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It Shoulda Been You

11 juin 2017

THÉÂTRE
★★★ ½

Texte : Élie Castiel

JE T’AIME, MOI NON PLUS

La première partie ne surprend guère. C’est une véritable comédie estivale sur la jeunesse en voie difficile d’entrer dans le monde adulte, sur justement ces adultes qui se comportent parfois comme des enfants, sur le mariage, la famille, l’autorité maternelle, la mère-juive, la mère non-juive, leurs débordements, leurs angoisses, leurs attentes et petis bonheurs qu’elles imaginent.

La jeune fille a aimé un autre homme ; celui-ci l’aime encore, mais il n’est pas certain. Elle est juive et elle est promise à un non-juif. Les deux familles sont compliquées. Surtout celle de la jeune fille. C’est tout à fait naturel. Portrait d’une vraie famille de la classe moyenne occidentale. La peinture est on ne peut plus vraie.

TH_It Shoulda Been You

Betty Kis Marer, Naomi Krajdan, Cheryl-Ann Lilieth, Mike Melino et Justin Muniz – IMAGE : © Andrée Lanthier

De blagues déjà entendues ailleurs à des one-liners spirituels et un peu vulgaire, on nage en plein vaudeville anglophone où tout est permis, ou presque. Et c’est amusant. Le spectateur sourit. Les comédiens exhibent un enthousiasme délirant. La scène est remplie de personnages. Il y a de la place pour tout le monde. Et puis… le punch, ou encore mieux le « coupe de poing », celui qu’on est prêt à recevoir,  l’inattendu, celui qui procure la belle surprise, un moyen de contourner les règles de l’écriture dramatique, de déconstruire les relations humaines, d’opter pour un changement.

Et la mise en scène de Jim White éclate, se reconstruit en elle-même. C’est comme si on assistait à une nouvelle pièce de théâtre. L’espace dramaturgique devient non seulement le territoire de tous les possibles, mais participe également à une profonde réflexion sur nos valeurs, nos traditions, notre intégration (ou pas) à un XXIe siècle effrayant mutiple, varié, et en même temps disponible aux nombreux ajustements sociaux.

Entre les « je-t’aime-moi-non-plus » et les
« je-ne-peux-vivre-sans-toi », s’installent d’autres possibilités
auxquellles on n’aura pas pensé jusqu’ici, du moins au théâtre.

Jim White s’est occupé de la chorégraphie… et elle est en harmonie avec les événements mi-figue-mi-raisin d’une comédie sentimentale qui prend des allures de débat sur la société. Entre les « je-t’aime-moi-non-plus » et les « je-ne-peux-vivre-sans-toi », s’installent d’autres possibilités, auxquellles on n’aura pas pensé jusqu’ici, du moins au théâtre.

On ne vous dira rien. Sauf que c’est hilarant, sournoisement et tendrement machiavélique et si proche de l’individu. L’avenir n’est ni homme ni femme, simplement être.

Et le soir de la première, un bonus exceptionnel à la toute fin qui ne se répétera sans doute pas aux prochaines représentations, mais qui a laissé l’auditoire heureux, ahuri, désorienté, aux anges. Du vrai gâteau, gloutonnement servi par un début d’été fabuleusement prometteur.

revuesequences.org

IT SHOULDA BEEN YOU
En anglais et en yiddish, avec surtitres français et anglais
Livret : Brian Hargrove – Paroles des chansons : Brian Hargrove – Concept original : Barbara Anselmi – Traduction du yiddish : Edit Kuper, Aron GonshorMise en scène : Jim White – Chorégraphie : Jim White – Direction musicale : Nick Burgess – Scénographie : Marjolaine Provençal – Costumes : Louise Bourrett – Éclairages : Luc Prairie – Son : Peter Balov – Distribution  : Amanda Benn, Rosie Callaghan, Moishe Campbell, Joanne Cutler, Craig Dalley, Paula Wolfman, Karen Karpman, Betty Kis Marer, Naomi Krajden, Jordana Kujavski, Hannah Lecousy, Samantha Levy, Cheryl-Ann Lilieth, Nicolas Mancuso, Mike Melino, Sam Melnick, Merv Middling, Justin Muniz, Karyn Pellatt-Caron, Marc-André Poulin, Mikey Samra, Sam Stein, Mélanie Thompson, Stan Unger – Production : Dora Wasserman Yiddish Theatre | Durée : 1 h 45 approx. (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 25 juin 2017 – Segal Centre (Salle principale).

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel.  ★★★★  Très Bon.  ★★★  Bon.  ★★  Moyen.   Mauvais.  ½ [Entre-deux]

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