20 novembre 2017
Hatef Alimardani fait partie de ces réalisateurs iraniens contemporains qui osent s’exiler loin de la capitale téhéranaise pour filmer un « ailleurs », poser un autre regard sur une frange alternative méconnue de ce grand pays de plus de 80 millions d’habitants, un peu même à la manière d’Abbas Kiarostami qui n’a jamais hésité à s’égarer volontairement à travers les villages les plus reculés de l’Iran (par exemple à Koker et au nord du pays).
En effet, l’on retrouve chez Alimardani une certaine influence inconsciente ou non-avouée de la fresque cinématographique kiarostamienne. Ainsi, le film Aba jan a pour toile de fond la ville de Zanjan, située dans le nord-ouest de la capitale iranienne, menant vers la route de la ville de Tabriz et de la Turquie. Nous nous retrouvons rapidement dans le contexte de la violence de la guerre Iran-Irak des années 80 et ses impacts sur ses habitants qui se trouvent à environ 800 km de Bagdad (Irak).
Hatef Alimardani
À cette époque et aujourd’hui encore, la province de Zanjan reste majoritairement rurale et Azérie [1] (langue appartenant au groupe des langues turques de la famille des langues altaïques). D’ailleurs à l’écoute de la bande originale, on y attend la sonorité mélodieuse de l’élégante langue azérie.
Du film d’Alfred Hitchcock, Patrick Barlow a retenu les lignes principales, conscient qu’au théâtre, certaines séquences sont inadaptables. Idem pour le réalisateur, qui avait puisé ses sources à partir du roman de John Buchan.
Toujours est-il que la mise en scène d’Eda Holmes, également nouvelle directrice du Centaur, opte allègrement pour la parodie, le ton comique, la farce vaudevillesque, en accord avec les pièces de divertissement. Et ça ne peut que nous plaire.
© Andrée Lanthier
Car ici, l’interprétation est le noyau du récit, une histoire rocambolesque qui nous séduit, nous désoriente (c’est là un des buts du théâtre), nous envoûte et finit par nous laisser un goût de bien-être qui se répand partout. Suite
19 novembre 2017
Après le récent et surprenant Mort d’un commis voyageur (Death of a Salesman) au Rideau Vert, Arthur Miller récidive au TNM avec Vu du pont (A View from the Bridge), adaptée à l’écran en 1962 par Sidney Lumet. À l’époque, le film avait surpris, grâce à la performance magistrale de Raf Vallone et à la mise en scène néoréaliste du cinéaste socialement engagé.
Lorraine Pintal reprend ce drame familial dans une version théâtrale traduite en québécois par Maryse Warda. Les dialogues, parfois évidents, relève de la tradition orale réaliste, et ici, en harmonie avec la classe sociale représentée ; nul doute qu’ils retiennent constamment l’attention du spectateur, le deuxième soir de Première, d’un silence absolu.
18 novembre 2017
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Mythomania est un essai chorégraphique hétéroclite, fait d’éléments disparates qui, soudain, comme par envoûtement, se croisent, se dissipent et se retrouvent. C’est aussi la présence vertigineusee d’une excellente artiste, danseuse, comédienne, pianiste, se donnant entièrement à un espace décoratif hallucinant, une espèce de Boîte de Pandore des rêves, des mensonges et des sentiments. Un texte bien exprimé, rempli de fausses impressions, de réalités physiques et virtuelles, un univers totalement surréaliste qui, dans l’enceinte limité d’un théâtre de poche comme celui de La Chappelle, conduit une salle comble dans un univers à part.
16 novembre 2017
15 novembre 2017
Dans Flicker, il n’est surtout pas question de nouvelle danse, mais d’une rencontre avec des danseurs des Premières Nations, et plus particulièrement le peuple Kanien’kehaka. Pendant plus d’une heure, nous sommes les témoins d’un processus d’indentification entre l’être et la nature à travers quelques tableaux doux, d’une lenteur élégiaque, sacrée, spirituelle, transcendant la physicalité de l’humain pour qu’il puisse finalement s’apparenter à la nature qui l’entoure, à ses bruits et à ses créatures animales.
