En salle

Citizen Jane: Battle for the City

11 mai 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au cours des années 60, la  longue bataille judiciaire et militante de l’activiste Jane Jacobs contre Robert Moses, magnat de l’immobilier new-yorkais.

LE FILM DE LA SEMAINE
★★★ ½
Texte : Élie Castiel

LA VILLE ET LE MONDE

New York, années 1960, ère pas si lointaine d’après-guerre où le libéralisme économique et les revendications sociales se confrontent avec  véhémence, chacune des deux idéologies prêchant pour sa propre paroisse. Jane Jacobs, militante, humaniste opte pour une urbanité saine, prônant les individus, contrairement à Robert Moses, lui aussi urbaniste, mais attiré par un capitalisme de plus en plus sauvage. Gratte-ciels, autoroutes, développement de quartiers, au détriment de joyaux architecturaux qui disparaîtront dans l’histoire de la ville.

Citizen Jane 01 (En salle)

Si Matt Tyrnauer , du très beau et coloré Valentino: The Last Emperor (2008) tourne son regard vers un sujet totalement opposé à son précédent. L’Amérique n’est plus un espace de la haute couture, de la mode branchée, du glamour et de la célébrité, mais un lieu de batailles juridiques opposant deux idées sur la façon de vivre. Appât immédiat du gain en lutte contre des idées progressistes, des alternatives qui effraient parce que proches d’un socialisme tant réprimé. Au fond, Citizen Jane: Battle for the City est avant tout un film politique car vivre dans la cité est en soi un acte militant qui se rebelle ou au contraire s’adapte selon les caprices des dirigeants.

Si le documentaire n’offre rien de nouveau d’un point de vue cinématographique, conjuguant têtes parlantes et documents d’archives, il demeure l’un de ces discours narratifs qui exercent une influence sur le spectateur, sans trop le heurter, tout en maintenant le cap avec discernement. En ce qui nous concerne, impossible de ne pas faire des clins d’œil, des décennies plus tard, sur notre grande ville économique et culturelle.

La rue devient d’un coup le forum narratif d’idées
nouvelles. Par conséquent, les
profits corporatifs
tentent de freiner les avancées sociales et humanistes.
Deux façons de voir le monde. Deux chemins à tracer.

Mais par la même occasion, Citizen Jane confirme que les combats ne se limitent pas à une époque particulière, mais qu’ils s’inscrivent dans un projet de société constant, variant d’une génération à l’autre. Ironiquement, Jane Jacobs et presque absente du film ; son portrait est brossé selon des témoignages et des documents d’archives, peut-être même inédits. C’est aussi le récit parallèle d’un féroce opposant, l’égocentrique Robert Moses, plus autocrate qu’urbaniste, faisant la loi dans la ville, étrange écho à la politique américaine actuelle.

En filigrane, le film annonce le début d’un féminisme politique, confrontant les pouvoirs donnés aux corporations, aux multinationales et à Wall Street.  Mais la pensée capitaliste, même si dominante, n’est plus le seul discours. La rue devient d’un coup un forum narratif d’idées nouvelles. Par conséquent, les profits corporatifs tentent de freiner les avancées sociales et humanistes. Deux façons de voir le monde. Deux chemins à tracer.

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  anglais

Genre :  Documentaire  – Origine : États-Unis –  Année :  2016 – Durée :  1 h 32  – Réal. :  Matt Tyrnauer – Dist. :  FilmsWeLike.

Horaires
@
  Cinéma du Parc

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Je suis le peuple

RÉSUMÉ SUCCINCT
Lors des manifestations de janvier 2011, en Égypte, le dialogue entre la réalisatrice et un villageois égyptien, qui voit la révolution de loin.

SANS
COMMENTAIRES

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  arabe / s.-t.f.

Genre :  Documentaire  – Origine : France / Égypte – Année :  2014 – Durée :  1 h 50  – Réal. :  Anna Roussillon – Dist. :  Docks 66.

