En couverture

Shalom Montreal

10 mai 2018

EXPOSITION
| Élie Castiel |

Exils en la demeure

C’est la particularité de toutes les communautés autres que de s’afficher de temps en temps, question d’affirmer qu’elles existent. Pour d’autres raisons aussi : ne pas disparaître et oublier ses racines, ne pas se perdre dans la foule anonyme, dissiper tout doute de malentendus, envisager le présent et l’avenir dans une perspective universelle, tout en prenant conscience d’un exil souvent forcé. Et pour cause !

L’exposition Shalom Montréal… Histoires et contributions de la communauté juive traduit en quelque sorte cette saga qui se perd dans la nuit des temps, à partir de laquelle est né un Christianisme souverain, tantôt protecteur, mais souvent mal informé. Et pourtant, pour cette communauté en particulier, une histoire de malheureuses assimilations, de mille et une façons de réussir à survivre, d’un État proclamé dans un petit bout de territoire dans le monde… et qui coûte énormément cher. Des sentences de plusieurs états du monde libre (ou pas). Cause pour un nouvel antisémitisme qui ne date pas d’hier, changeant de peau, plus viscéral, narquois, rusé.

Et une exposition. Pour quelles raisons ? Calmer les esprits, reconnaître que la mouvance juive n’est pas si mauvaise que ça après tout et que la corruption, la trahison, les mauvais coups, même les plus bas, tous ces maux sociaux et politiques sont universels et non pas associés à un groupe en particulier. Suite

The Cakemaker (Haofe me Berlin)

4 mai 2018

Dans le cadre du Festival du film israélien de Montréal – 2018
| Julie Vaillancourt |

★★★  ½

Amours cachées, vices kasher

Pour son premier long-métrage, le scénariste et réalisateur israélien Ofir Raul Graizer relate l’histoire de Thomas, un jeune Berlinois doué pour la pâtisserie, qui voyage à Jérusalem dans l’espoir de rencontrer la femme et le fils de son défunt amant. The Cakemaker nous plonge au cœur du deuil, celui vécu par deux individus, où leurs vies, jadis parallèles, se rencontrent. Pourtant très différents, Thomas et Anat se rapprochent, du fait de leur amour pour feu Moti et la solitude liée au deuil, sans oublier les cafés et les pâtisseries. Leur amour mutuel ira au-delà des étiquettes… C’est d’ailleurs la force du film qui transcende les discours plus moralisateurs sur l’orientation sexuelle et la religion (homosexualité vs judaïsme), pour se positionner dans une vision plus humaniste et universelle des rapports affectifs. L’Amour avec un grand A, celui qui pardonne. Celui qui n’efface pas le deuil de l’être cher, mais qui le rend éternel. Suite

Sutra

Critique DANSE
| Élie Castiel |

★★★★

Le tourbillon magnétique de Cherkaoui

Magique, surprenant, du jamais vu, quelque chose qui a à voir avec la danse et les arts martiaux. Mais cela n’empêche pas les moines du Temple Shaolin, dont un gamin époustouflant, d’un charme irrésistible, d’un professionnalisme à toute épreuve, de conserver une élégance dans leurs gestes et leurs mouvements, sans compter sur leur sens inné de l’humour.

Sutra, c’est en quelque sorte, la virilité « revue et corrigée », remise au goût du jour, selon une nouvelle approche de la vie. La femme est absente, car il s’agit ici d’une mise en perspective de la condition masculine. Tout au long du spectacle, l’émotion est vive, l’esprit libre de toutes contraintes, l’enthousiasme souverain. C’est engageant, spirituel, vif et enjoué.

La mise en scène, parfaitement symétrique, montre un décor de boîtes rectangulaires faites de bois où les danseurs s’infiltrent, essayant de trouver refuge contre un extérieur qu’ils parviennent pourtant à contrôler. Des extérieurs faits de nuances de gris, mais où l’anarchie semble régner. Pour les spectateurs, toutefois, un régal pour les yeux.

Tout au long du spectacle, l’émotion est vive, l’esprit
libre de toutes contraintes, l’enthousiasme souverain.
C’est engageant, spirituel, vif et enjoué.

Des entrées et des sorties pour raconter un monde actuel plongé dans le chaos idéologique, dans les nationalismes opportunistes, dans le racisme aussi, mais que Sidi Larbi Cherkaoui, poète de la danse moderne, attaque par le biais de la chorégraphie, du rapprochement des corps et par le choix musical de Szymon Brzóska, ici, proposant des tonalités agréablement minimalistes qui joignent, par bouts, des connotations plus énergiques, où les percussions dominent pour ensuite redonner la place à des sons plus sereins.

Entre Kung-fu et danse moderne, Sutra s’attire les meilleurs éloges, ce qui veut beaucoup dire dans un monde où culture veut souvent dire « éclectisme ». Sidi Larbi Cherkaoui prouve le contraire en invitant tous à entrer par la grande porte, hospitalière. Pour Danse Danse, une fin de saison 2017-2018 dignement mémorable.

