Entrevues

Shimon Dotan

16 mars 2017

ENTREVUE
Propos t
raduits de l’anglais
par Élie Castiel

ENRAYER LE DIALOGUE DE SOURDS

FILM_Shimon Dotan (The Settlers)Un an avant la création de l’État d’Israël, des décisions sont prises aux Nations Unies concernant la division de la Palestine, alors sous mandat britannique. Que s’est-il vraiment passé?
Le plan des Nations Unies de partager la Palestine en deux états distincts était une proposition qui donnerait suite à la fin de l’ancien mandat britannique sur la Palestine. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Résolution 181, appelant à diviser la terre de Palestine en deux territoires, l’un juif, l’autre arabe. L’Agence juive pour la Palestine accepte le plan. Les gouvernements arabes de la région rejettent le partage, refusant toute forme de division territoriale, revendiquant que ce plan violait les droits de la majorité des résidents entre le Jourdain et la Méditerranée. Des 1 237 000 habitants, 33 % étaient juifs et 67 % arabes. Le 30 novembre 1946, les confrontations commencent entre les deux camps. Le 14 mai 1948, les Juifs déclarent la création de l’État d’Israël. Les armées arabes envahissent la région. Le conflit se termine le 20 juillet 1949. Israël agrandit son territoire au-delà des limites établies par le plan des Nations Unies.

Les deux nations sont pourtant d’origine sémite et conserve de fortes similarités en ce qui a trait à la religion. S’agit-il d’un conflit essentiellement territorial ou également religieux ?
Vous avez raison en ce qui a trait aux similarités entre les Israéliens et les Palestiniens, mais je dois avouer que le conflit est particulièrement territorial et n’a rien à voir avec la culture ou les idéologies divines de chacune des parties.

FILM_The Settlers

Le professeur Moshe Halbertal dit bien que les Juifs ashkénazes, issus d’une tradition colonialiste européenne, de surcroît romantique, a joué fortement dans le conflit. Si le gouvernement israélien était dirigé par des sépharades, notamment issus de la méditerranée (Afrique du Nord, Portugal, Espagne, Italie, Grèce), les objectifs de paix auraient-ils été plus facilement atteints ?
Mosher Halbertal, d’origine uruguayenne, dit clairement que le mouvement des colons (en hébreu, Gush Emunim) est « un mouvement folklorique. C’est en quelque sorte l’oéduc qui transmet les eaux usées d’une certaine pensée européene de jadis, transférée dans les notions primales du judaïsme, puisant ses sources, comme vous dites, à partir des schémas d’une ancienne forme de nationalisme européen, avec tous ses éléments romantiques vis-à-vis la terre natale et son caractère sacré. Par ailleurs, je ne peux me prononcer sur des « si ». Certainement, cela aurait été différent. Mais jusqu’à quel point ?

L’idée d’un État juif idéal engloberait toutes les religions du monde.  Mais à un certain point, démographiquement parlant, ça deviendrait intolérable et la majorité juive ne correspondrait plus qu’à une infime minorité avec, pour conséquence, un retour à la case départ.
Je suis totalement d’accord avec vous.

Comment envisagez-vous le futur immédiat dans cette partie du monde ?
J’espère que l’État d’Israël trouvera une façon de faire un retour à ses principes de base, aux origines véritables de la notion de sionisme, celui qui aspirait à donner aux Juifs persécutés depuis 2 00 ans un refuge où ils ne craindraient rien, mais non un endroit automatiquement acquis selon des principes messianiques d’autrefois. Quant à la paix, elle ne peut se réaliser qu’à travers un dialogue complice et politiquement responsable entre les deux parties.

[ Critique du film ici. ]

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