Horaires
Cinémathèque québécoise

Classement
NC
(Non classé – Exempté)

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King Arthur: The Legend of the Sword

RÉSUMÉ SUCCINCT
Le courageux Arthur, orphelin, répond à l’appel lancé à quiconque pourra retirer se son socle de pierre Excalibur, l’épée du défunt roi, héritier de la couronne. Mais Vortigern, son oncle cupide ne pense qu’à se venger lorsque son neveu réussit sa mission.

CRITIQUE
★★★
Texte : Élie Castiel

LE CŒUR ET L’ÉPÉE

Qu’importe la liberté ou plutôt « les libertés » prises par Guy Ritchie. Il emprunte à des genres populaires qui ont toujours fait carrière : le péplum, le film fantastique, le thriller psychologique. Dans sa mise en scène volontairement bordélique, il y a un je-m’en-foutisme contagieux qui ne laisse pas indifférent. Pourquoi gâcher notre plaisir en lui imposant une mauvaise note.

D’une certaine façon, on pourrait dire, si on observe
de près,  que
King Arthur: Legend of  the Sword a
quelque chose d’ingénieusement homoérotique. Une
fois n’est pas coutume, mais il faut s’en réjouire.

King Arthur. Legend of the Sword

Ritchie veut faire preuve de spectaculaire et il réussit. La bande sonore, superbe, se plie aux recettes d’un cinéma grand public accrocheur, mais d’où on sort conquis. Il y a, dans King Arthur: Legend of the Sword, du Shakespeare emprunté dû aux quelques aspects sanglants, mais aussi à la tragédie grecque, qui, avouons-le, a également inspiré le célèbre William. Ritchie mène son navire comme il le veut, faisant preuve de courage devant les nombreuses tempêtes et les écueils imprévisibles. C’est ici une histoire filiale, d’amour et de vengeance, d’humains en perdition et de monstres sanguinaires. C’est spectaculaire, majestueux et ne regrette pas une seule minute les plus de deux heures de projection.

Bien entendu, on ne va pas comparer au magnifique Excalibur de John Boorman, mais ces récits de Merlin, ici à peine évoqués, sont remplacés par la virilité bien placée de ses héros subtilement musclés. D’une certaine façon, on pourrait dire, si on observe de près, que King Arthur: Legend of  the Sword a quelque chose d’ingénieusement homoérotique. Une fois n’est pas coutume, mais il faut s’en réjouire.

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  anglais / Version française

Le roi Arthur : La légende d’Excalibur

Genre :  Aventures fantastiques  – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne / Australie –  Année :  2017 – Durée :  2 h 06  – Réal. :  Guy Ritchie – Int. : Charlie Hunnam, Annabelle Wallis, Jude Law, Katie McGrath, Eric Bana, Astrid Bergès-Frisbey – Dist. :  Warner Bros. Canada.

Horaires
@
  Cineplex

Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Lahoriye

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une histoire d’amour entre un homme et une femme de lieux différents, des villages dans la frontière entre l’Inde et le Pakistan

Bande-annonce sans sous-titres

SANS
COMMENTAIRES

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  punjabi / s-t.a.

From Lahore

Genre :  Drame romantique  – Origine : Inde–  Année :  2017 – Durée :  2 h 17  – Réal. : Amberdeep Singh – Int. :  Amrinder Gill, Sargun Mehta, Yuvraj Hans, Guggu Gill, Sardar Sohi – Dist. :  Roadside Pictures Inc.

Horaires
@
  Cineplex

Classement
Tout public

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Le commun des mortels

RÉSUMÉ SUCCINCT
Carl Leblanc suit Éverald Leblanc, un Gaspésien âgé de quatre-vingt-dix ans. Des journalistes chevronnés analysent son parcours professionnel en faisant le lien avec les changements survenus dans la société québécoise au cours du siècle dernier.

