En couverture

Alegría

29 avril 2019

critique
[ ART CIRCASSIEN ]
Élie Castiel

★★★ 

UN SPECTACLE QUI CHERCHE SA VOIE
ET LA TROUVE EN QUASI FIN DE PARCOURS

Par défaut, les clowns font partie du spectacle de cirque, y compris ceux du Cirque du Soleil, compagnie assujettie à cette forme de la représentation qui, nous devons le constater, n’a pas évolué du bon côté, les protagonistes se limitant à des bruits étranges, des paroles à peine compréhensibles, essayant de mêler toutes les langues du monde en quelques secondes, et créant des incidents « arrangés avec le gars du cirque » censés être comiques, issus directement de ces programmes populaires de chaînes de télévision spécialisées, souvent pas drôles.

Crédit photo : © Marie-Andrée Lemire

Sous le chapiteau, le cirque rappelle les arènes de Rome où autrefois avaient lieu des Jeux beaucoup plus sanglants. Les mœurs, sur ce point, ont évolué à travers les siècles et les agglomérations populaires sont devenues de occasions d’approuver notre satisfaction par des applaudissements nourris et des ovations debout – qualité montréalaise d’exception; à tel point qu’il n’est plus possible de séparer le bon grain de l’ivraie.

Quoi qu’il en soit, Alegría (en français joie, ou bien plaisir, ou encore bonheur) dans sa nouvelle version semble se chercher une voie. La forte présence des incontournables clowns engendre une volonté de ne pas aller aussi loin qu’avant, particulièrement si l’on tient compte du résultat.

Et comment ne pas souligner la participation de plusieurs pays comme l’Allemagne, les États-Unis, l’Ukraine, l’Espagne et la Russie… et bien entendu, le Canada. Comme quoi l’adresse, le brio et l’aptitude s’exportent et s’importent, faisant tourner la roue du monde.

Mais il y a les corps, de ces jeunes hommes et jeunes femmes au meilleur âge de leur vie, alors tout leur est permis et qui, lorsqu’on a le talent voulu, transforment la charpente humaine en un laboratoire du mouvement exceptionnel. Comme peuvent en témoigner les numéros de sangles aériennes, d’une sensualité à fleur de peau, la manipulation des cerceaux, là où la précision est une denrée rare.

Ou encore le Duo Trapèze Synchronisé, sorte de pas de deux féminin/masculin qui n’est guère embarrassé (et c’est tant mieux!) de ce rapprochement des corps. Car dans tout spectacle circassien, le corps est le principal attribut et ce qu’on peut faire de ce mélange de chair, d’os et d’autres ingrédients externes et internes le temps que dure le spectacle ne peut passer inaperçu.

À l’entracte, on profite pour nettoyer la scène de ces bouts de carrés de papier tomber également sur les spectateurs (l’auteur de ces lignes ont a reçu une dizaine, avec le sourire, comme il se doit).

Et puis la deuxième partie, plus courte mais plus efficace où le rêve du spectacle se réalise pour le bonheur de tous et de toutes. Quant aux participants, parité des sexes qui placent cette entreprise du divertissement au bon endroit, au bon moment. Nous ne pouvons que féliciter le Cirque du Soleil en ce qui a trait à l’embauche de nouveaux talents. Et comment ne pas souligner la participation de plusieurs pays comme l’Allemagne, les États-Unis, l’Ukraine, l’Espagne et la Russie… et bien entendu, le Canada. Comme quoi l’adresse, le brio et l’aptitude s’exportent et s’importent, faisant tourner la roue du monde. Exemple à suivre, en tout cas, dans les domaines du cinéma, du théâtre et des médias.

Sans oublier la partition musicale, parfois émouvante ou carrément… sexy. N’ayons pas peur des mots.

Crédit photo : © Marie-Andrée Lemire

Durée
2 h 20 approx.
(1 entracte)

Représentations
Jusqu’au 30 juin 2019
@ sous le Grand Chapiteau
[ Quais du Vieux-Port de Montréal ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★  Très Bon. ★★★  Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

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