En salle

Love

26 novembre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Murphy, un étudiant en cinéma, reçoit un appel de la mère d’Electra, son ex-compagne, qui s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de sa fille. Il tente de la trouver, mais sans succès. Lorsqu’il se retrouve seul dans son appartement, il devient nostalgique et se remémore sa plus grande histoire d’amour avec Electra, une relation intense, passionnelle et houleuse.

Love

CRITIQUE
★★★

L’ÉROTISME ENVAHISSANT
Texte :
François D. Prud’homme

Cinq minutes de sexe réel en 3D introduisent le dernier film de Gaspar Noé. Un jeune couple dissipe le malaise d’emblée en nous offrant ses jouissances en gros plan et prépare du même coup le spectateur à recevoir tout cet érotisme qui ponctue le récit.

Love propose pour ainsi dire 134 minutes de flashbacks dans les amours à corps perdu d’un étudiant américain à Paris. Murphy (Karl Glusman) rencontre Electra (Aomi Muyock) lors d’une fête dans un parc. Ils tombent instantanément l’un pour l’autre et entament aussitôt une relation sulfureuse et tendre, libre et possessive à la fois. Ils invitent un jour une voisine blonde aux yeux bleus à se joindre à leurs ébats. Omi (Klara Kristin), 16 ans, devient l’amante de Murphy, tombe enceinte, ce qui fait fuir Électra. Quelques années plus tard, dans le temps présent de l’histoire, la mère d’Electra qui cherche désespérément sa fille donne un coup de fil à Murphy. Cette prémisse amène le jeune américain à se remémorer son passé avec une fille dont il est encore éperdument amoureux. Une histoire simple − parfois un peu lassante dans la durée −, une jeunesse passionnément embourbée dans le drame et les jalousies, la drogue et le sexe, toujours le sexe. Omniprésent tant au niveau narratif qu’au niveau visuel, le sexe envahit le spectateur par le biais des lunettes qui simulent les trois dimensions.

Les plans sont magnifiques, il faut l’avouer. Benoit Debie
offre des tableaux érotiques d’une photographie exemplaire.
On est loin du site de pornographie ou même des films du même
genre érotico-sensuel comme Boogie Nights (1997) de
P.T. Anderson ou Buffalo 66 (1996) de Vincent Gallo.

Les plans sont magnifiques, il faut l’avouer. Benoit Debie offre des tableaux érotiques d’une photographie exemplaire. On est loin du site de pornographie ou même des films du même genre érotico-sensuel comme Boogie Nights (1997) de P.T. Anderson ou Buffalo 66 (1996) de Vincent Gallo. Noé, fidèle à son habitude, nous offre de la beauté exagérément : des compositions réfléchies jusque dans les moindres détails – comme ce filtre rouge qui plonge la première scène dans une espèce de surtemps, extérieur au récit − nous font oublier que l’on regarde une fellation, un cunnilingus, ou un phallus qui va et vient à l’intérieur de ce que l’on imagine être vulve et qui éjacule en plein visage du spectateur, rappelant ainsi les dernières scènes de Enter the Void (2009).

D’ailleurs, le film entier est habité par la personne de Gaspar Noé, depuis le nom de la galerie d’art de l’ex-copain d’Electra – caméo du réalisateur affublé d’une perruque poivre et sel un peu ridicule ! −, en passant par la petite maquette de l’hôtel en néons d’Enter the Void que l’on peut apercevoir dans la chambre de Murphy et Omi, jusqu’à leur enfant qu’ils nomment Gaspar. À l’instar de Lars Von Trier avec Nymphomaniac, le réalisateur profite aussi des conversations qu’il écrit pour ses deux jeunes protagonistes afin de communiquer ses propres réflexions sur l’art et le cinéma, comme ce désir qu’il vient de réaliser en montrant du sexe réel au grand écran. Tout l’intérêt du film réside en ceci, le reste de l’histoire d’amour entre deux jeunes artistes étant un peu longue et manquant un peu d’originalité.

Le reste n’est qu’une question de point de vue. Qui aime assez la pornographie pour souhaiter en faire l’expérience en 3D pendant plus de deux heures, en gros plan ?

revuesequences.org

Sortie : vendredi 27 novembre 2015
Version originale : anglais, français
S.-t.a.  / S.-t.f.  > Love

Genre : DRAME – Origine : France / Belgique – Année : 2015 – Durée : 2 h 15 – Réal. : Gaspar Noé – Int. : Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin, Juan Saavedra, Aron Pages, Vincent Maraval – Dist. / Contact : Séville.
Horaires : @  Beaubien Cinéma du Parc

CLASSEMENT
Interdit aux moins de 18 ans
(Érotisme)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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