En salle

The Tribe

6 août 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Nouvellement arrivé dans un pensionnat pour sourds de Kiev, Serguey est recruté par un petit groupe d’étudiants qui font la loi dans l’établissement. Auteurs de larcins divers, ceux-ci se livrent à la contrebande et au vol à la tire. Leurs activités s’étendent aussi à la prostitution, puisqu’ils vendent les services de deux de leurs consoeurs aux camionneurs stationnés pour la nuit dans la région.

LE FILM DE LA SEMAINE

The Tribe_En salle

GRAND PRIX DE LA SEMAINE DE LA CRITIQUE
Festival de Cannes 2014

UNE DOUBLE OMERTÀ

François D. Prud’homme
CRITIQUE
★★★★

Véritable hommage au cinéma muet, manifestement inspiré
de la filmographie de Gus Van Sant et de Larry Clark,
The Tribe propose une sorte de métaphore
du système social et des jeux de pouvoir ukrainiens…

Malgré certaines longueurs dues au choix de faire un film de plus de deux heures entièrement joué par des comédiens sourds, muets et non professionnels, The Tribe est une œuvre à contre-courant qui bouleverse par l’impassibilité avec laquelle elle dépeint la violence, le sexe et les relations amoureuses dans une communauté essentiellement fermée sur elle-même. Parce qu’il refusait de traduire les nombreux dialogues signés par ses comédiens, parce qu’il ne voulait voir des sous-titres venir cannibaliser sa cinématographie, Myroslav Slaboshpytskiy s’est attardé longuement à dépeindre chacun des événements qui ponctuent les activités illicites de ces jeunes sourds d’une banlieue défavorisée de Kiev, parfois même un peu trop. Mais le jeu en vaut la chandelle et la patience est payante.

Véritable hommage au cinéma muet, manifestement inspiré de la filmographie de Gus Van Sant et de Larry Clark (on se souvient aussi de Kids écrit par un jeune new-yorkais de 19 ans appelé Harmony Korine), The Tribe propose une sorte de métaphore du système social et des jeux de pouvoir ukrainiens (selon le réalisateur lui-même) et estompe les différences culturelles ne serait-ce que pour un court instant, 132 minutes pour être précis. Et mieux encore que les deux cinéastes susnommés, Myroslav Slaboshpytskiy parvient à nous faire entrer dans cet univers d’autant plus inaccessible qu’il est fondamentalement lié par une double omerta : une loi du silence imposée par l’organisation criminelle formée par deux professeurs et plusieurs étudiants d’un pensionnat pour sourds-muets, et l’autre, celle qui nous est imposée par notre propre ignorance du langage des signes.

Et le plus étonnant dans toute cette aventure est que le réalisateur d’origine ukrainienne nous propose ici son premier long-métrage, récompensé entre autres par la 53e Semaine de la critique de Cannes.

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 7 août 2015
V.o. : sans dialogue
V.f. [sans dialogue] > La Tribu / Plemya

Genre : Drame – Origine : Ukraine / Hollande – Année : 2014 – Durée : 2 h 12 – Réal. : Myroslav Slaboshpytskiy – Int. : Grigoriy Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy, Alexander Dsiadevich, Alexander Osadchiy, Yaroslav Biletskiy– Dist. / Contact : EyeSteelFilm.
Horaires : @
Cinéma du Parc

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 16 ans
(Érotisme / Violence)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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