En salle

Space on the Corner

18 octobre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 42
Du 19 au 25 octobre 2018

SYNOPSIS SUCCINCT
Un local vide, ancienne pharmacie, quelque part sur l’avenue du Parc, à Montréal. Deux nouveaux propriétaires s’inquiètent de plus en plus du lieu ; sans oublier plusieurs locataires qui, eux aussi, doivent subir les conséquences de cette transaction.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★

ESPACE NEUTRE

Côté trois étoiles (bon). Pourquoi pas? Parce que Sylvain Brosset risque le tout pour le tout, quitte à se casser la gueule, conscient qu’il lui faudra encore de beaucoup d’expérience pour parvenir à quelque chose de plus solide. Et peut-être que la prochaine fois il pourrait nous surprendre. Le jeune cinéaste, l’homme, est de ceux qui n’exhibent pas leur savoir-faire. Quelque chose de candide, de franc, de charmant même, émane de sa personnalité.

Élément qui se transmet dans ce premier long métrage québécois d’un Français, tourné en anglais, au Québec, et plus particulièrement à Montréal, lieu de toutes les tensions linguistiques, avouons-le quand même polies. C’est jouissivement effronté. La salle de projection, il l’a trouvé chez Bernie, le grand patron du Dollar Cinema, lieu de tous les possibles, et parfois aussi des impossibles.

Mais c’est aussi un film sur un quartier que Brosset
aime d’un amour inconditionnel, là où les langues aux
multiples  sonorités se délient comme pour protéger
un territoire, sans acclamations politiques.

Et avec des comédiens issus des communautés culturelles, visibles et invisibles. Mais qu’il traite et dirige comme intégrés dans une ville multidisciplinaire aux diverses origines. Il n’est donc pas surprenant que la grande partie du film se passe dans un espace neutre (une ancienne pharmacie sise sur Côte-des-Neiges) vidée, prête à recevoir un ou des nouveaux propriétaires. Voilà pour le fil narratif aux métaphores sociales révélatrices.

Et puis des négociations, de conversations autour des changements à faire, des discussions banales et souvent riches en significations, dont la plus importante demeure celle entre les deux interlocutrices qui parlent de ce Québec contemporain où on n’a jamais autant parlé des autres, d’intégration, d’immersion, d’assimilation et de perte identitaire de part et d’autre. Tout en soulignant l’importance de la religion dans la vie de la majorité silencieuse, de ces croyances qui ne reculent devant rien pour obtenir le silence des fervents.

Sylvain Brosset tâte plusieurs terrains à la fois, sans concessions, se heurtant parfois à des obstacles; mais n’oublie pas d’inclure, le temps d’une courte séquence, Bashar Shbib, coproducteur, que nous avions perdu de vue depuis pas mal de temps comme réalisateur. Tout comme s’il devait superviser le travail de son apprenti, dont c’est ici le premier long métrage.

Mais c’est aussi un film sur un quartier que Brosset aime d’un amour inconditionnel, là où les langues aux multiples sonorités se délient comme pour protéger un territoire, sans acclamations politiques. Peut-être que la prochaine fois, il pourra nous convaincre encore plus du bien fondé de sa vision des images en mouvement. Un début qu’il faut encourager parce que le nouveau ne fait pas peur. Au contraire, il aide à se réaliser.

Sortie
Vendredi 19 octobre 2018

V.o.
anglais ; s-t.f.
Espace à louer

Réal.
Sylvain Brosset

Genre
Sketches

Origine
Québec [ Canada ]

Année : 2018 – Durée : 1 h 21

Dist.
Sunset Pictures

Horaires & info. @
Dollar Cinema

Classement
Tous publics

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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