En salle

Dalida

27 avril 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1, aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de Gigi l’Amoroso en 1974, portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire. Une femme moderne à une époque qui l’était moins.

COUP DE CŒUR
★★★★
Texte : Élie Castiel

JE SUIS TOUTES LES FEMMES

En principe, ou sans doute par habitude, pour une publication spécialisée comme Séquences, on opte pour un film « Coup de cœur » d’auteur qui, en quelque sorte, propose un nouveau regard sur le cinéma. Et puis, voilà que cette semaine, le rédacteur en chef a choisi Dalida, indéniablement, le meilleur film de Lisa Azuelos, après quelques réalisations grand public où la femme est le centre d’intérêt, avec des résultats quasi satisfaisants – Comme t’y es belle (2006), les deux LOL (2006 et 2008) et, entre autres, 14 millions de cris (2014), un beau documentaire de court métrage sur le mariage (presque) forcé.

Dalida_Coup de coeur (En salle 02)

Et puis un film fait avec le cœur, une sorte d’hommage à une légende de la chanson populaire française. Oui, bien sûr, il y a la Môme, l’irremplaçable et unique Piaf, mais il y a aussi Dalida. À son arrivée en France, son succès est presque immédiat. Mais derrière les rideaux de scène, une femme qui se veut libre à une époque où les conventions sociales respirent encore l’air d’une époque judéo-chrétienne qui vibre au son d’un paternalisme foudroyant. Et comme ce fut le cas de Brigitte Bardot, qui a aussi fait des tentatives de suicide, et Maria Callas, qui en quelque sorte est morte d’un chagrin d’amour, Dalida pose en quelque sorte la vraie question sans vraiment prononcer les mots : peut-on être femme, artiste, et vivre le parfait amour avec un homme, une maison et des enfants ? Question apte aux meilleurs mélodrames, mais qui dans la vie de la star est une réalité quotidienne. Les succès se succèdent autant que les hommes de sa vie, parmi lesquels Jean Sobieski, oui, le père de l’actrice Leelee Sobieski, Luigi Trenco, Lucien Morisse, Richard Chanfrey. Certains se suicident pour diverses raisons et elle ressent toute la tristesse et l’abandon du monde.

Ce que montre Dalida, c’est bel et bien le personnage de la mort qui rôde autour de la vedette, d’où une prédilection omniprésente pour les parties chantées, adroitement intégrées au récit. Aucune fausse note, un respect pour l’artiste confirmé par l’interprétation hallucinante de Sveva Alviti, véritable Dalida ressuscitée, s’offrant corps et âme à son personnage de femme et de chanteuse.

Dalida, un film-miroir autant qu’un miroir-reflet
de  soi-même, un film incondescent d’une
rare fluidité, habile et lucidement généreux.

En effet, pour Lisa Azuelos, Dalida, est « toutes les femmes », la belle, l’attirante, la sexy, la libre, celle qui pense et réfléchit, mais aussi l’amoureuse, celle qui veut une vie normale à l’intérieure d’un quotidien, lui plutôt surmené. Entre la réalisatrice, totalement engagée dans ce projet, et Dalida, sous les traits de Sveva Alviti, un dialogue harmonieux, une complicité étonnante qui se conjugue au pluriel, une intense relation qui les unit magistralement.

Dans ce film magnifique, la mort n’est pas morbide ; elle est au contraire, empreinte de mélancolie, d’une époque autre, d’une nostalgie difficile à expliquer car elle ne s’incarne pas. Elle est tout simplement du domaine des sens. Et puis les concerts, dont on n’entendra pas les chansons en entier.  Assez de strophes pour nous faire comprendre la notoriété d’une telle artiste. L’étrangère qui a choisi la France pour s’exprimer par le biais de paroles enchanteresses. Et la France qui l’a intégrée immédiatement. Le public aussi, normalement peu fidèle puisqu’il est constamment nourri de nouvelles propositions. Sauf dans certains cas comme celui de Piaf, Brassens, Barbara… et Dalida. Parce qu’ils sont du domaine du classique.

Dalida_Coup de coeur (Primeurs)

À Séquences, opter donc pour un film « Coup de cœur » grand public n’est pas si grave que ça ! C’est au contraire affirmer que le cinéma est un instrument de transmission de sentiments, de correspondances, de références et d’états d’âme intérieurs qui vont dans tous les sens. Et dans Dalida, Lisa Azuelos l’a compris admirablement, un film-miroir autant qu’un miroir-reflet de soi-même, un film incondescent d’une rare fluidité, habile et lucidement généreux. Dalida est définitivement toutes les femmes, entière et sincère.

[ Rencontre avec Lisa Azuelos ici. ]

Séquences_Web

Sortie :  vendredi 28 avril 2017
V.o. :  français, italien / s.-t.f.

Dalida

Genre :  Drame biographique  – Origine : France –  Année :  2017 – Durée :  2 h 07  – Réal. :  Lisa Azuelos – Int. : Sveva Alviti, Vincent Perez, Jean-Paul Rouve, Riccardo Scarmaccio, Niels Schneider, Patrick Timsit – Dist. :  Les Films Séville.

Horaires
@
  Cinéma BeaubienCineplex

Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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