En salle

Knock

11 mai 2018

| PRIMEUR |
Semaine du 11 au 17 mai 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au début des années 1950, l’arrivée du docteur Knock à Saint-Maurice suscite la curiosité parmi les villageois. Diplômé de Marseille, le médecin venu prendre la relève de son prédécesseur est bien décidé à accroître l’achalandage de son cabinet et offre des consultations gratuites. En peu de temps, grâce à son art de la manipulation, il parvient à convaincre chaque villageois qu’il est un malade qui s’ignore.

CRITIQUE
| Charles-Henri Ramond |

★★

JOUVET FOREVER

Pour beaucoup, le personnage du docteur Knock restera à jamais attaché à l’immense comédien Louis Jouvet, qui l’a incarné à deux reprises, en plus de mettre en scène en 1923 la première représentation de la pièce de Jules Romains. Traitant avant tout de la cupidité de la médecine, ce célèbre pamphlet proposait en sous-texte des thématiques sociopolitiques bien plus profondes que ce que l’histoire ne laissait entendre de prime abord.

Certes, la longue tradition littéraire française de la satire médicale était suivie à la lettre, mais on pouvait voir dans la crédulité de la population face aux roueries du médecin une sorte d’avertissement lancé au spectateur, bercé des illusions d’une paix durable que l’entre-deux-guerres venait de faire germer. Dans une France encore marquée par les horreurs et les trahisons de 14-18, Knock vs. Parpalaid, c’est un peu la fourberie allemande contre la naïveté française.

Mais ce qui déçoit surtout, c’est le manque flagrant
d’humour noir, pièce maîtresse du texte original.
Sans même parler du suspense sans intérêt qui fait
remonter à la surface un passé sans rapport et
d’une romance ridicule pétrie de bons sentiments.

Refaire une autre version – la quatrième – à partir de ce terreau fertile était un pari plus que risqué. Hélas, Lorraine Lévy (Le fils de l’autre) ne parvient pas, loin s’en faut, à se montrer à la hauteur de son sujet. La scénariste et réalisatrice le noie en effet dans un flot continu de blagues anodines, de personnages secondaires benêts et de running gags lassants. Mais ce qui déçoit surtout, c’est le manque flagrant d’humour noir, pièce maîtresse du texte original. Sans même parler du suspense sans intérêt qui fait remonter à la surface un passé sans rapport et d’une romance ridicule pétrie de bons sentiments.

Portant à lui seul le film, Omar Sy, utilisé à contre-emploi, ne parvient jamais à trouver le ton juste, comme s’il avait été laissé libre de tout mouvement, sans direction précise. Sa présence à l’écran était-elle le gage du succès au box-office? Certes, le charme discret de la France des années 40 opère grâce à la reconstitution minutieuse des lieux, décors et accessoires, mais il se dégage de l’ensemble des airs de téléfilm sans âme, dont les quelques atouts techniques paraissent bien faibles eut égard à l’œuvre des piliers de la dramaturgie française que furent Jules Romains et Louis Jouvet.

Sortie : vendredi 11 mai 2018
V.o. : français

Réalisation
Lorraine Lévy

Genre : Comédie – Origine : France / Belgique – Année : 2017 – Durée : 1 h 54 – Dist. : TVA Films.

Horaires & info.
@ Cinéma BeaubienCineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

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