10 novembre 2011
Malgré une longue carrière comme cinéaste et poète, le réalisateur danois Jorgen Leth s’est surtout fait connaître du public cinéphile par sa participation à The Five Obstructions. Il y répond brillamment à des directives casse-gueule de son admirateur Lars Von Trier qui agit en tant que quasi-producteur. L’objet de son travail est de refaire de diverses manières le court de 1967 qui l’a lancé, The Perfect Human. Pour leur 14e édition, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal présentent une rétrospective de ce cinéaste ainsi que plusieurs autres nouveautés sur lesquelles nous reviendrons aussi sur ce site.
>> Luc Chaput
Sunday in Hell est un des meilleurs documentaires sur la compétition sportive jamais réalisés. Leth nous fait participer dans les moindres détails à une édition de la course mythique Paris-Roubaix appelée l’Enfer du Nord à cause du fait qu’une partie de son parcours a lieu sur une route de pavés désunis de la Flandre française. La précision de son tournage est magnifiée par l’emploi d’une musique chorale de Gunner Møller Pedersen qui enveloppe à certains moments les prises de vue tournées en hélicoptère qui alternent avec les plans sur les étoiles et leurs serviteurs. À cause de ce film, Leth devint de 1988 à 2005 le commentateur à la retransmission quotidienne de la télévision danoise du Tour de France. De plus, à l’occasion des récents championnats du Monde à Copenhague, la cinémathèque danoise présenta en plein air un programme de trois œuvres de Leth sur le cyclisme.
Fasciné par Haïti où il fut longtemps consul de son pays, le cinéaste y a tourné plusieurs films dont Haiti Untitled, dont la forme assez ouverte est le reflet d’un montage d’éléments de tournage assez disparates dont des entrevues avec hommes politiques et des cérémonies vaudous. Erotic Man contient également des éléments haïtiens et est un objet étonnant où le cinéaste filme de jolies jeunes femmes diversement peu vêtues donc certaines sont ou semblent encore être adolescentes, lisant un poème de son cru. L’ensemble a suscité diverses critiques acerbes, on pourrait même parler d’homme imparfait dans ce cas ce qui est aussi le titre de son autobiographie publiée en 2005. Les réactions d’étonnement et même de colère que ce livre a engendrées lui a occasionné des problèmes professionnels. D’ailleurs, l’auteur dans Erotic n’a su exprimer l’érotisme que par des femmes si peu âgées habitant des contrées exotiques. Cela prête facilement le flanc à de nombreuses critiques car la beauté peut être aussi un reflet de quelqu’un qui est bien dans sa peau.
De Jacques Perrin et Éric Deroo, L’empire du milieu du Sud est un singulier documentaire montrant l’histoire du Vietnam en employant des films tournés en Indochine depuis plus de cent ans et qui sont de divers types, journaux de voyage, reportages, nouvelles, films de famille. La narration lue par Perrin est constituée d’extraits d’œuvres littéraires de genres divers, romans poèmes lettres, rapports et l’alliage de ces deux éléments permet de commencer à comprendre ce pays . Dans le montage, on peut signaler la période de Dien Bien Phu où les vélos du Viet-minh sont filmés en couleur en alternance avec les actualités en noir et blanc françaises. Il eut été préférable de placer à l’.écran plus de dates et les titres des œuvres lues pour références après visionnement . Le travail de Perrin et Deroo montre bien que le documentaire historique peut être renouvelé
Les Rencontres rendent aussi hommage au grand documentariste américain Frederick Wiseman sur lequel Séquences a publié plusieurs articles dont une étude en 2000 http://id.erudit.org/iderudit/48814ac .
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