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Spider-Man: Into the Spider-Verse

21 décembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Miles Morales, un adolescent de Brooklyn constate les possibilités illimitées du Spider-Verse, où plus d’une personne peuvent porter le masque.

CRITIQUE
|
Yves Gendron |

★★★

SUPERHÉROS KALÉIDOSCOPIQUES

Spider-Man: Into the Spider-Verse est le premier long métrage d’animation cinéma centré sur un des grands superhéros Marvel. Avec trois metteurs en scène, une équipe de 160 animateurs et un budget de 90 millions, la facture de ce film n’a rien à voir avec les séries animées bancales du samedi matin dans lequel Spider Man est apparu jusqu’à maintenant.

Les scènes d’action sont bien sûr flamboyantes et les décors aussi grandioses que détaillés. En revanche, les personnages bougent avec un certain tempo saccadé qui agace un peu initialement, mais qu’on finit par ne plus remarquer. Cela dit, les protagonistes demeurent articulés et expressifs

La vraie magie du film tient à son style visuel éclectique et coloré qui se conjugue à l’animation 3D, puisant à partir des esthétiques aussi diverses que le Pop art, le cartoon disneyen et le manga avec quelques morceaux du ghetto art et d’expressionnisme. La bande sonore est tout aussi variée. Into the Spider-Verse visualise également des cases bd ainsi que des onomatopées de façon particulièrement inventive et dynamique. Alors que les films de superhéros live cherchent à transposer un univers comic-book au monde réel, cette production fait la démarche opposée pour accentuer l’empreinte « bdesque » d’un film d’animation. Cela aboutit à un rendu graphique aussi merveilleusement imagé que délicieusement référentiel.

En fait, Into the Spider-Verse présente un total de huit « Spider people » incluant deux héroïnes (une blonde, une asiatique) et même un porc anthropomorphe (« Spider Ham »). La version Peter Parker de Spider Man est bien présent bien qu’un peu désabusée et avec du ventre.

Au-delà de l’élément animation, Into the Spider-Verse réussit comme avec la plupart des autres films Marvel, à créer un très habile dosage d’action, d’humour et de pathos avec des personnages touchants et crédibles bien que proches du cliché. Le tout repose sur un récit fort bien rendu d’origine et d’apprentissage centré sur un ado.

Contrairement aux autres films Spider-Man centrés autour de Peter Parker, le personnage central ici propose une alternative du superhéros : un jeune Blatino, Miles Morales. Celui-ci a été créé pour les bandes dessinées en 2011, alors que Marvel cherchait à attirer de nouveaux lecteurs en commençant à diversifier le sexe et l’appartenance ethnique de ses héros au-delà du modèle de base du héros mâle blanc. En fait, Into the Spider-Verse présente un total de huit « Spider people » incluant deux héroïnes (une blonde, une asiatique) et même un porc anthropomorphe (« Spider Ham »). La version Peter Parker de Spider Man est bien présent bien qu’un peu désabusée et avec du ventre.

Comme le film repose sur des versions alternatives et des univers parallèles comme aussi une flopée de personnages, son scénario est un peu laborieux par moment pour tout expliquer et utiliser les personnages de façon pleinement efficace et cohérente. Heureusement, cela ne nuit pas à la narration dans son ensemble.

Malgré quelques petites lacunes ici et là, finalement, Into the Spider-Verse s’avère un divertissement des plus trépignant et ludique tout comme les deux The Incredibles et Big Hero Six, la première animation cinéma inspirée par l’univers Marvel il y a quelques années.

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Spider Man : Dans le Spider-Verse

Réal.
Peter Ramsey
Robert Persichetti Jr.
Rodney Rothman

Genre
Animation

Origine(s)
États-Unis

Année : 2018 – Durée : 1 h 57

Dist.
Columbia Pictures

Classement
Tous publics

Info. @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

The Favourite

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au XVIIIe siècle, à la cour de Grande-Bretagne, Lady Sarah, duchesse de Marlborough, occupe les plus hautes fonctions pouvant être dévolues à une femme. Proche confidente de la reine Anne, elle entretient avec elle une amitié teintée par des rapports de domination. Alors que les soldats britanniques, lancés dans la guerre de Succession d’Espagne, sont en campagne sur le continent, l’équilibre de la cour est ébranlé par l’arrivée d’Abigail Hill, une cousine déchue de Sarah dont cette dernière fait sa femme de chambre.

