En couverture

Le meilleur des mondes

29 septembre 2019

Critique
| SCÈNE |
Élie Castiel

★★★★

Et si c’était une nouvelle
dystopie des possibles

Titre on ne peut plus paradoxal, mais qui convient au Meilleur des mondes dans sa récente version TDP. Inadaptable, Brave New World, le roman d’Aldous Huxley? Dans sa forme littéraire, critique, intellectuelle, impossible car ce sont des idées sur le monde, la vie, la science, l’évolution et autres formes de dictatures qui s’imposent à l’être et qui sont racontées dans une forme analytique et dans le même temps prenante.

Et soudain, comme par magie, il devient possible pour Guillaume Corbeil, qui a lu le roman vers 13-14 ans (il le dit lui-même dans le programme de la soirée). Il y a, dans sa proposition, une urgence, un risque, une aventure qui se dirige dans toutes les directions, au début sans savoir vers où. Le temps vient et tout s’organise; le résultat se transforme en une petite œuvre théâtrale magnifiquement pédagogique, proche des étudiants à qui elle s’adresse. Directe, énergique, mélangeant le français universel et le québécois comme il devrait s’institutionnaliser parmi la population de notre territoire, nouveaux-venus compris.

Kathleen Fortin et Benoît Drouin-Germain (© Gunther Gumper)

Mais ce qu’à le plus réussi Corbeil, c’est de conserver les multiples thèmes du roman, une thématique composée d’observations, de recherche sur la philosophie, l’histoire et voire même les diverses disciplines de l’art. Pour Corbeil aussi, une réussite inoubliable de voir son écriture risquée gravir les échelons de la scène. Qui sait? Possible témoignage d’un temps dans la scène d’ici.

Pour rendre cette audacieuse proposition crédible, un « maître » en scène, Frédéric Blanchette, devenu complice de la traduction très personnelle de Corbeil, croyant humblement en ce projet d’envergure. C’est important de parler de notre société de consommation, de sa drogue envers les plaisirs faciles, de son aveuglement devant les dictateurs, mais aussi de discourir sur la notion que ce que peut engendrer le « trop de démocratie » ou si cette idée venue des Grecs a perdu son vrai sens.

Pour rendre cette audacieuse proposition crédible, un « maître » en scène, Frédéric Blanchette, devenu complice de la traduction très personnelle de Corbeil, croyant humblement en ce projet d’envergure.

D’autre part, impossible de démarquer tel ou telle comédien(n), car tous et toutes participent admirablement à un jeu d’échecs et d’échecs entre la technologie, l’irréel du réel, et à l’intérieur desquels se glissent des faux-pas, des glissements de la nature humaine.

Mais il y a aussi un décor extraordinairement cinématographique où le blanc domine par son côté clinique et froid, scientifique, hors-d’humanité. Et une bande son, accompagnée de la musique postmoderne-futuriste de Ilyaa Ghafouri.

Et une fois n’est pas coutume, une intégration des comédiens des communautés culturelles dans la distribution ou dans l’équipe de création. Le Québec s’engage dans la voie de la diversité avec aplomb. Alpha, Bêta, Gamma, Epsilon… oui, comme au début des temps.

ÉQUIPE DE CRÉATION
Adaptation
Guillaume Corbeil
d’après le roman d’anticipation
Brave New World d’Aldous Huxley
Mise en scène
Frédéric Blanchette
Assistance à la mise en scène
Andrée-Anne Garneau

Distribution
Ariane Castellanos, Benoît Drouin-Germain

Mohsen El Gharbi, Kathleen Fortin
Simon Lacroix, Macha Limonchik
Scénographie
Pierre-Étienne Locas
Assistance à la scénographie
Xavier Mary
Musique
Ilyaa Ghafouri
Costumes : Linda Brunelle – Assistance aux costumes : Marie-Audrey Jacques
Chef Vidéo : Sandy Dionne – Conception vidéo : Randy Gonzalez
Maquillage : Florence Cornet – Perruques : Géraldine Courchesne

Production
Théâtre Denise-Pelletier
Durée
1 h 45

[ Sans entracte ]
Représentations
Jusqu’au 19 octobre 2019
TDP
[Grande salle]

MISE AUX POINTS

★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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