En salle

Nuestro tiempo

20 juin 2019

PRIMEUR
| Semaine 25 |
Du 21 au 27 juin 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
D’une histoire de famille mexicaine, éleveurs de taureaux, puis d’une crise de couple, le film passe de l’universalité au contingent avec une facilité trop désarmante. Pas de routine dans ces séquences de combat – de taureaux, d’affrontements humains -, encore moins de prévisibilité, mais une sorte d’urgence à capter un réel, à façonner un temps, une durée (près de trois heures) qui ne nous appartient pas. (Pascal Gavillet, Venise 2018 pour La Tribune de Genève).

< Critique >
Élie Castiel

★★★★

LA FEMME INFIDÈLE

L’infidélité, serait-elle une forme d’ascèse, une question de spiritualité, certes difficile à gérer malgré tout le vouloir du monde, mais qui convoque une maturité non seulement audacieuse, mais tout aussi perverse.

Le nouveau film, de Carlos Reygadas, beaucoup plus terre-à-terre que, par exemple, Japón (2002) et plus proche du superbe Post Tenebras Lux (2012) rejoint des voies qui ressemblent à la biographie, sans l’être. Natalia Lopez, la compagne du cinéaste dans la vraie vie, tient le rôle principal féminin, Leurs enfants jouent aussi dans le film et campent des rôles aussi importants. Il y a, dans la mise en scène de Carlos Reygadas, une sorte de fenêtre indiscrète ouverte au regard des spectateurs. Un cadre cinématographique qui pendant presque trois heures de projection nous raconte le récit d’une possible rupture.

L’exigence formelle héritée des grands maîtres comme Tarkovski, Dreyer, Bresson et d’autres acolytes partageant la même pensée cinématographique ne cesse de se manifester tout le long de ce récit parfois fragmenté, oscillant entre l’existence des rancheros et le drame intime. Mais ce qui frappe davantage dans Nuestro tiempo, titre d’autant plus significatif, c’est bel et bien la direction d’acteurs, la précision qu’ils exercent pour rendre leurs personnages aussi réels qu’incandescents et vivre « les temps d’aujourd’hui », signification sans doute du titre.

Il y a aussi du Bergman et ses fameuses scènes conjugales. L’amour, le vrai, celui qui s’effrite avec le passage des ans, l’habitude peut-être, celle qui au lieu de briser le cœur, l’anime de nouveaux sentiments, d’autres affinités. Comme s’il s’agissait d’un éternel recommencement.

C’est triste, certes, mais ose revendiquer la liberté comme méthode de survie. Et ces brèves séquences de bestiaux qui se heurtent les uns aux autres, non seulement splendide image de la lutte incessante pour la survie, mais plus que tout, grandiose métaphore de l’innocence perdue et du rapprochement entre le règne animal et l’espèce humaine. La trame sonore (dont celle de Genesis), produit une sensation de bien-être aussi bien qu’une étrange perception de vide existentiel.

Il y a aussi du Bergman et ses fameuses scènes conjugales. L’amour, le vrai, celui qui s’effrite avec le passage des ans, l’habitude peut-être, celle qui au lieu de briser le cœur, l’anime de nouveaux sentiments, d’autres affinités. Comme s’il s’agissait d’un éternel recommencement.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 21 juin 2019

Réal.
Carlos Reygadas

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Mexique – France

Allemagne

Année : 2018 – Durée : 2 h 53

Langue(s)
V.o. : multilingue ; s.-t.f. & s.-t.a.

Notre temps
Our Time

Dist. @
[ Monument Releasing ]

Classement
[ NC ]

En salle(s) @
Cinéma Moderne
Cinémathèque québécoise

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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