En salle

Paradis

16 novembre 2017

| PRIMEURS |
Semaine du 17 au 23 novembre 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, trois individus se retrouvent devant Dieu, qui doit juger s’ils sont dignes d’entrer au paradis : Olga, une aristocrate qui cache des enfants juifs ; Jules, un policier collaborateur qui ne tarde pas à l’arrêter et Helmut, un officier SS, autrefois amoureux de Olga, qu’elle revoit au camp de concentration.

COUP DE CŒUR
Élie Castiel

★★★★

L’ENFER ET LE PARADIS

Cinéaste russe émérite, Andreï Kontchalovstki signe ici un film austère sur le thème maintes fois abordé de la Deuxième Guerre mondiale. Filmé dans un sublime noir et blanc par la caméra magnétique d’Alexander Simonov, Paradis favorise le plan fixe dans cette triple confession illustrée par des retours en arrière captés sous différents angles d’approche : les séquences dans les camps de concentration évoquent la méthode documentaire aux tons angoissants et asphyxiants. D’autres séquences se permettent une lumière plus aérée, contrastant avec les comportements et les motifs des personnages.

Paradise_En salle

« Lion d’argent »
Mostra de Venise 2017

Hommage aux Soviétiques qui ont sauvé la vie à des enfants Juifs, Paradis ce veut surtout un essai cinémato-photographique comme s’il s’agissait d’un album qu’on feuillette et qui finit par altérer notre mémoire. Entre les images en mouvement et des illustrations photographiques, tantôt sereines, pafois effrayantes par leur réalisme, le film oscille entre le calme et la tempête, paradoxalement, sans faire des vagues. C’est aussi une ode au souvenir qui prend ses distances avec l’effet-mélodrame, privilégiant le mode clinique, sans tempérament, illustré par ailleurs par des échos tout aussi démonstratifs que dissimulés. La coupe franche est souvent utilisée dans l’intervention de la femme russe, montrant que dans une enquête, on ne peut tout montrer.

Les trois pénitents offrent des jeux remarquables et sont filmés avec un respect irréprochable. Tous les trois ont parfois des penchants émanant du théâtre, mais prennent vite conscience qu’une caméra les filme. Un objectif qui manifeste magnifiquement bien la carte de l’intemporalité. Les thèmes comme la vérité, le mensonge, la délation, la marginalité qu’engendre l’emprisonnement, même l’oubli sont transformés en discours narratifs que le cinéaste aborde avec discrétion, sans véritablement de jugement ni trop de bruit, montrant les personnages comme des humains avant tout.

Paradis demeure une œuvre majeure dans la filmographie d’un
metteur en scène octogénaire qui a encore plusieurs choses à dire.

C’est surtout un film sur la nature humaine, sur sa condition éphémère, sur son aveuglement face aux dérives  de l’Histoire ; ce n’est donc pas surprenant que le rôle de l’Allemand est un personnage issu de la noblesse qui, tout d’un coup, défend le caractère exclusif de la race aryenne. Le parti pris pro-soviétique est évident, mais n’empêche que les faits nous ont appris que cette partie de l’Histoire du 20e siècle demeure pour toujours une des plus atroces.

Dans sa présentation au Forum, les voix allemandes et françaises étaient noyées par une même intervention masculine en russe, rendant l’ensemble destabilisant et désagréable. Des sous-titres auraient aidé à une plus grande compréhension. N’empêche que Paradis demeure une œuvre majeure dans la filmographie d’un metteur en scène octogénaire qui a encore plusieurs choses à dire.

Séquences_Web

Sortie :  vendredi 17 novembre 2017
V.o. :  multilingue ; s.-t.a. & s.-t.f. / Version française
Paradise / Ray

Genre :  Drame – Origine :  Russie / Allemagne –  Année :  2016 – Durée :  2 h 10  – Réal. : Andrey Konchalovsky – Int. : Julia Vygotskaya, Christian Clauss, Philippe Duquesne, Jakolo Diehl, Peter Kurth, Viktor Sukhorukov –  Dist. :  Kinofilm Corp.

Horaires
@ Cineplex

Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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