En salle

Soleils noirs

5 septembre 2019

PRIMEUR
| Semaine 36 |
Du 6 au 12 septembre 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Il y a près de quinze ans, Roberto Bolaño fit dans son roman-fleuve apocalyptique 2666 le récit terrifiant et surréaliste d’innombrables assassinats de femmes dans le nord du Mexique. À certains égards, Soleils noirs en est le prolongement documentaire. Non seulement parce qu’il s’ouvre sur la ville de Ciudad Juárez, principale source d’inspiration de l’écrivain chilien, mais surtout parce qu’il partage sa vision crépusculaire et sa capacité à combiner travail journalistique ambitieux et fulgurances esthétiques.

< CRITIQUE >
Élie Castiel

★★★★ 

MEXIQUE, Ô MA DOULEUR

Quelque chose de déchirant et d’intellectuellement doué émane de Soleils noirs, le très bel essai entre la fiction subtilement éclatée et le documentaire en forme de fausse enquête. Mais non point menée comme une investigation télévisuelle à heure de grande écoute, mais au contraire, exerçant son droit cinématographique jusqu’à en devenir presque le sujet du film.

Et pourtant, à montrer ces inoubliables et déterminés Mexicains qui ont appris à vivre tant mal que bien avec ce qui s’est passé dans leur pays, le spectateur est devant un regard féroce mais non pour le moins retenu d’un cinéaste en pleine possession de son arsenal filmique et de son imaginaire.

La souffrance est palpable, mais pas tenace. Elle est suggestive par les paroles prononcées, les mots déchirants, sans larmoiements. Ces hommes et ces femmes, quoique filmé(es) selon l’approche des « têtes parlantes », projettent des visages sensibles et dans le même temps nobles, dignes, résultat d’années de recherche de leurs êtres perdus. Comme si habitués à la souffrance de vivre.

Elie évite le sensationnalisme pour plutôt privilégier cet accord évasif mais si significatif entre la caméra et la matière filmé, voire même le champ, cet espace entre le quotidien et les terrains vagues qui abritent des restes osseux des victimes. Parallélismes indiscutablement discursif sur l’art de la narration.

Les années 1970, des histoires épouvantables nées dans un Mexique de la corruption, de l’injustice, d’une dictature atteinte, entre autres, d’une épouvantable misogynie. Et le noir et blanc domine l’écran en format 4/3, comme pour accorder une certaine intimité à ce faux journal-enquête. Au contraire, il s’agit d’un regard original et rigoureusement interventionniste sur une situation individuelle et politique incontestablement dramatique.

Dans le rôle du jeune Pierre dans La guerre des tuques (1984) du regretté André Melançon, Julien Elie propose, après Le dernier repas (2003), que, malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion de voir, un deuxième long métrage qui restera longtemps gravé dans notre mémoire.

Elie évite le sensationnalisme pour plutôt privilégier cet accord évasif mais si significatif entre la caméra et la matière filmé, voire même le champ, cet espace entre le quotidien et les terrains vagues qui abritent des restes osseux des victimes. Parallélismes indiscutablement discursif sur l’art de la narration.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 6 septembre 2019

Réal.
Julien Elie

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2018 – Durée : 2 h 34

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a. & s.-t.f.

Dark Suns
Soles negros

Dist. @
FunFilm

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
[ Cinéma Moderne ]
[ Cinémathèque québécoise ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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