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Noises Off !

4 février 2017

THÉÂTRE /
CRITIQUE
★★★ ½
Texte : Élie Castiel

LES PORTES CLAQUENT

En 1991, l’Américain Peter Bogdanovich adapte à l’écran la pièce du Britannique Michael Frayn, écrite en 1982, toujours sous le titre de Noises Off! (en français, Silence on joue!). Autant la comédie sur scène que le film obtiennent un succès public et critique.

La version-Segal 2017 est un rendez-vous, soyons honnêtes, fort agréable avec le théâtre de l’absurde, de la farce et de la bonne humeur, mais à la sauce-grand public car, contrairement à Ionesco, par exemple, il n’est guère nécessaire de se casser les méninges pour décortiquer ce qui se cache derrière tout ces claquements de portes et de situations grandiloquentes.

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La pièce qui se joue (PHOTO : © Andrée Lanthier)

L’originalité de cette mouture tient essentiellement sur deux points : non seulement l’interprétation des comédiens qui doivent se plier aux caprices d’une chorégraphie exigeante qui ne laisse aucun répit, mais aussi la mise en scène époustouflante, hallucinante, jouissivement bordélique et d’une rigueur habilement chronométrée rarement atteinte de Jacob Tierney, acteur et metteur en scène honorable qui plonge dans l’espace du Segal sans peur et sans reproche, quitte à se mouiller.

Mais toute adaptation peut être (et en fait, doit être) manipulée au goût du jour. Ce qui nous préoccuppe davantage est sa longueur, notamment une fin interminable faite de redites et totalement inutile. Lorsque le personnage de Poppy (la plus grande surprise de la soirée – la très talentueuse Kaitlyn Riordan, convaincante, se faufilant à l’intérieur de son texte avec une grâce incommensurable, dôtée d’imagination et dans le même temps de retenue) annonce une nouvelle, c’est justement là que la pièce aurait dû finir.

Pour un public contemporain, la fin que propose Tierney est aprubte et laisse un étrange goût de déjà-vu car jusque-là cette mise en abyme entre le spectacle joué et celui qui a lieu dans les coulisses s’harmonisent avec un sens articulé et mathématique de la répartie et du mouvement. Les tribulations d’un metteur en scène qui tente de monter, Nothing On, une pièce vouée à l’échec est en soi un sujet intéressant, mais qui nécessite d’être manœuvré dans les moindres détails.

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Dans les coulisses (PHOTO : © Andrée Lanthier)

Soyons indulgents! Si Riordan est quasi parfaite, les autres comédiens sont tous infatigables, aussi bien en avant-plan que derrière les coulisses. Le soir de la première, le public a longuement manifesté son enthousiasme par des rires sincères et constants. Belle leçon d’humilité, mais par la même occasion confirmant que la comédie légère, en fait la British  Farce se situe, encore de nos jours, parmi les meilleurs vendeurs.

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Auteur : Michael Frayn – Mise en scène : Jacob Tierney, assisté de Caitlin Murphy – Décors : Pierre-Étienne Locas – Costumes : Louise Bourret – Éclairages : Nicolas Descôteaux – Conception sonore : Dmitri Marine – Distribution  : Martha Burns (Dotty), David Julian Hirsch (Lloyd), Chala Hunter (Belinda), Marcel Jeannin (Freddy), Daniel Lillford (Selsdon), Amanda Lisman (Brooke), Michael Musi (Timothy), Kaitlyn Riordan (Poppy), Andrew Shave (Garry)  – Production : Segal Centre | Durée : 2 h 30 approx. (incl. 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 19 février 2017 – Segal Centre.

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel.  ★★★★  Très Bon.  ★★★  Bon.  ★★  Moyen.   Mauvais.  ½ [Entre-deux-cotes]

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