Recensions

Le cinéma québécois au féminin

23 avril 2017

RECENSION
Texte : Julie Vaillancourt

Le cinéma québécois au féminin « Quelle est la place des femmes dans le cinéma québécois? » Telle est la question qui, d’entrée de jeu, sera posée par les auteurs Céline Gobert et Jean-Marie Lanlo à toutes celles interviewées. La récurrence de cette question ne lasse guère, puisque ces femmes du milieu cinématographique québécois répondent selon leurs spécialisations et expériences personnelles. Prendront la parole: les réalisatrices et scénaristes Chloé Robichaud (Pays, Sarah préfère la course, Féminin/Féminin), Sophie Deraspe (Le profil Amina, Les loups, Les signes vitaux, Rechercher Victor Pellerin), Isabelle Hayeur (La bête de foire, Le Golem de Montréal), Izabel Grondin (seize court métrages de genres), la directrice photo Jessica Lee Gagné, sans oublier la productrice et présidente-fondatrice de Go Films, Nicole Robert, puis la directrice générale de Québec Cinéma Ségolène Roederer.

Au terme de l’ouvrage, les propos de ces femmes confirment les statistiques ; on constate « une grande présence d’étudiantes dans les écoles ou les universités préparant aux métiers du cinéma » et « les femmes sont nombreuses et influentes tant à la tête des maisons de production qu’à celle des organismes subventionnaires ». Or, on retrouve peu de femmes dans le milieu de la publicité et de la télévision, trop peu de femmes soumettent des scénarios (19% chez GoFilm, selon Nicole Robert) et « seuls 18% des longs métrages de fiction majoritairement québécois sortis dans les salles entre 2013 et 2016 ont été réalisés ou coréalisés par une femme ». Ainsi, la mise en place de quotas est envisagée, dont l’initiative de Téléfilm Canada (novembre 2016) visant l’adoption de mesures sur la parité hommes-femmes dans l’industrie cinématographique.

Si Le cinéma québécois au féminin donne la
parole à celles qui méritent qu’on les écoute,
l’ouvrage est ironiquement beaucoup trop court.
Souhaitons qu’il ne demeure pas une initiative isolée.

Au-delà de la question des quotas, Le cinéma québécois au féminin conclu sur de judicieuses hypothèses : le manque d’estime que les femmes ont d’elles-mêmes, lire cette confiance en soi qui va de pair avec le manque de modèles et la place des femmes en société, ce qui au final, continue le coeur du problème. Comment exiger que la femme trouve sa place et la parité dans le milieu cinématographique, si socialement nous n’y sommes pas encore ? Si les avancées des dernières décennies en lien avec les mouvements féministes sont non négligeables, la parité homme-femme fait encore défaut à plusieurs niveaux. Outre le milieu de la production, nous pourrions aussi questionner à cet effet les secteurs de l’enseignement et de la critique cinématographique. Le manque de modèles est aussi en partie ce qui fait que la route est plus longue pour les jeunes cinéastes. On aurait d’ailleurs aimé que l’ouvrage offre un dialogue entre ces générations de femmes du cinéma québécois (Mireille Dansereau, Léa Pool, Paule Baillargeon, Micheline Lanctôt, Anne Émond, Anaïs Barbeau Lavalette, etc…) Si Le cinéma québécois au féminin donne la parole à celles qui méritent qu’on les écoute, l’ouvrage est ironiquement beaucoup trop court. Souhaitons qu’il ne demeure pas une initiative isolée.

Séquences_Web

Céline Gobert,  Jean-Marie Lanlo
Le cinéma québécois au féminin
(Coll. « L’instant ciné »)
Montréal : L’instant même, 2017
128 p.

Lancement de l’ouvrage
Le 27 avril 2017
17 h 30 – 19 h 30
L’Euguélionne, libraire féministe

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