En salle

Lucky

26 octobre 2017

| PRIMEURS |
Semaine du 27 octobre au 2 novembre 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Lucky est au crépuscule de sa vie. À 90 ans, il s’interroge sur l’existence et la mort, tout autant que le temps qui passe.

COUP DE CŒUR
CHARLES-HENRI RAMOND

★★★  ½

AU CŒUR D’UNE AUTRE AMÉRIQUE

On peut sans trop se tromper affirmer que Lucky, grand petit film indépendant, n’a été conçu que pour feu Harry Dean Stanton, tant l’icône de Paris, Texas y brille de mille feux. Il en est l’âme, le moteur et peut-être la seule véritable raison d’être. Réalisé par John Carrol Lynch, comédien popularisé par Fargo n’ayant aucun lien de parenté avec le célèbre David du même nom (qui possède ici un rôle aussi absurde que taillé sur mesure), Lucky est l’une de ces rares productions qui par leur désarmante sincérité n’ont aucun mal à emporter l’adhésion.

« Prix du jury œcuménique »
Festival de Locarno 2017

À l’image de The Florida Project sorti la semaine dernière, nous voici confrontés à une autre Amérique, aux antipodes de celle qui accapare habituellement nos écrans. Construit sur une intrigue minimale, le film est une fable philosophique dans laquelle simplicité n’exclue en rien profondeur et réflexivité. Les mystères de la vie, ses hasards, ses moments de beauté malgré la laideur environnante, tous ces petits riens se retrouvent dans ce récit dédié à l’Amérique des subalternes, des personnes âgées, des immigrants et de la ruralité. Un univers bigarré et merveilleux qu’Hollywood ignore royalement.

Lucky_En salle

Les mystères de la vie, ses hasards, ses moments de
beauté malgré la laideur environnante, tous ces petits
riens se retrouvent dans ce récit dédié à l’Amérique des
subalternes, des personnes âgées, des immigrants
et de la ruralité. Un univers bigarré et
merveilleux qu’Hollywood ignore royalement.

Au centre de cette faune sauvage et libre, montrée de façon lumineuse, sans une once de misérabilisme, Stanton campe un vieux philosophe doté d’une chance peu commune. Au fur et à mesure de ses rencontres, cette veine incroyable se révèle peu à peu et il apprend à voir autrement le monde qui l’entoure. Ce ne sera pas sa dernière apparition à l’écran puisqu’il a joué dans Frank and Ava qui devrait sortir l’an prochain. Malgré tout, voilà sans doute un rôle qui pouvait incarner son testament de la plus belle des manières. L’acteur y est touchant comme quelqu’un qui prend subitement conscience que la fin le guette, il y est humain lorsqu’il raconte des souvenirs de guerre qui ne semblent pas avoir été écrits pour un comédien, il y est subversif quand il s’en prend aux « vautours » à cravate chargés d’arranger les successions funéraires. Bref, il y est tout simplement vrai.

Le spectateur aura même droit en guise de point d’orgue à un sublime moment de grâce lorsque Stanton interprète a capella et en espagnol le traditionnel Volver volver de Fernando Maldonado. Une voix douce et fragile qui restera longtemps en mémoire, de même que ce visage fatigué, ces yeux bouffis et un sourire taquin envoûteur. Et si c’est en grande partie sur Stanton que le charme un tantinet désuet du film repose, on remarque aussi des seconds rôles adroitement dirigés ainsi que des cadrages minimalistes maîtrisés. En somme, avec Lucky, John Carrol Lynch signe un premier long métrage irrésistible. Idéal pour combattre le spleen automnal.

Sortie :  vendredi 27 octobre 2017
V.o. :  anglais ; s.-t.f.
Chanceux !

Genre :  Drame – Origine :  États-Unis –  Année :  2016 – Durée :  1 h 29  – Réal. : John Carroll Lynch – Int. : Harry Dean Stanton, Ron Livingston, James Darren, Bertila Damas, Barry Shabaka Henley, Beth Grant –  Dist. :  Eye Steel Inc.

Horaires
@ Cinéma du Parc

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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