En salle

Les salopes ou le sucre naturel de la peau

2 novembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 44
Du 2 au 8 novembre 2018

SYNOPSIS SUCCINCT
Experte en dermatologie et professeure d’université, Marie-Claire poursuit un projet de recherche sur le désir charnel et la stimulation des cellules. Dans le but d’établir un rapport entre le plaisir érotique et la peau, cette femme mariée et mère de deux enfants se livre à une série de relations sexuelles hasardeuses.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

L’ÉPIDERME ET SA DIVERSION, L’ÉROTISME

Le deuxième long métrage de Renée Beaulieu après Le garagiste surprend avantageusement. Parce que distancié de la réalité, plus proche du désir, le féminin, le tabou, l’interdit. La cote interdit aux moins de 16 ans n’est donc pas pour mesurer l’impact érotique du film, mais au contraire pour sa mise à exécution inconditionnelle, montrant l’acte sexuel comme une activité biologique où l’amour peut être absent. Mais l’est-il vraiment? C’est la question que se pose la protagoniste du film.

Il s’agit d’une œuvre organique, tournée à petit budget, mais qui brille par sa continuité dans le propos. On n’est pas surpris du blanc qui domine le film. Couleur clinique, au diapason de la profession que pratique Marie-Claire. Tiens! un prénom double non choisi au hasard, mais signifiant la (fausse) virginité et la clarté (tout recommencer car rien n’est acquis) de l’héroïne. Mais le centre des Salopes ou le sucre naturel de la peau réside dans l’interrogation qu’il émet : dans l’acte sexuel, l’amour existe-t-il? Question à laquelle répond Beaulieu dans un plan final magistral, teinté d’une expression du visage féminin face aux spectateurs, avec objectif rapproché et qui vaut mille mots et soulève la discussion autour d’une sous-intrigue que vous découvrirez sur le #Moi/Aussi.

Pour le cinéma québécois, une surprise de taille,
car il s’agit d’un film qui, normalement, devrait susciter
de nombreux débats. Et pour une fois, notre cinéma montre
avec acuité que l’épiderme n’a jamais paru aussi délicat.

Brigitte Poupard est farouche et désirable à la fois, illumine le film de rapports à l’autre teintés autant de cynisme que de curiosité que d’aucuns peuvent trouver malsains. C’est le récit d’une femme amoureuse ou peut-être pas qui pratique une profession (chercheuse dans un laboratoire de l’université) privilégiant la peau, organe extérieur de l’individu, dans le contexte du film, substance qui apparaît comme un cobaye, une bête de laboratoire aux multiples tractations.

Pour le cinéma québécois, une surprise de taille, car il s’agit d’un film qui, normalement, devrait susciter de nombreux débats. Et pour une fois, notre cinéma montre avec acuité que l’épiderme n’a jamais paru aussi délicat.

Sortie
Vendredi 2 novembre 2018

Version originale
français ; s.-t.a.
Les Salopes or The Natural Wanton of Skin

Réal.
Renée Beaulieu

Genre : Drame psychologique – Origine : Québec [ Canada ]
Année : 2018 – Durée : 1 h 37
Dist.
Filmoption International

Info. @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 16 ans
[ Érotisme ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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