COUP DE CŒUR
| Élie Castiel |

★★★★★

BOÎTES DE PANDORE

Le baroque néerlandais Vermeer est convoqué dans
la structure des plans, privilégiant comme le peintre, l’anecdotique,
mais en le transcendant à sa guise comme moyen de situer l’Histoire
– ces plans seront en position frontale, contrastant avec
une caméra autrement plus agile et volontairement inquisitrice…

Indéniablement, avec Roma, d’Alfonso Cuarón, The Favourite se situe parmi les meilleurs films de 2018. Raffiné et provocateur, jouissivement débauché, excessif – comme ses premiers films grecs, dont Canine / Kynodontas demeure un exemple criand. Deuxième long métrange en anglais de Lanthimos, voici un tour de force admirable qui, tout en conservant sa fort louable originalité évoque le meilleur de Peter Greenaway dans son cynisme, son portrait vitriolique face à une société décadente, et par moments, en filigrane, fait peut-être penser à l’un des plus beaux fleurons de Stanley Kubrick, Barry Lyndon.

Et pourtant, la constante du cinéaste entamée depuis ses débuts est là, intacte, ne reculant devant rien pour étaler sa grécité si on observe de bien près. D’où un refus de compromis avec les pays coproducteurs, les États-Unis, l’Irlande et la Grande-Bretagne. Film libre dans sa conception, sa structure formelle, sa narration intentionnellement subversive, sa prise de position sur la femme, ses tours de magie, ses complots, sa désinvolture, mais en même temps une admiration pour leur pouvoir de séduction, entre elles, avec les hommes, avec la mouvance de la vie.

Le baroque néerlandais Vermeer est convoqué dans la structure des plans, privilégiant comme le peintre, l’anecdotique, mais en le transcendant à sa guise comme moyen de situer l’Histoire – ces plans seront en position frontale, contrastant avec une caméra autrement plus agile et volontairement inquisitrice, car rien n’est laissé au hasard.

Meilleur réalisateur
Yorgos Lanthimos

British Independent Film Awards 2018

Également, de fréquentes contre-plongées, ici des partis paris esthétiques et parfois nébuleux qui soulignent l’Histoire, une époque et dans le même temps une idée du cinéma qui ferait honneur, par exemple, à un Alexandre Sokourov.

Et bien entendu, trois actrices magnifiques sans qu’aucune ne vole la vedette, s’admirant l’une et l’autre malgré leurs oppositions dans ce jeu de pouvoir, de séduction et d’opportunisme qui ressemble plus à un puzzle psychologique ou encore mieux à des boîtes de Pandore laissées ouvertes ; effectivement, cette Ève de la mythologie grecque à qui Zeus a interdit d’ouvrir la fameuse jarre et qui a pourtant désobei, tout comme sa semblable judéo-chrétienne avec la pomme.

On peut cependant se demander si après ces trois brillantes incursions en territoire anglophone, Lanthimos retournera tourner en Grèce pour faire honneur à son pays? Quoi qu’il en soit, il a toujours réussi à combler une des missions du cinéma : la totale adhésion et l’engagement actif et intellectuellement exigeant du spectateur.

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais ; s.-t.f. / Version française
La favorite

Réal.
Yorgos Lanthimos

Genre
Drame historique

Origine(s)
Grande-Bretagne / Irlande / États-Unis

Année : 2018 – Durée : 2 h

Dist.
Fox Searchlight

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Info. @
Cineplex
Cinéma du Parc
[ dès le vendredi 21 décembre ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

The Mule

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Earl Stone, un octogénaire fauché et solitaire sur le point de perdre son entreprise, se voit offrir un emploi qui requiert simplement de conduire. Un boulot des plus faciles. Toutefois, Earl est à son insu engagé comme passeur de drogues pour un cartel mexicain.