 

Ali Thabet et les Moines du Temple Shaolin (Credit photo : © Andrée Lanthier)

 

SUTRA
Chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui – Assistant chorégraphe : Ali Thabet, en collaboration avec Satoshi Kudo, Damien Fournier, Damien Jalet – Création plastique : Antony Gormley – Musique : Szymon Brzóska – Conseillers dramatugiques : Lou Cope, An-Marie Lambrechts – Éclairages : Adam Carré – Interprètes : Ali Thabet et les Moines du Temple Shaolin – Production : Sadler’s Wells –Diffusion : Danse Danse.

Représentations
Les 4, 5, 8 et 9 mai 2018 / 20 h
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)

Durée
1 h 10 (sans entracte)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

Semaine du 4 au 10 mai 2018

3 mai 2018

AVIS AUX CINÉPHILES
Il arrive parfois que certains films ne soient pas présentés toute la semaine, particulièrement dans les salles indépendantes. Consultez les horaires quotidiens, ceux-ci pouvant changer d’un jour à l’autre.

 Dû à des facteurs hors de notre contrôle, les textes critiques, incluant le « Coup de cœur » et/ou « Le film de la semaine » (désignations selon les sorties), pourraient enregistrer des retards même si nous mettons tous nos efforts pour l’éviter.

Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.

 | EN SALLE À MONTRÉAL |

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COUP DE CŒUR
AVA
Sadaf Foroughi
« Mention honorable – Meilleur premier film canadien »
Toronto International Film Festival 2017

Suite

Lorenzo Coppola : Du comique et du sérieux chez Mozart et Haydn

2 mai 2018

Critique CONCERT
| Élie Castiel |

★★★ ½

Prova d’orchestra

Autrement dit, en français, « Répétition d’orchestre », à partir du film du grand Federico Fellini. Car cette première médiatique dans la Salle de concert Bourgie reflétait en quelque sorte l’esprit du maestro italien du 7e art. Par ailleurs, avec un nom comme Coppola, difficile de ne pas s’investir à fond dans ce que le chef invité Lorenzo Coppola a à offrir.


Articulé, ne présentant le programme que dans la langue de Molière (c’est bien ainsi), il donne un cours fort sympathique sur la commedia dell’arte et sur l’importance de la musique classique dans nos vies. Belles paroles qui mettent les spectateurs à l’aise. Car Coppola, l’homme de musique, a un profond respect pour le public, et son discours lyrique est en pleine harmonie avec l’époque dont il parle. Mozart et Haydn sont ses deux points d’attache. Il démistifie ces légendes de la musique et en les situant terre à terre, ne fait qu’anoblir ce genre tant contesté aujourd’hui.
Suite

La vie utile

29 avril 2018

Critique SCÈNE
| Élie Castiel |

★★★★

L’Éden et après

Une plume géométrique et essentielle, jonglant avec la langue française comme si chaque mot était nouveau, à découvrir, et les plus simples, les plus rébarbatifs, que la dramaturge-comédienne Evelyne de la Chenelière rend aussi puissants qu’engageants. D’emblée, La vie utile est une pièce sur les mots, sur leur importance dans notre ADN, car ils font partie de notre existence, sans qui le rapport à l’autre peut sembler inexistant.

Et les silences, eux aussi, parlent, mais dans une langue autre, un dialecte singulier rendu admirablement bien par la mise en scène captivante de Marie Brassard, cérémoniale et magnifiquement surréaliste, garante d’une plastique scénique naviguant entre le rêve et la réalité, entre le clair et le diaphane. Plus proche du songe, en fait, plaçant le spectateur dans une zone d’inconfort majestueux qui lui donne la sensation de se retrouver dans un navire en pleine tempête, alors que dans ce jardin de l’Éden faussement écologique, la sérénité calme n’est que pure illusion. Suite

Jean Beaudry

27 avril 2018

ENTRETIEN
| Élie Castiel |

« Chez lui, tout laissait transparaître
sa relation avec les diverses disciplines
de la mouvance artistique… »

Jean Beaudry (Crédit photo : © Portail Québec)

Cette rencontre avec Jean Beaudry est réalisée à l’occasion de la sortie de son moyen métrage documentaire, François Barbeau : Créateur de costumes. Réalisateur discret, Beaudry appartient à cette génération que le cinéma semble avoir oublié. La relève préoccupe tellement les décideurs que ceux qui ont compté doivent prier les cieux pour continuer un métier qui leur tient à cœur. Quelque chose est claire : pour un petit pays comme le Québec, en matière de culture, l’offre est considérablement supérieure à la demande. Un nouveau projet culturel est essentiel. En attendant, nous avons posé quelques questions à un Jean Beaudry, toujours accueillant, comme au premier jour. Suite

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