D’où ces costumes et ses parures hors du temps, revendiquant en même temps une culture perdue, oubliée, colonisée et dépossédée. L’occidentalisation n’est pas pour ainsi dire refusée, mais au contraire, elle est respectée tant qu’elle accepte ces anciens rituels proches des Cieux. Entre paganisme et modernité, la chorégraphe Margaret Grenier retient surtout la conformité des moments, l’harmonie des gestes, la complexité des rapprochements et plus que tout, la symbiose entre l’indicible céleste et la transparence terrestre.
Le fond de la scène, montrent trois écrans qui changent de représentations rappelant en quelque sorte ce qui se fait à l’ONF. Il y a quelque chose de tendrement naïf dans cette approche, et elle nous émeut, parce que vraie, sans explications philosophiques. Il y a le chant, la danse et, entre ces deux formes de la représentation, une sorte de miroir du monde, un chant de paix et d’entente entre les Humains.
© Derek Dix
Flicker est en même temps fable, allégorie, symbolique, conte sur la sagesse, tout à la fois. Le spectateur ressort totalement reconverti, respirant à pleins poumons. Le récit : la quête initiatique d’un jeune homme (brillant danseur Nigel Grenier), cherchant sa voie, son potentiel de socialisation. Ce parcours le guide vers le monde des êtres et des animaux.
Ne cherchant pas à comprendre. Les légendes des Premières Nations sont autant de contes que des messages. Dans le cas du peuple Kanien’kehaka, les représentants nous offrent une occasion unique de nous familiariser à cette culture par le biais de pas aussi puissants que raffinés, rappelant d’une certaine façon les charmantes danses malaysiennes, vietnamiennes ou même encore cambodgiennes. Grâce et quintessence sont au rendez-vous.
Chorégraphie : Margaret Grenier – Musique : Andrew Grenier – Chant Cri : Lawrence Trottier – Multimédia : Andy Moro – Conception graphique : Shaun Kingerlee – Visuels et masques : Andrew Grenier – Son : Ted Hamilton – Dramaturgie : Charles Koroneho – Ornements et Costumes : Rebecca Baker – Danseurs : Margaret Grenier, Nigel Greier, Kristy Janvier, Rebecca Baker, Jeanette Kotowich – Production : Danse Danse, en coproduction avec Mai (Montréal, arts interculturels).
Représentations
Jusqu’au 18 novembre 2017
Durée
1 h 20 (sans entracte)
Place des Arts (Cinquième salle)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
14 novembre 2017
Avouons tout de go que la distribution de Bad Jews est exceptionnelle, tant chacun des comédiens se plie admirablement bien aux caprices d’une pièce aussi controversée que drôle et dramatique. Oui, le ton est grave car ici, il n’est pas simplement question d’une parcelle d’héritage, mais d’appartenance, de mémoire, de dignité, de rapport aux origines.
Il y a d’abord des dialogues incisifs, souvent grossiers, parce qu’en privé, mis à part quelques exceptions, c’est de cette façon que les gens parlent, particulièrement lorsqu’il est question de partage de biens laissés par un proche décédé. L’argent et les biens précieux n’ont pas d’odeur.
D’une part, Bad Jews nous rappelle que les rapports entre membres d’une famille se transforment en négociations d’ordre économique lorsqu’il s’agit de débattre sur les clauses d’un testament. Mais cela n’a absolument rien à voir avec la race ou la religion ; cela fait partie de la condition humaine.
L’ensemble des comédiens (de gauche à droite) : Sarah Segal-Lazar, Jake Goldsbie, Jamie Elman et Ellen Denny >> © Leslie Schachter
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