En salle

Fleuve noir

2 août 2018

| PRIMEUR |
Semaine 31
Du 3 au 9 août 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
En enquêtant sur la disparition d’un adolescent de 16 ans, le commandant de police François Visconti soupçonne un certain Yan Bellaile, qui a déjà enseillé au garçon et poursuit une carrière d’écrivain.

CRITIQUE
| Charles-Henri Ramond |

★★★  ½

POLAR VENIMEUX

Après un passage à vide dans les années 2000, Erick Zonca revient en force avec ce suspense psychologique venimeux dans la lignée des polars français des années 80. Loin des intrigues fades ou univoques, celle de Fleuve noir se révèle en brassant divers genres, sans vouloir en privilégier un plus qu’un autre. Drame intimiste et chronique sociale marquent de leur empreinte cette enquête policière dans une proposition ambitieuse qui peut paraître touffue, voire désordonnée, mais qui n’en fait pas moins ressortir des personnages forts, chargés de drames humains profondément enracinés. Ce n’est pas tant le déroulement de l’enquête qui compte ici.

 

Drame intimiste et chronique sociale marquent de leur
empreinte cette enquête policière dans une proposition
ambitieuse qui peut paraître touffue, voire désordonnée, mais
qui n’en fait pas moins ressortir des personnages forts,
chargés de drames humains profondément enracinés.

Il est somme toute assez classique, et non dénué de fausses pistes tirées par les cheveux. Au lieu de cela, le réalisateur de La vie rêvée des anges préfère composer des protagonistes complexes, à mille lieux des clichés et des monolithes. Le flic désabusé, alcoolique et père indigne (il y a du Simenon dans ce Cassel), la mère au foyer sacrifiée par son mari et ses enfants (Sandrine Kiberlain, étonnamment effacée), l’auteur en mal de reconnaissance (glaçant Romain Duris). Le manque d’amour et l’absence d’attention des autres, définissent ces trois identités qui ne pourraient très bien n’en faire qu’une seule. Leur confrontation dans ce récit de quête existentielle ne fera qu’exacerber leur déchéance personnelle, mais aussi celle de la famille nucléaire et, par extension, celle de la société tout entière.

Là est toute la difficulté dans l’approche de Fleuve noir, qui a fortement divisé la critique française. Faire la part entre le drame humain et le polar exige de jongler sans cesse entre les styles et les genres, entre l’intime et le codifié. Du côté de la mise en scène, moins de surprises nous attendent. L’esthétique est léchée, peut-être même un peu trop par moments. Zonca parvient toutefois à construire des ambiances plus glauques les unes que les autres. Il ménage des zones d’ombres, des hors cadres, des profondeurs de champs et des clairs obscurs riches de signification. En somme, Fleuve noir retient l’attention autant pour ses fulgurances que ses longueurs, nous rappelant au passage que les meilleurs héros de cinéma sont sans doute ceux que l’on peut difficilement cerner. Exactement comme ce polar venimeux.

Sortie
vendredi 3 août 2018

Version originale
français

Réalisation
Erick Zonca

Genre
Suspense policier

Origine
France
Belgique

Année : 2017 – Durée : 1 h 53

Distributeur
MK2 | Mile End

Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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