En salle

The Seagull

31 mai 2018

| PRIMEUR |
Semaine 22
du 1er au 7 juin 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Irina, grande tragédienne à Moscou, séjourne dans la villa familiale comme elle a l’habitude de faire tous les étés. Entre son fils Konstantin, son frère Sorine et d’autres personnages, les rapports affectifs et de pouvoir tournent parfois au drame.

CRITIQUE|
| Élie Castiel |

★★★ ½

LES TRAVERS NÉBULEUX DE LA MÉLANCOLIE

Dans le drame et la comédie russe, encore plus chez Tchekhov, la mélancolie sert de lien entre la réalité, parfois idéalisée, des personnages et leur drame, entre le collectif et l’individualité exacerbée. Autre époque que ce récit dans une Russie tsariste en voie de disparition où tout le monde est à sa place. Histoires d’amour(s), de conquêtes, de jalousie(s), de trahisons. On aime celui ou celle qui ne partage pas les mêmes sentiments à notre égard.

Terreau narratif magnifiquement suprême pour tout récit théâtral ou cinématographique. Pour Michael Mayer, At Home at the End of the World (2004), signe ici une mise en abyme, oscillant entre la célèbre pièce de l’auteur russe et la comédie dramatique sentimentale qu’est le film.

Les hommes, quant à eux, dans tout cet amoncellement de
petits et gros drames du quotidien… des êtres passifs, sans
colonne vertébrale, tout au mieux hédoniste, attendant que
« la maman ou la putain », axiome fort heureusement disparu
de nos jours, lui donne des forces pour continuer à exister.

Les va-et-vient délirants entre ceux qu’on croit aimer et ce qui nous aiment vraiment devient source d’une incroyable direction d’acteurs où chacun et chacune, sans exception, doit construire un personnage.

Telle une Melina Mercouri jouant pour Jules Dassin, Annette Bening prouve jusqu’à quel point l’âge n’a aucune importance dans l’art de l’interprétation. Si elle s’empare de cet environnement bucolique en forme de huis clos, c’est pour mieux saisir l’instant, car chacune des ses prestations est un véritable tour de force. En arrière-plan, mais prouvant qu’elle se dirige vers une carrière plus que prometteuse, Saoirse Ronan, resplendissante d’énergie et d’opportunisme, réussit, elle aussi, son multiple registre dans un rôle à sa mesure.

Dans cet endroit perdu de la campagne russe, tout le beau il est beau, tout le monde il est gentilou méchant. C’est de la nature humaine que Tchekhov parle. Et Michael Mayer en est le digne ambassadeur.

Les hommes, quant à eux, dans tout cet amoncellement de petits et gros drames du quotidien… des êtres passifs, sans colonne vertébrale, tout au mieux hédoniste, attendant que « la maman ou la putain », axiome fort heureusement disparu de nos jours, lui donne des forces pour continuer à exister.

Réalisation
Michael Mayer

Sortie
vendredi 1er juin 2018
Version originale
anglais

Genre : Drame
Origine : États-Unis
Année : 2017
Durée : 1 h 38
Dist. : Métropole Films

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]

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