En salle

You Were Never Really Here

20 avril 2018

| PRIMEUR |
Semaine du 20 au 26 avril 2018

Résumé succinct
Tueurs à gages, Joe accepte un contrat qui l’amène vers Nina, la fille kidnappée d’un sénateur. Les ravisseurs oblige la jeune fille à se prostituer. Joe possède tous les atouts pour la libérer, mais n’est pas conscient que les adversaires sont, eux aussi, coriaces.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★ ½

L’état inexplicable de la mélancolie

Nous avions beaucoup aimé We Need to Talk About Kevin (2011) confirmant, après les brillants Ratcacher (1998) et Morvern Callar (2002), l’originalité de l’Écossaise Lynne Ramsay, une sorte de Kathryn Bigelow d’ailleurs avec autant poigne, de savoir-faire et de grâce virile mâtinée d’agressivité jouissive et privilégiant les correspondances subtiles au cinéma de genre.

Car You Never Really Here est non seulement une déclaration persuasive, mais également une interrogation sur le cinéma, sur sa fonction initiale. D’où cette distanciation majestueuse entre le spectateur et l’écran qui, tôt ou tard, convoque notre regard voyeur à ajuster ses véritables visées.

Il s’agit d’un dialogue intellectuel entre notre perception des images en mouvement et ce qui se passe dans ce récit intentionnellement alambiqué qui ne semble aller nulle part; sauf sans aucun doute vers un univers imaginé qui est celui de tout acte cinématographique.

You Were Never Really Here est non seulement une
déclaration persuasive, mais également une
interrogation sur le cinéma, sur sa fonction initiale.

Il y a là, la notion selon laquelle tout acte de création ne peut être soumis à des codes, des régimes, de interdits de toutes sortes. C’est un processus de gestation qui se passe entre l’artiste et le néant, un vide existentiel qui sera peuplé d’individus racontant leurs propres histoires. La musique, entre autres, du groupe Radiohead, n’est pas un hasard dans la construction du récit, mais correspond au désir de la réalisatrice d’atteindre un public cible. Celui qui ne jure, et à juste titre, d’un cinéma qui ne cesse de se réinventer, entraînant avec lui des propositions enlevantes, d’où émergeront d’autres postulats, sans quoi le cinéma n’a qu’à crever.

Et dans cet univers singulier, Joaquin Phoenix, comme d’habitude, se prête à ce jeu de provocation qui ressemble à un exercice de style plus que tout autre chose. Et pourquoi pas? Car chez ce tueur à gages dont il est question, domine l’état inexplicable de la mélancolie, elle-même un cas de style.

 

Sortie : vendredi 20 avril 2018
V.o. : anglais; s.-t.f.
Tu n’as jamais été vraiment là

Réalisation
Lynne Ramsay

Genre : Drame psychologique – Origine : Grande-Bretagne / France / États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 30 – Dist. : Entract Films.

Horaires & info.
@ Cinéma du ParcCineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Accès autorisé si accompagnés d’un adulte | Violence)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

 

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