En salle

Mustang

28 janvier 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT

Au début de l’été, dans un petit village turc, cinq sœurs orphelines rentrent de l’école. Sur la plage, en compagnie de quelques garçons, euphoriquement, elles se livrent à un jeu innocent qui est perçu comme immoral et inapproprié aux yeux de l’opinion publique traditionaliste. Pour ne pas alimenter les rumeurs, la grand-mère qui est responsable de l’éducation des adolescentes adopte des mesures drastiques.

LE FILM DE LA SEMAINE

Mustang_En salle

LABEL EUROPA CINEMAS
Festival de Cannes 2015

CRITIQUE
★★★★

ELLES ÉTAIENT CINQ…
Texte : Jean Beaulieu

Tournant sa caméra du côté du soleil plutôt que de l’ombre, Deniz Gamze Ergüven pose un regard à la fois tendre, complice, lucide et solidaire sur ses jeunes personnages féminins (campés par des actrices non professionnelles, sauf une, toutes excellentes) en cherchant constamment à déjouer l’aspect contraignant de leur situation par des scènes le plus souvent dynamiques, colorées, drôles, poétiques ou ludiques, et en faisant triompher l’imaginaire, sinon l’imagination. Le tout nimbé d’un féminisme soft.

Ce qui vaut au spectateur des scènes d’intimité (très pudiques, au demeurant) entre filles découvrant chacun à son rythme leur sexualité – scènes qui ne peuvent faire autrement qu’évoquer celles de The Virgin Suicides de Sofia Coppola (référence maintes fois citée à propos du film), mais aussi, de façon plus lointaine, grâce notamment à la musique éthérée de Warren Ellis, Picnic at Hanging Rock de Peter Weir, l’aura de mystère en moins.

Bien qu’habile et très astucieux, le scénario flirte parfois avec les lieux communs (vu le sujet) ou d’heureuses coïncidences, surtout lors des escapades audacieuses de Lale et de ses comparses. Néanmoins, ces quelques écarts, qui permettent aussi au spectateur de quitter momentanément l’étouffant huis clos imposé aux héroïnes, sont largement compensés par le propos dénonciateur asséné à une société à la sexualité réprimée qui entraîne la perpétration de gestes encore plus troubles, voire tragiques – gestes énoncés de façon non équivoque, mais en filigrane, juste assez pour que le message passe sans qu’il soit surligné à outrance.

Depuis sa présentation à la Quinzaines des réalisateurs à Cannes l’an dernier, on rapporte que le film a été très mal reçu en Turquie. C’est pourquoi, en cette période où le monde semble de plus en plus plongé dans un délirant obscurantisme moral ou religieux, une œuvre comme Mustang, par son parti-pris pour la liberté (des femmes surtout), la beauté, l’exaltation de la vie et le désir de justice, se révèle indispensable.

Texte complet : Séquences (nº 301, mars-avril 2016) | À paraître.

Sortie
vendredi 29 janvier 2016
Version originale
turc
Version française / s.-t.f. ; s.t.a.
Mustang

Genre : COMÉDIE – Origine : France / Allemagne / Turquie – Année : 2015 – Durée : 1 h 37 – Réal. : Deniz Gamze Ergüven – Int. : Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Elit Iscan, Tugba Sunguroglu, Ilayda Akdogan, Nihal G. Koldas – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Beaubien Cinéma du ParcCineplex

CLASSEMENT
Visa GÉNÉRAL – Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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