CRITIQUE
★★★ 
Texte : Charles-Henri Ramond

GRAND DÉNOMINATEUR COMMUN

Rarement un film aura réussi à faire se rencontrer l’intime et le collectif comme parvient à le faire Le commun des mortels, le nouveau long métrage documentaire de Carl Leblanc, tant l’auteur du Cœur d’Auschwitz dépasse l’émotion de cette simple saga familiale pour dresser un portrait allant largement au-delà de l’histoire individuelle. Car à travers la vie d’Adélard, père du cinéaste qui l’a filmé durant ses dix dernières années, surgit celle de centaines de milliers de Canadiens français, de petites gens ordinaires qui, patiemment, avec force et courage, ont posé les fondations de ce que nous sommes aujourd’hui.

L’originalité du film tient pour beaucoup dans
un traitement qui s’écarte des normes établies.

Le commun des mortels

L’originalité du film tient pour beaucoup dans un traitement qui s’écarte des normes établies. Certes, on a droit aux habituelles « têtes parlantes », les documents d’archives et les cartes animées, ainsi que quelques repères internationaux tirés de la carrière publique de célébrités (Castro, Aznavour et Lévesque) utilisés en guise de marqueurs de temps. L’inventivité de la mise en scène se retrouve dans des entrevues éclairantes (on relève la participation entre autres du conteur Michel Faubert, de l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, du journaliste Jean-François Nadeau ou de l’urgentologue Alain Vadeboncoeur) qui permettent d’expliquer morceau par morceau les pièces d’un casse-tête complexe et éclairent sur profondes mutations individuelles et collectives du XXe siècle. À travers ces analyses, Le commun des mortels nous fournit donc des clés très appréciables pour mieux nous situer et comprendre ce que nous sommes devenus, dans un monde à mille lieues de celui qu’Adélard aurait pu imaginer.

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  français

Genre :  Documentaire  – Origine : Canada [Québec] –  Année :  2017 – Durée :  1 h 22  – Réal. : Carl Leblanc – Dist. :  L’Atelier distribution films.

Horaires
Cinéma Beaubien

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Primaire

RÉSUMÉ SUCCINCT
Florence Mautret a trente-deux ans et enseigne dans une école primaire de Grenoble. Divorcée, elle vit avec son fils, Denis. Puis, un jour, elle accepte d’accueillir dans sa classe, Sacha, un élève à l’allure négligée qui devient rapidement le souffre-douleur du groupe.

CRITIQUE
★★★
Texte : Élie Castiel

CONDUITE, TENUE… ASSIDUITÉ

Il y a, dans Primaire, quelque chose de tendre, d’attachant. On se pose la question dès le début et on se rend compte qu’il s’agit de la description de ce milieu d’école primaire qui ne semble pas envahi par les nouvelles technologies. La maîtresse (ici, il faut dire « enseignante ») demande aux élèves de prendre leurs ardoises. Sommes-nous vraiment en 2016 ou 2017 ? Toujours est-il que dans cette classe d’enfants turbulents, aussi bien les filles que les garçons, l’enseignement est dur, mais tous ceux impliqués dans cette tâche l’aiment profondément.

Primaire

La vie privée et la vie professionnelle, comme souvent dans le cinéma français, s’entremêlent. Cela a sans doute à voir avec ce côté humaniste si cher au peuple de l’Hexagone.  Richesse du verbe, maîtrise de la répartie, bonne direction d’acteurs, dont plusieurs enfants en parfaite condition devant la caméra, une Sara Forestier au registre diversifié et, comme dans tout bon film français qui se respecte et se laisse respecter, une histoire d’amour, certes un peu gauche, mais qui définit parfaitement l’idée que les Français se font des rapports entre hommes et femmes, s’aimer malgré les tempêtes.

Hélène Angel réussit un genre délicat avec finesse,
subtilité, humanisme et un regard à hauteur d’enfant.

Et comme il se doit, un message social voulant que les « enseignants » sont des individus peu reconnus dans la mouvance sociale, sans doute seulement par leurs élèves, lorsqu’ils arrivent à les maîtriser. Ça fait du bruit, ça ricane, sa sourit, ça se heurte à des obstacles dramatiques (l’autisme d’un des élèves), mais le specteur demeure stupéfait devant le naturel de ces jeunes rebelles tout à fait physiques. En fait, des enfants modèles qui se conduisent aussi bien que mal, observent une tenue inconstante et sont plus ou moins assidus. Hélène Angel réussit un genre délicat avec finesse, subtilité, humanisme et un regard à hauteur d’enfant.

