En salle

Aynabaji

19 janvier 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Acteur sans véritable emploi, Ayna pratique sa carrière en l’appliquant à la vie de tous les jours, se prêtant ainsi au jeu de multiples personnalités, ne réalisant pas que certaines, par contre, pourraient lui apporter des ennuis.

CRITIQUE
★★★★ ½
Texte : Élie Castiel

FACE-À-FACES

Le premier long métrage d’Amitabh Reza Chowdhury est d’une prodigieuse prouesse technique qui rappelle, entre autres, les films des bengalis Ritwik Ghatak et Mrinal Sen. Ces mouvements qui épient des individus portant des masques au quotidien ne sont que les illustrations de la binarité de l’être. Car l’être et le paraître s’entrechôquent dans cette comédie noire à l’humour corrosif, cynique, totalement amoral, bercée par de rares chansons qui dépeignent les sentiments et le comportement des personnages. Film philosophique, psychanalytique, convoquant Freud dans ce qu’il a de plus obsédant, cédant à la tentation du mal comme jamais auparavant dans le cinéma bengali.

C’est du grand cinéma. Bollywood n’a que bien se tenir.
Un grand cinéaste bengali est né.
Il a pour nom Amitabh Reza Chowdhury.

Chowdhury n’a aucun scrupule pour utiliser un langage ordurier que ne se permet pas le cinéma hindi, et encore moins le bollywoodien. Avec des films comme Aynabaji, on assiste à la naissance triomphale d’un cinéaste à suivre, sans complexe, assumant son originalité avec un enthousiasme débordant.

Les clichés cèdent la place à la fine originalité ; les impulsions sont ici monnaie courante et filmées avec une élégance sans pareil. Et cet « homme au mille visages », est incarné par un Chanchal Chowdhury qui ne se ménage point, passant d’un personnage à l’autre avec une désinvolture exigeante, un engagement assumé et un charme presque enfantin. Il n’est pas surprenant qu’il dirige une petite école d’art dramatique, élément narratif important de ce film dévergondé.

Aynabaji

L’amour idyllique obligé n’est pas évité, mais dans Aynabaji il prend des allures de thriller amoureux où les deux personnages, elle (brillante Masuma Rahman Nabila) et lui (Chanchal Chowdhury) se complètent à travers une série de séquences presque surréalistes.

Et c’est filmé avec brio par Rashed Zaman, dont c’est également ici son premier long métrage comme chef opérateur. Entre le filmeur et le réalisateur une connivence qui atteint le plus souvent des sommets de plénitude. Les décors de la ville, les intérieurs, les visages en gros plan, tout ce qui vibre dans l’expérience cinématographique évolue à un rythme lancinant et fugace à la fois. C’est du grand cinéma. Bollywood n’a que bien se tenir. Un grand cinéaste bengali est né. Il a pour nom Amitabh Reza Chowdhury.

Sortie :  vendredi 20 janvier 2017
V.o. :  bengali / s.-t.a.
Mirror Crime

Genre :  DRAME / THRILLER – Origine :  Bangladesh –  Année :  2016 – Durée :  2 h 27  – Réal. :  Amitabh Reza Chowdhury – Int. : Chanchal Chowdhury, Masuma Rahman Nabila, Bijori Barkatullah, Partho Barma, Brindabon Das, Amitabh Reza Chowdhury (guest star) – Dist./Contact :  n.d.
Horaires : @  Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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