CRITIQUE
| André Caron |

★★★

UNE VRAIE TÊTE DE MULE, CE CLINT!

Dans cette comédie policière prenant des allures de road movie nonchalant, le meilleur gag n’est pas dans le film comme tel puisqu’il sert de transition entre le début et le reste du récit. Dans la séquence d’ouverture, Earl Stone (Eastwood), 78 ans, rate le mariage de sa fille. Ensuite, un carton nous indique que douze ans ont passé. Earl a maintenant 90 ans, mais Clint, lui, a toujours 88 ans. On pourrait croire qu’il souhaite se rendre à cent ans, le diable d’homme! Cependant, Eastwood avait bel et bien 78 ans quand il a réalisé Gran Torino en 2008, un film également écrit par Nick Shenk, ce qui crée une filiation entre ces deux vieux protagonistes bourrus. The Mule n’atteint pas la force dramatique de ce dernier, mais on y passe un bon moment en compagnie de cet octogénaire qui semble s’amuser comme on l’a rarement vu faire au cinéma.

Rythme lent, longues randonnées en camion pick-up, nombreuses scènes assises au restaurant ou dans des réceptions, Clint Eastwood prend son temps, mais il sait nous captiver par ses réparties cinglantes, ses mimiques brevetées et sa stature toujours imposante. Transportant des kilos de drogue mais pas stressé du tout, Earl Stone en profite pour relaxer au volant en chantonnant les morceaux de choix qu’il syntonise à la radio, au grand dam des deux sbires du cartel mexicain qui le suivent en voiture. Ils se laissent pourtant gagner par la bonne humeur de ce vieillard ringard, comme nous d’ailleurs. Ces scènes s’avèrent les plus satisfaisantes et les plus amusantes du film. On ne s’est jamais senti aussi proche de Clint Eastwood. Le même sentiment de proximité m’habitait au sujet de Robert Redford dans le récent The Old Man & the Gun, qui offre beaucoup de similarités avec The Mule.

Je sais, quant à moi, où était pendant ce temps le Québécois Yves Bélanger, directeur photo attitré de Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club, Wild, Demolition, Big Little Lies, Sharp Objects). Il a collaboré pour la première fois avec Eastwood et sa lumière bucolique imprègne le film, en parfaite cohérence et continuité avec le travail des deux principaux directeurs photo de la vedette, Tom Stern (depuis 2002) et Jack N. Green (de 1978 à 2000).

Il n’en demeure pas moins que l’intrigue ne fait qu’effleurer la gravité et le danger auxquels s’expose cet homme en transportant de telles quantités de drogue. L’anecdote prend le pas sur la profondeur et les tentatives de racheter l’égoïsme de ce patriarche qui a négligé sa femme mourante (Diane Wiest), sa fille en colère (Alison Eastwood, la vraie fille de Clint) et sa petite-fille conciliante (Taissa Farmiga) semblent forcées. De grands acteurs comme Laurence Fishburne et Bradley Cooper ne font que passer, tandis qu’Andy Garcia est méconnaissable en chef de cartel. Clint a tout de même laissé à sa fille Alison la meilleure réplique du film quand, une fois Earl condamné à la prison, elle lance : « Au moins, on va savoir où tu es! »

Je sais, quant à moi, où était pendant ce temps le Québécois Yves Bélanger, directeur photo attitré de Jean-Marc Vallée (Dallas Byers Club, Wild, Demolition, Big Little Lies, Sharp Objects). Il a collaboré pour la première fois avec Eastwood et sa lumière bucolique imprègne le film, en parfaite cohérence et continuité avec le travail des deux principaux directeurs photo de la vedette, Tom Stern (depuis 2002) et Jack N. Green (de 1978 à 2000).

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
La mule

Réal.
Clint Eastwood

Genre
Drame

Origine(s)
États-Unis

Année : 2018 – Durée : 1 h 56

Dist.
Warner Bros. Canada

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Info. @
Cineplex


MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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