En salle

Buñuel après L’âge d’or

11 juillet 2019

PRIMEUR
| Semaine 28 |Du 12 au 18 juillet 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
À la suite du scandale de la projection de L’Âge d’or à Paris en 1930, Luis Buñuel se retrouve totalement déprimé et désargenté. Un ticket gagnant de loterie, acheté par son ami le sculpteur Ramon Acin, va changer le cours des choses et permettre à Buñuel de réaliser le film Terre sans pain et de retrouver foi en son incroyable talent.

< LE FILM de la semaine >
Yves Laberge

★★★★

SUR LE TOURNAGE DE LAS HURDES (TERRE SANS PAIN)

Ce long métrage d’animation s’apparente à une bande dessinée et raconte un point tournant dans la vie de Luis Buñuel (1900-1983), le seul cinéaste authentiquement surréaliste (il avait reçu l’approbation d’André Breton) après la sortie de son premier film, Un chien andalou, en 1929.

Après quelques retours en arrière pour montrer des souvenirs de jeunesse persistants comme cette procession aux tambours, Buñuel après L’âge d’or débute à Paris en 1930, au moment de l’interdiction du film : à 30 ans, Buñuel a de nouvelles idées pour des scénarios, mais personne ne veut financer ses projets. Il est célèbre et reconnu, mais c’est aussi un proscrit infréquentable, celui par qui le scandale arrive. En dépit des refus et des embûches, il entreprend de tourner — contre toute attente — non pas un film surréaliste comme les précédents, mais plutôt un documentaire, Las Hurdes, du nom d’une région montagneuse et défavorisée près de la frontière entre l’Espagne et le Portugal. En français, ce moyen métrage méconnu et souvent mal compris aura comme titre « Terre sans pain ».

Pratiquement tout le film Buñuel après L’âge d’or raconte l’élaboration et le tournage de ce projet humaniste. Salvador Simó insère même de courts extraits de Las Hurdes, ce qui apporte une contextualisation utile. On comprend mieux la relation empathique que Buñuel pouvait avoir avec la population isolée de cette région. Non pas de la pitié, mais plutôt de la commisération.

C’est une bonne idée de centrer tout ce film sur cette courte période transitionnelle, ce qui permet un approfondissement du sujet. Visuellement, le film de Simó est une réussite, par ses couleurs, la qualité des cadrages, le rythme, l’originalité. Le cinéaste réussit à éviter la laideur, la complaisance, la violence extrême, ce qui contraste avec tant d’autres exemples. On est quelquefois agacé par les dialogues peu plausibles et certaines situations anecdotiques, non-avérées historiquement, qui servent surtout à caractériser les personnages.

Pratiquement tout le film Buñuel après L’âge d’or raconte l’élaboration et le tournage de ce projet humaniste. Salvador Simó insère même de courts extraits de Las Hurdes, ce qui apporte une contextualisation utile. On comprend mieux la relation empathique que Buñuel pouvait avoir avec la population isolée de cette région. Non pas de la pitié, mais plutôt de la commisération.

Ici, l’entourage parisien des Surréalistes semble parfois superficiel et snob, ce qui est inexact. On repense momentanément à cette séquence comique de la rencontre avec les Surréalistes dans un autre film, Midnight in Paris, de Woody Allen. Mais au moins, Salvador Simó fait parler les Parisiens en français dans le film (en non en espagnol ou en anglais). Somme toute, on est intéressé par cette période assez unique, caractérisée par une créativité illimitée et inégalée.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 12 juillet 2019

Réal.
Salvador Simó

Genre(s)
Animation

Origine(s)
Espagne

Pays-Bas
Allemagne

Année : 2018 – Durée : 1 h 20

Langue(s)
V.o. : espagnol, français; s.-t.a. & s.-t.f.

Buñuel in the Labyrinth of the Turtles
Buñel en el laberinto de las tortugas

Dist. @
[ GKids ]

Classement
NC
[ Non classé ]

En salle(s) @
Cinémathèque québécoise

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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