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  français

Genre :  Drame social  – Origine : France –  Année :  2016 – Durée :  1 h 45  – Réal. :  Hélène Angel – Int. : Sara Forestier, Albert Cousi, Ghillas Bendjoudi, Vincent Elbaz, Patrick d’Assumçao, Guilaine Loudez  – Dist. :  A-Z Films.

Horaires
@  
Cinéma Beaubien Cineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Risk

RÉSUMÉ SUCCINCT
Documentaire sur une figure controversée : l’éditeur de WikiLeaks, Julian Assange.

LE FILM DE LA SEMAINE
★★★ ½
Texte : Élie Castiel

L’ŒIL DISSIDENT ET LA SPHÈRE PRIVÉE

En 2014, Laura Poitras signe un pamphlet vitriolique, Citizenfour. Avant cela, en 2009, The Oath, que nous n’avons malheureusement pas vu. Et puis, aujourd’hui, Risk, titre on ne peut plus approprié puisqu’il s’agit de cela, de risques, de confessions, d’interdits avoués, de remises en cause de l’art qu’on pratique et respecte, de cet instrument dangereux et captivant qu’est la caméra, cet objet capable d’enregistrer par la voix les carences les plus intimes, de capter le meilleur et le pire.

LONDON, ENGLAND - FEBRUARY 05: Wikileaks founder Julian Assange prepares to speak from the balcony of the Ecuadorian embassy where he continues to seek asylum following an extradition request from Sweden in 2012, on February 5, 2016 in London, England. The United Nations Working Group on Arbitrary Detention has insisted that Mr Assange's detention should be brought to an end. (Photo by Carl Court/Getty Images)

Car au-delà du (presque) portrait du consciemment charismatique et faussement énigmatique Julian Assange, Risk est aussi une voix off qui prend le courage de briser le silence sur la vie privée de la documentariste par le biais de sa propre narration. : rapports intimes avec Jacob Appelbaum, souvent non conformes, mais apparemment consentis. Cette ouverture vers l’autre, le spectateur, est aussi une regard sur le privé et le public, entre la morale et la dissension, entre l’artiste et le commun des mortels. En fait, Risk mérite plus ou moins la même note de passage que The Oath (sans doute) et Citizenfour ; car nous sommes dans les coulisses du clandestin, de cet entre-deux-mondes qui n’a plus de liberté et n’arrive pas à se cacher. Est-ce volontaire de la part de Poitras ? Qu’importe !

La caméra n’est plus une force de la nature. Entre
ses rapports intimes tout de même expliqués subtilement,
ses difficultés à filmer l’illégal et le portrait inachevé d’un
lanceur d’alertes, Poitras témoigne pour ainsi dire d’un
cinéma documentaire constamment sous haute tension.

C’est aussi une façon de se questionner sur son propre travail. Faut-il continuer à raconter le monde, à s’investir pour que la justice règne, pour que la dissidence ait une voix ? Comme tous les êtres humains, ceux autour d’Assange, être aussi complexe que fascinant, il y a des vivants, avec leur vie privée (plus ou moins) et sexuelle, pas si différentes des autres. Ce discours, Poitras le lance au spectateur en filigrane. Elle s’adresse à leur intelligence, n’hésite pas à se dévoiler et finalement, comme prise dans le filet, se résoud à joindre l’humain. La caméra n’est plus une force de la nature.  Entre ses rapports intimes tout de même expliqués subtilement, ses difficultés à tourner l’illégal et le portrait inachevé d’un lanceur d’alertes, Poitras témoigne pour ainsi dire d’un cinéma documentaire constamment sous haute tension.

Sortie :  vendredi 12 mai 2017
V.o. :  anglais

Genre :  Documentaire – Origine : États-Unis / Allemagne –  Année :  2016 – Durée :  1 h 31 – Réal. :  Laura Poitras  – Dist. :  Métropole Films.

Horaires
@
  Cinéma du Parc

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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