En salle

La fin des Terres

11 mars 2019

| PRIMEUR |
Semaine 10
Du 8 au 14 mars 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Sur fond d’errance à travers les lieux qui ont fait le Québec, le cinéaste donne la parole à des jeunes qui n’ont pas pu voter au référendum de 1995. C’est à partir d’eux-mêmes qu’ils cherchent aujourd’hui à créer de nouvelles « Terres des Hommes »..

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

LE CHAMP DES (IM)POSSIBLES

PLUSIEURS IMPULSIONS parce que senties sur le coup se dressent sur un Québec actuel dépossédé d’un projet concret de Nation, parce que prisonnier des abysses d’un mélange de multiples pensées sur la question nationale. Les paroles sont jeunes, celles de millénariaux (certains préfèrent dire milléniaux, ça sonne mieux!), essentiellement des Québécois de souche, bien que des insert amérindiens, latino-américains et québécois-anglophones (parlant québécois avec un accent charmant et tout aussi revendicateur) se glissent dans ce film verbal où les images cristallisent magnifiquement bien les propos.

Des lieux de Montréal sont filmés dans des ton graves, glauques même, plans larges en vol d’oiseau sur une métropole moderne qui semble engloutir tout sur son passage, stations de métro impeccables, glaciales, cliniques (trop à en juger par nos voyages quotidiens), extérieurs dénudés et rocailleux. Le côté illustratif se donnent à cœur joie, ne se souciant guère de la narration et c’est là le but, s’emparant du sujet pour le faire sien. La beauté des plans est majestueuse.

Certaines voix expriment la douleur d’avoir perdu un projet, d’autres ne tiennent pas « à appartenir, ils veulent… », phrase incomplète comme si le mot but n’existait pas ou n’existait plus ou si l’interlocuteur n’était pas certain de sa réflexion. On fait directement allusion à la vision du cinéma de Pierre Perreault comme chantre de la québécitude au cinéma, celui par qui des forces se sont forgées pour raconter le pays, pour l’exposer au regard du peuple. Après tout ce temps, pour rien peut-être? Les milléniaux, ces arrivants d’un nouveau siècle qui semble se heurter contre quelque chose de perdu. Où vont-ils? Référendum ou pas, votes ou pas, autant d’éclatements avortés, quelques pauses prometteuses, mais rien de plus. L’épisode des casseroles résonne comme un jeu d’enfant. Définitivement, comment un Québec francophone peut-il survivre, entouré d’un océan terrestre anglo-saxon issu de l’ouest à l’est, du nord au sud? On est bouleversé devant certains témoignages, d’autres nous semblent naïfs, la question de l’autre ne semble pas réglée.

Certaines voix expriment la douleur d’avoir perdu un projet, d’autres ne tiennent pas « à appartenir, ils veulent… », phrase incomplète comme si le mot but n’existait pas ou n’existait plus ou si l’interlocuteur n’était pas certain de sa réflexion.

Mais le film nous donne une réponse à une interrogation qu’on se fait dernièrement sur l’apport des voix venues d’ailleurs dans les médias et la culture, moins que dans d’autres sphères de la vie : ici et là quelques exemples illusoires se font voir ; mais dans l’ensemble, les médias et la culture québécoise se protègent avec ardeur, parfois arrogance, bien souvent cynisme. Mesure de protection? Mais pour intégrer l’autre, il faudra justement « l’intégrer », surtout lorsque cet autre sent un besoin viscéral d’avoir une nouvelle appartenance. Les propos des intervenants et des intervenantes posent à peine, en filigrane, la question.

Sans le vouloir, La fin des Terres est un film politique parce qu’à travers la parole souvent pas prise trop au sérieux, se cache sournoisement un esprit rationnel de survie qui, j’espère, me semble faut, « Nous et pas les autres » : Loïc Darses soulève le débat à travers les mots et la pensée, parfois indécise d’une nouvelle génération. La technologie aurait-elle un rapport avec tout cela? La pensée était le résultat d’une réflexion cartésienne et engagée, issue des livres, des pamphlets et de capharnaüm révolutionnaires. Avec le trop d’information des réseaux sociaux, les pistes s’embrouillent. Le Québec est un vaste champ de possibles ou leurs contraires. Un pays encore et toujours en devenir!?

FICHE TECHNIQUE

Sortie
Mardi 12 mars 2019

Réal.
Loïc Darses

Origine(s)
Québec [ Canada ]

Année : 2018 – Durée : 1 h 30

Genre(s)
Essai documentaire

Langue(s)
V.o. : français
La fin des terres

Dist. @
ONF


Classement
En attente

Info. @
Cinémathèque québécoise
[ dès le mardi 12 mars 2019 ]
Cinéma Moderne
[ dès le vendredi 22 mars 2019 ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.   Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

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