En salle

Madame

22 mars 2018

| PRIMEUR |
Semaine du 23 au 29 mars 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Anne réalise que treize convives seront présents au souper mondain qu’elle prépare dans sa luxueuse résidence parisienne. Afin de corriger cette fausse note, elle demande à sa bonne, Maria, de se joindre au groupe en dissimulant sa véritable identité.

CRITIQUE
Julie Vaillancourt

★★ ½

DÎNER MONDAIN

Dans son plus récent film, Amanda Sthers pose, une fois de plus, son regard sur les relations interpersonnelles. Si avec Je vais te manquer (2009), la réalisatrice française s’intéressait au croisement de six destinées, Madame explore le destin croisé de divers personnages, dans le contexte d’un dîner mondain. Alors qu’Anne (Toni Collette), fortunée américaine, s’apprête à donner un grand souper bourgeois dans sa demeure parisienne, elle apprend qu’un treizième couvert est posé à table pour Steven, le fils du premier mariage de Bob (Harvey Keitel), son époux. Superstitieuse, elle désire à tout prix un quatorzième invité pour conjurer le mauvais sort. Cette prémisse scénaristique, plutôt faible pour motiver l’action, engendrera pourtant les péripéties de Madame, puisque la domestique Maria (Rossy de Palma), prendra place à la table, sans dévoiler le secret de son identité.

Si Rossy de Palma incarne à merveille la domestique décalée de son milieu, amenant quelques situations cocasses, le dîner n’égale en rien celui orchestré par Francis Veber (Le dîner de cons, 1998). La mascarade continue bien après le repas, alors que David, un expert en art issu de la noblesse britannique tombe sous le charme de la domestique espagnole. Ainsi, le film se concentre sur les relations amoureuses et interpersonnelles, caractérisées par les non-dits identitaires et relationnels, au sein du couple (improbable) formé de Maria et David, mis en parallèle avec celui d’Anne et Bob, le couple mondain.

Le film propose une critique
douce-amère de nos sociétés capitalistes.

Critique sociale du capitalisme, mise en scène du fait de la mascarade identitaire du dîner et de ses superficialités bourgeoises, Madame ne propose cependant pas une trame narrative nouvelle, mais une situation maintes fois explorée dans le cinéma (français). D’ailleurs, dans Venise sous la neige (2017), Elliott Covrigaru avait récemment usé de la mascarade identitaire, lors d’un dîner. Cela dit, Madame vaut pour le jeu des actrices et la mise en scène de deux femmes qui semblent, a priori, aux antipodes : Toni Collette incarne la femme mondaine et blasée, à la fois autoritaire et maternelle, qui manque de confiance, bien qu’elle doive l’incarner, alors que Rossy de Palma (au physique atypique, mais charismatique à souhait) est l’immigrée à la confiance tranquille travaillant d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de sa fille, tout en rêvant du prince charmant. Certes, très différentes, ces deux femmes représentent à la fois plusieurs femmes et se rejoignent dans leurs oppressions communes : le fait d’être femme et de devoir constamment négocier leurs identités, selon les caprices du patriarcat. Bien que Madame aurait gagné à déclencher davantage de rires afin de mettre la table pour les systèmes qu’il dénonce, le film propose une critique douce-amère de nos sociétés capitalistes.

Sortie : vendredi 23 mars
V.o. : anglais, espagnol, français ; s.-t.a. & s.-t.f.

Réalisation
Amanda Sthers

Genre : Comédie dramatique Origine : France– Année : 2017 – Durée : 1 h 31 – Dist. : TVA Films.

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

 

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