En salle

Ceux qui viendront, l’entendront

7 juin 2018

| PRIMEUR |
Semaine 23
du 8 au 14 juin 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Devant la caméra, des représentants de diverses communautés autochtones évoquent le déclin de leur propre civilisation et les conséquences de la disparition possible de leurs langues ancestrales.

CRITIQUE
[ Anne-Christine Loranger ]

★★★

Toucher aux racines primordiales

La directrice de théâtre Pol Pelletier expliquait que l’une des difficultés des acteurs québécois dans leur relation à la parole et au texte venait du fait qu’ils étaient, même de très loin, les héritiers de peuples autochtones qu’on avait empêché de parler leur langue. ‘Tu vois chez certains acteurs, et ce malgré tous leurs efforts, qu’il y a quelque chose de barré, de bloqué dans leur bouche. Leur mâchoire ne veut pas s’ouvrir. ‘Cela’ ne veut pas parler.’ C’est ce ‘cela’ que révèle Ceux qui viendront l’entendront de Simon Plouffe, en permettant d’entendre les rythmes et les mots de langues parlés en terre Nord-Américaine depuis des millénaires. Les locuteurs natifs de Plouffe, qu’ils s’expriment en innu, atikamek, abénaquis, naskapie ou mohawk, dévoilent des trésors de richesses spirituelles et une profonde compréhension de la place de l’être humain au sein de son environnement. En même temps, ils dévoilent leur désarroi au sein d’un monde où une langue meurt et disparaît à tous les quinze jours et où, souvent, ils n’arrivent plus à communiquer parce que plus personne autour d’eux ne parle leur langue.

« Quand une parole est offerte, elle ne meurt jamais.
Ceux qui viendront, l’entendront.’
‘Menutakuaki aimun, apu nita nipumakak.
Tshika petamuat nikan tshe takushiniht. »

Joséphine Bacon, poète innue

À l’heure où le monde autochtone se promène en motoneige, le réalisateur a choisit de mettre ses pas dans les pas des Anciens et de marcher à leur rythme à travers ses images. Ici, pas de poursuite endiablée en traîneaux à chiens mais une marche en raquette, lente et patiente, une quête de sens qui dévoile des paysages secrets où la poudrerie et les brumes pour une fois se dispersent. Ce ne sont plus seulement les Anciens alors qui parlent dans des mots dont l’origine se perd dans la nuit des temps mais la terre québécoise elle-même, douce ou glacée, qui se met à chanter.

Sortie
vendredi 8 juin 2018

V.o.
multilingue / s.-t.f.
Those Who Come, Will Hear 

Réalisation
Simon Plouffe

Genre
Documentaire

Origine
Québec [Canada]

Année
2017

Durée
1 h 17

Distributeur
Les Films du 3 mars

Horaires & info.
@ Cinémathèque québécoise

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]

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