En couverture

Roméo et Juliette

14 octobre 2016

CRITIQUE /
BALLET
★★★★
Texte : Élie Castiel

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Christie Partelow et Troy Herring en répétitiion (PHOTO : © Patrick Bleau)

BELLE FUSION ENTRE
TRADITION ET MODERNITÉ

L’audace de la chorégraphie avant-gardiste et téméraire de Jean-Christophe Maillot se reflète tout au long de Roméo et Juliette, premier spectacle de la cuvée 2016-2017 des Grands Ballets. Le texte classique de William Shakespeare se pare ainsi d’une mise en mouvement d’une richesse surprenante et variée, frôlant parfois l’extase visuelle.

Formé dans diverses disciplines de la danse, Maillot a compris le XXIe siècle en combinant ballet classique et contemporain, ici, en constante harmonie avec la mythique partition musicale de Serge Prokofiev, dont les tons et les rythmes varient entre académisme, romantisme et pré-modernité. Sous le bâton du chef d’orchestre Florian Ziemen, l’Orchestre des Grands Ballets réussit à percer les mystères d’une musique aussi complexe qu’envoûtante et facilement identifiable.

Geste repris par le Corps de ballet, investi dans un excercice chorégraphique inhabituel où l’on passe de la tradition à la contemporanéité d’un pas à l’autre, suivant la mise en contexte du chorégraphe. Le duo Roméo et Juliette, incarné le soir de Première par Christie Partelow et Troy Herring constitue parmi les grands moments de la soirée. Si le texte littéraire s’adapte difficilement à la danse, force est de souligner que dans ce cas-ci, les différents actes suivent une logique implacable et perceptible tant la scène, savamment occupée dans toute son horizontalité, fait place aux danseurs confrontés à des mouvements, faits et gestes d’une rigueur absolue.

La mise en scène de Gaby Baars et Bruno Roque respecte le propos et combine adroitement calme et fougue. Soulignons également les merveilleux costumes de Jérôme Kaplan, inspiré tout autant par la tragédie grecque que par l’universalité des couleurs et des styles. Les éclairages de Dominique Drillot brillent par leur attouchements délicats – un léger faux pas se fait sentir vers la fin, mais sans conséquence.

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PHOTO : Un moment dans Roméo et Juliette (PHOTO : © John Hall)

Soulignons finalement le décor minimaliste d’Ernest Pignon-Ernest, remarquablement inspiré, laissant la place aux danseurs, tout en s’assurant de conserver l’élégance des courbes et des formes susceptibles de retenir l’attention des spectateurs. Tout compte fait, Le Roméo et Juliette des Grands Ballets s’avère d’une grande quintessence, hardiesse et pureté.

Séquences_Web

ROMÉO ET JULIETTE | BALLET EN TROIS ACTES
Chorégraphie : Jean-Christophe Maillot, d’après l’écrit de William Shakespeare – Musique : Serge Prokofiev – Scénographie : Ernest Pignon-Ernest – Costumes : Jérôme Kaplan – Danseurs : Christie Partelow (Juliette : les 14, 21, 22 et 28 octobre ; Valentine Legat (les 15, 20 et 27 octobre), Troy Herring (Roméo : mêmes datges que Partelow ; Raphaël Bouchard : mêmes dates que Legat), ainsi que Jeremy Rivera, Stephen Satterfield… et le Corps de ballet des Grands Ballet| Durée : 2 h 30 approx. (incluant 1 entracte) | Prochaines représentations : jusqu’au 28 octobre – Place des Arts (Théâtre Maisonneuve)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Passable) (Mauvais) 1/2 [Entre-deux-cotes]

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