En salle

L’Ange gardien

6 mars 2014

EN QUELQUES MOTS

★★★ ½

Malgré les faiblesses de son premier long métrage, Le Petit Ciel (1999), on décelait chez Jean-Sébastien Lord une certaine désorganisation intentionnelle dans la mise en scène, bordélique, libre de tous les codes normalement utilisés, sincère, nous laissant croire à une suite prometteuse. Le pari est vachement réussi. Ce deuxième long métrage dévoile un cinéaste mûr, observateur de la société contemporaine, n’ayant plus rien à prouver que de mettre en scène un film qui fonctionne admirablement bien dans sa construction, portrait d’une société écorchée, montrant des situations qui poussent les individus à remettre en question leur comportement, laissant la porte ouverte à de nombreuses possibilités. Certains lui reprocheront d’avoir choisi la voie de la facilité. Faux, puisqu’il s’agit ici d’un film qui, malgré des apparences à double sens, propose une vision de l’existence objective et subtilement réaliste. Il y a, dans L’Ange gardien, quelque chose qui ressemble au néant, au rien, à ce sentiment qui nous laisse parfois sans défense. Dans notre cinéma, il y a là un grand risque à exprimer une telle proposition, mais Jean-Sébastien Lord maîtrise son matériau jusqu’à lui attribuer une âme.

Délaissant les critiques théologiques du Petit Ciel, il se penche cette fois-ci sur des idées proches de l’être et de ses expériences dans la vie : la peur de vieillir, les conflits intergénérationnels, la complexité du deuil et l’amour parental, plus fort que tout.  Mais ce qui frappe d’emblée dans ce récit, également sur la solitude et la recherche de l’autre, demeure la création d’atmosphères, notamment en milieu clos. Sensations de malaise et de résignation que manifeste un Guy Nadon exceptionnel, tant dans sa physicalité et sa gestuelle que dans son rapport aux individus. La relation ambiguë père/fille prend soudain d’autres formes que le cinéaste aborde avec une émouvante sensibilité.

Avec L’Ange gardien, Jean-Sébastien Lord a construit une œuvre singulière qui ne pourra être apprécié qu’en écoutant les divers mouvements  sonores et narratifs que déploie le film, les non-dits, les silences, certaines paroles qui se chuchotent, se confondent et résonnent comme des bruits qui nous éveillent de notre torpeur. Si Sophie Desmarais est considérée comme la nouvelle vedette du cinéma indépendant québécois, Marilyn Castonguay (notamment remarqué dans les Podz, L’Affaire Dumont et Miraculum) lui emboîte le pas avec une assurance loin d’être concurrentielle. Indéniablement, L’Ange gardien est une belle réussite de notre cinématographie. >> Élie Castiel

Sortie : Vendredi 7 mars 2014
V.o. : Français

DRAME | Origine : Canada [Québec]  – Année : 2014 – Durée : 1 h 34  – Réal. : Jean-Sébastien Lord – Int. : Guy Nadon, Marilyn Castonguay, Patrick Hivon, Véronique Le Flaguais, Frédéric Pierre – Dist. / Contact : K-Films Amérique | Horaires / Versions / Classement : Beaubien Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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