En salle

C’est le cœur qui meurt en dernier

12 avril 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Julien Lapierre, la quarantaine, vient de publier un premier roman autobiographique où il relate son enfance avec une mère à la fois exubérante, aimante et accaparante. À la demande de sa sœur, il accepte de rendre visite à leur mère qu’il n’a plus revue depuis la mort de leur père, huit ans auparavant. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle le reçoit dans la résidence où elle est soignée en feignant de ne pas le reconnaître.

CRITIQUE
★★★ 
Texte : Julie Vaillancourt

C’EST LE SILENCE QUI PARLE EN PREMIER

« C’est le coeur qui meurt en dernier, mon p’tit gars, pas la tête » entendra Julien de la bouche de sa mère (Sophie Lorain). Cette phrase, qui constituera le titre de son livre, mène habilement à un flashback dans l’enfance de Julien, alors que ce dernier, adulte (Gabriel Sabourin), narre en voix hors-champ ses écrits pour la création d’un livre audio. Ces retours en arrière, au même titre que cette mise en abîme (lecture du livre/film adapté d’un livre), constituent les fondements narratifs de l’écriture dramatique du film. C’est le coeur qui meurt en dernier se veut une adaptation (écrite par Gabriel Sabourin) du livre éponyme de l’acteur-écrivain Robert Lalonde: ce dernier y fait d’ailleurs un caméo pertinent en tant que barmaid de l’hôtel: il demandra à Julien si son livre est autobiographique et « si sa mère le savait… », une question qui hantera Julien tout au long du récit.

Nous sommes ici aux antipodes de Petit Pow! Pow! Noël
(Robert Morin, 2005). Au contraire, Julien intériorise sa
douleur, ses émotions, ses pensées afin de tenter de faire
parler les silences. Et ce sont eux qui parlent en premier.

C'est le cœur qui meurt en dernier

Thématiquement très éloigné des précédentes réalisations d’Alexis Durand-Brault (le dynamique drame sportif de La petite reine et le suspense cyberporno plutôt raté de Ma fille, mon ange, 2007), C’est le coeur qui meurt en dernier ne présente pas de signature cinématographique particulière. Quoique réalisé en toute finesse, nous ne sommes pas dans un film d’auteur, mais plutôt d’acteurs, avec des actrices très bien dirigées. Le film a le mérite de mettre de l’avant les réalités des personnes aînées en CHSLD, une thématique encore trop peu explorée au cinéma (et même socialement, sauf quand le Ministre fait semblant de s’intéresser à l’alimentation en CHSLD pour amadouer les médias).

La scène où la mère de Julien fait visiter les corridors de l’établissement à son fils est savoureuse, et trop courte, au même titre que celle avec tante Pierrette. Dans le rôle de la mère de Julien, une octogénaire atteinte d’Alzheimer, Denise Filiatrault, touchante, drôle et parfois irrévérencieuse, crève l’écran. La corrélation de la maladie d’Alzheimer, avec les non-dits à propos du passé de Julien, est pertinente, quoique le « suspense » qui découle de cette révélation n’en est pas un. D’ailleurs, Julien dira à propos de sa mère qu’« elle souffre de ce qu’elle ne sait pas ». Et malheureusement, c’est parfois le cas du spectateur.

Il en découle un film au rythme lent, davantage dans l’observation que dans l’action. La musique, signée Coeur de Pirate, pousse la note mélodramatique avec délicatesse. Nous sommes ici aux antipodes de Petit Pow!Pow! Noël (Robert Morin, 2005). Au contraire, Julien intériorise sa douleur, ses émotions, ses pensées afin de tenter de faire parler les silences. Et ce sont eux qui parlent en premier.

Sortie :  vendredi 14 avril 2017
V.o. :  français

Genre :  Drame  – Origine : Canada [ Québec] –  Année :  2016 – Durée :  1 h 43  – Réal. :  Alexis Durand-Brault – Int. : Gabriel Sabourin, Denise Filiatrault, Paul Doucet, Genevière Rioux, Céline Bonnier, Sophie Lorrain – Dist. :  Les Films Séville.

Horaires
@
  Cinéma BeaubienCineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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