En salle

Anthropocene

18 octobre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 42
Du 19 au 25 octobre 2018

SYNOPSIS SUCCINCT
L’activité humaine menace plus que jamais l’équilibre de l’écosystème terrestre. Partout sur la planète, le constat est le même : l’activité industrielle incontrôlée mène directement à une catastrophe qui s’annonce irréversible si rien n’est fait.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

LE MÉDIUM EST LE MESSAGE

Premier plan, un feu transperce l’écran et semble durer une éternité, annonciateur d’un essai documentaire laissant le spectateur averti stupéfait. Car l’horreur des dommages faits par l’Homme à la planète n’est pas montrée selon une approche sensationnaliste, mais empreinte de ce qu’on peut qualifier de rhétorique de l’image. Comme si on exprimait le visuel philosophiquement, poétiquement, comme un canevas peint.

D’où le genre attribué au film, « essai» documentaire, format auquel les trois cinéastes sont habitués. Ce qu’on montre est bien connu depuis des années, les écrits, les livres, certains débats à la télé, des documentaires, des groupes activistes et partis politiques ont en parlé depuis l’avènement du phénomène de l’écologie.

Mais avant tout, Anthropocene (composé de deux mots grecs) est un film pour les inconditionnels des images en mouvement traitées avec poésie, recul devant le sujet abordé et un sens inné, quasi clinique du témoignage. Du fait de leurs approches créatrices qui ne font qu’une, Baichwal, Burtynski et de Pencier revendiquent un cinéma documentaire autre, offrant une double identité, message (pour la survie de l’espèce) et cinéma identitaire (innovation dans le récit, dépasser la forme).

D’aucuns trouveront la démarche prétentieuse
d’autres seront animés par cette poursuite insistante
des mauvais coups que l’humain afflige sur le seul territoire
où, pour l’instant, il peut vivre (ou survivre), la Terre.
Le reste, ça ne tient qu’à vous.

Le résultat est aussi foudroyant qu’essentiel, mais dans le même temps, selon notre éducation, notre connaissance de l’art (de l’Histoire de l’art aussi) et de la vie, on peut sentir un certain ennui par moments. Cela va de soi. Belle utilisation de la bande son, dont un extrait de Don Giovanni (l’apparition-fantôme du Commandeur), sans doute le plus beau morceau mozartien mais qui, ici, se perd à travers le bruit incessant de ces machineries lourdes dénaturant, pour ne pas dire, détruisant la terre.

Et puis un commentaire éloquent, mais sans insistance, neutre, sans donner de leçons, respectant l’intelligence du spectateur. Noble intention que celle des trois admirables cinéastes toujours à l’affût de ce qui ne va pas; dans cette dernière partie de la trilogie entamée par Manufactured Landscapes et suivie de Watermarks, on peut, de temps en temps, sentir la redite, mais n’empêche que ces interrogations sont toujours absolues.

Les déchirements de la planète Terre, nous les connaissons. Mais c’est la forme qui compte ici, une amour du cinéma par le biais de sophistications visuelles et d’utilisations de diverses formes de filiation. Couleurs, joutes picturales qui évoquent certains noms de la peinture classique et moderne.

Et chaque pays compte, chaque mesure prise aussi. Aucune parole révoltante, mais un précis visuel sur la condition planétaire. C’est parfois esthétiquement trop prononcé, comme si cela était la véritable intention des trois acolytes. D’aucuns trouveront la démarche prétentieuse, d’autres seront animés par cette poursuite insistante sur les mauvais coups que l’humain afflige sur le seul territoire où, pour l’instant, il peut vivre (ou survivre), la Terre. Le reste, ça ne tient qu’à vous. Notre Pascale Bussières nationale prête sa voix convaincante et feutrée à la narration française d’un film non conventionnel.

Sortie
Vendredi 19 octobre 2018

V.o.
anglais ; s.-t.f.
Anthropocène : L’époque humaine
Anthropocene: The Human Epoch


Réal.
Jennifer Baichwal
Edward Burtynsky
Nicolas de Pencier

Genre
Documentaire social

Origine
Canada

Année : 2018 – Durée : 1 h 27

Dist.
Métropole Films

Horaires & info. @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Tous publics

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.