1er mars 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
La ballerine étoile Dominika Egorova voit sa carrière prendre fin abruptement après s’être blessée à une jambe lors d’un spectacle. Au sortir d’une longue convalescence, elle se voit proposer par son oncle Ivan de joindre les rangs des services secrets russes. Sa première mission consiste à séduire un agent de la CIA afin de lui faire croire qu’elle veut devenir agent double.
Jennifer Lawrence et Francis Lawrence n’ont aucun lien de parenté, mais ils ont tout de même développé une grande connivence en travaillant ensemble sur les trois derniers films de la série Hunger Games. Il faut qu’elle puisse lui faire totalement confiance pour tourner des scènes où la nudité est une composante importante de l’intrigue, puisque son personnage d’espionne russe, Dominika, l’utilise comme une arme. On sent que le réalisateur s’efforce aussi de recréer l’atmosphère des meilleurs films d’espionnage du temps de la guerre froide entre les États-Unis et l’ancienne URSS, avec ces décors vétustes et ces édifices rappelant l’architecture brutaliste de l’ère stalinienne. Il n’est pas étonnant que le film s’ouvre sur un montage parallèle entre « l’accident » que subit la ballerine Dominika Egorova durant une performance et un rendez-vous d’espions qui tourne mal au Gorky Park (allusion au film homonyme de 1983 ?), fusionnant ainsi les intrigues de The Spy Who Came in from the Cold (1965) et The Kremlin Letter (1970), Joel Edgerton remplaçant Richard Burton dans le premier film et Jennifer Lawrence prenant le relai de Bibi Anderson dans le second.
Le roman de 450 pages de Justin Haythe, un analyste retraité de la CIA, sert bien de canevas de base pour ce film, mais on y retrouve aussi plusieurs similitudes avec les personnages de Natasha Romanoff, alias Black Widow, vue dans sept films de Marvel, et de Nikita dans le film de 1990 de Luc Besson. Dominika est transformée en une séductrice, combattante et espionne redoutable dans une école de l’État russe, comme Natasha (aussi une ballerine au début) dans un institut similaire en URSS ou comme Dottie Underwood, sa prédécesseure dans la série Agent Carter. À l’instar de Nikita, Dominika est sous le joug d’un « oncle » qui l’entraîne dans des missions perverses pour son propre plaisir sadique et pour satisfaire son attirance trouble pour sa « nièce ». Charlotte Rampling tient le rôle d’une matronne cruelle qui rappelle à la fois le rôle identique de Julie Delpy dans Avengers: Age of Ultron et celui de Jeanne Moreau dans Nikita.
Ces comparaisons ne sont pas à l’avantage de Red Sparrow car Dominika n’a ni le dynamisme, ni l’énergie de ces modèles de femmes fortes. Jennifer Lawrence se dévoue pour créer un personnage complexe qui utilise davantage son intelligence que son corps pour survivre dans ce monde de complots, de duperies et de trahisons, mais le scénario cultive les invraisemblances et les contradictions, créant des ellipses là où il ne faudrait pas et de longues scènes surexpliquées dont l’issue est comprise trop tôt avant la scène suivante, rendant la relation entre Dominika et l’agent de la CIA, Nathaniel Nash (Joel Edgerton), plutôt artificielle.
Le punch final sera aussi découvert bien avant sa révélation, ce qui n’invite pas le spectateur averti à s’investir plus qu’il le faut dans ce récit dont l’enjeu paraît bien mince au final. Il n’en demeure pas moins que la réalisation est élégante, quoiqu’un peu lourde, que la couleur rouge est placée de façon très dramatique, tant pour préparer le public à des scènes d’une violence inouïe qu’à baptiser Dominika dans le sang de ses premières victimes. Dans le rôle d’une traître américaine qui vend aux Russes des secrets industriels contenus sur des disquettes (qui utilise encore ces reliques du passé ?), Mary-Louise Parker vole la vedette en participant à la séquence la plus palpitante de tout le film.
Réalisation
Francis Lawrence
Genre
Suspense d’espionnage
Origine : États-Unis – Année : 2018 – Durée : 2 h 20 – Dist. : 20th Century Fox.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 16 ans
(Violence)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. O Nul. ½ [Entre-deux-cotes]
RÉSUMÉ SUCCINCT
Durant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation nazie, Alfred Willer fut l’un des rares survivants du ghetto de Prague. À partir de ses mémoires, sa fille Marina retrace sa vie.
Réalisation
Marina Willer
Genre
Drame
Origine : Grande-Bretagne – Année : 2017 – Durée : 1 h 20 – Dist. : MK2/Mile End.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
RÉSUMÉ SUCCINCT
Pour célébrer sa nomination comme ministre de la santé, Janet et son mari Bill organisent une fête entre amis. Mais la soirée ne se déroule pas comme prévu.
Avec un humour noir intello, presque corrosif, admirablement traduit par des répliques judicieuses et un traitement noir et blanc, The Party plonge rapidement dans une trame narrative à huit clos, rappelant parfois Carnage (2011) de Roman Polanski. Janet organise une soirée pour célébrer sa récente promotion ; le titre du film se réfère non seulement au « party », soit la soirée de célébration qui n’en est pas une, mais aussi au parti politique, puisque Janet vient d’être élue Ministre de la santé. Ironiquement, elle apprendra au cours de ce « party » que son mari est en phase terminale. Ainsi, entre deux appels de félicitations pour Janet, se côtoieront au fil de la soirée : Bill, le mari alcoolique intello mourant, un coach de vie (charismatique Bruno Ganz) en couple avec une féministe (Patricia Clarkson), un couple de lesbiennes Martha et Jinny (enceinte de 3 garçons), puis un coké venu venger sa fierté.
De ces sept personnages, a priori si différents, mais combien similaires, émerge l’action de ce huis clos (au dénouement surprenant). Les nombreuses répliques qui transgressent la ligne de parti (The Party), dévoilent le talent de scénariste de Sally Potter. April, qui se définit comme une « féministe réaliste (jadis idéaliste) » offre des répliques cinglantes : « Elle (Janet) est dans la cuisine, là où elle est le plus nécessaire, malgré ses prouesses politiques », « Tu es une lesbienne de première classe, mais une penseuse de seconde classe », dira-t-elle à Martha, professeure d’université.
Avec ce plus récent opus, la réalisatrice et scénariste récipiendaire du Guild Film Prize au dernier Festival international du film de Berlin, renoue avec son utilisation judicieuse du noir et blanc, explorée dans The Gold Diggers (1983) et The Tango Lesson (1997). Aussi, sa filmographie est empreinte de féminisme et de critique sociale, mentionnons Ginger & Rosa (2012) qui explorait la relation de deux amies inséparables (et flirtait avec le lesbianisme) dans le Londres des années 60 durant la crise des missiles de Cuba, sans oublier le transcendant drame biographique Orlando (1992), librement adapté du roman de Virginia Woolf. D’un dénouement surprenant, en référence au premier plan du film, à une forte caractérisation des personnages et un féminisme assumé, Sally Potter propose ici une comédie à l’humour britannique, traduisant le malaise général vis-à-vis de la politique et l’indifférence qu’elle suscite. Sans conteste, The Party ne laisse guère indifférent.
Réalisation
Sally Potter
Genre
Comédie dramatique
Origine : Grande-Bretagne – Année : 2017 – Durée : 1 h 10 – Dist. : Entract Films.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. O Nul. ½ [Entre-deux-cotes]
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