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Courts métrages aux Oscars 2016

7 février 2016

ÉMOUVOIR PAR
LE RIRE OU LE DRAME

Texte : Luc Chaput

Depuis plusieurs années, le Cinéma du Parc à Montréal présente, dans le mois précédent la soirée des Oscars, un long programme des cinq courts métrages de fiction et des cinq d’animation qui concourent à ces prix. Cette compétition comprend des films de moins de 45 minutes puisque c’est la limite de l’Académie (AMPAS) pour un court. Les soixante courts finalistes de cette année ont souvent gagné des prix dans divers festivals accrédités par l’Académie. Ils sont ensuite vus par un comité de cette organisation qui réduit tout d’abord cette fournée à une dizaine par catégorie puis à ceux mis en nomination. La diversité des genres et des sujets est encore une fois mise en évidence cette année.

EL_Oscars 2016 (World of Tomorrow)

The World of Tomorrow

Tout d’abord en animation, on peut espérer que le parcours de World of Tomorrow de l’Américain Don Hertzfeldt continuera jusqu’à l’Oscar tant cette dernière œuvre, gagnante à Sundance il y a un an, confirme le talent singulier de cet artiste. Ces dessins sont toujours d’une simplicité désarmante mais ils sont ici en plus mus par une histoire philosophique de haut niveau où la science fiction et les futurs antérieurs sont mis à l’honneur.

We Can't Live Without Cosmos

We Can’t Live Without Cosmos

De Russie, Konstantin Bronzit nous livre un conte doux-amer sur l’amitié et la conquête de l’espace. Les surprises du scénario de We Can’t Live Without Cosmos sont soutenues par un très belle dextérité dans le dessin et l’animation. Le troisième concurrent sérieux est Bear Story (Historia de un oso) des Chiliens Gabriel Osorio et Pato Escala. Dans cette histoire empreinte de nostalgie, un vieil ours raconte à qui veut bien l’entendre et le voir son parcours d’artiste dans un cirque. La mise en abîme est fine et la numérisation sert bien ce discours doux-amer sur la place des personnes âgées. Ceux qui ont vu le long métrage The Good Dinosaur auront sûrement remarqué en début de programme, le court Sanjay’s Super Team de Sanjay Patel et Nicole Grindle où un jeune garçon comprend les dieux de la mythologie indienne et leurs liens avec les super-héros dot il anime les figurines de ses petites mains.

Shok

Shok

La relation entre fille et père est plus conflictuelle dans Everything will be OK  (Alles Wird Gut) de l’Allemand Patrick Vollrath. Malheureusement, le thème de la garde partagée a été mieux traité et de manière beaucoup moins mélodramatique ailleurs. Deux situations de guerre, d’après des histoires vraies, sont étudiées de manière très directe dans les deux films suivants. Les souvenirs ont peut-être augmenté le coté manichéen de Shok où deux jeunes amis sont séparés de brutale façon par la guerre civile yougoslave des années 90 dans ce film de Jamie Donoughue, produit par le Kosovo et la Grande-Bretagne.

La forte interprétation de Layla Alizada permet à l’Américain Henry Hughes de faire de Day One un regard différent sur l’implication quotidienne des combattants dans une zone où sévit une guérilla.   Entre les mains de Benjamin Cleary et Serena Armitage, les coréalisateurs britanniques de Stutterer, cette rencontre amoureuse via Internet cultive un peu trop les bons sentiments enrobants. On peut toutefois espérer que Basil Khalil et Éric Dupont remportent la mise pour Ave Maria, rencontre improbable dans les territoires occupés de Cisjordanie entre des religieuses cloîtrées et une famille dysfonctionnelle juive. Le dialogue s’établit difficilement mais avec humour dans cette fable proche des œuvres d’Elia Suleiman et d’Eran Riklis.

EL_Oscars 2016 (Ave Maria)

Ave Maria

La cuvée de ces Oscars est donc de bonne tenue. L’on peut toutefois regretter l’absence du programme des documentaires où concourt Claude Lanzmann: Spectres Of The Shoah d’Adam Benzine dans cette année qui, en principe, devrait voir Le fils de Saül gagner la statuette du long métrage en langue étrangère.

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