans le premier opus, c’était le bébé mort qui interprétait une célèbre scène de The Exorcist). D’ailleurs, ceci démontre le caractère un peu plus sage de T2 ; séquences moins « glauques », car moins de toxicomanie. Une musique pertinente, quoique mois exacerbée. Légèrement moins violent, outre le personnage de Robert Carlyle, toujours aussi colérique (doublé d’un sentiment de vengeance).
Malgré tout, T2 paraît moins original que l’opus de 1996 : ce qui faisait office de coup de poing dans le premier, de par son caractère novateur, surprend moins, sans compter que les protagonistes, désormais quadragénaires, se sont quelque peu assagis. Néanmoins, T2 Transpotting, demeure dans la continuité de l’oeuvre originale, avec les protagonistes, la signature et l’humour qui en ont fait son succès et les nombreux retours en arrière, donnant envie de découvrir (ou de redécouvrir) Trainspotting, le premier.
Genre : COMÉDIE DRAMATIQUE – Origine : Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 1 h 58 – Réal. : Danny Boyle – Int. : Ewan McGregor, Robert Carlyle, Johnny Lee Miller, Ewen Bremner, Angela Nedyalkova, Kelly Macdonald – Dist./Contact : Columbia.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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