En salle

The Diary of a Teenage Girl

28 août 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Minnie, 15 ans, vit avec sa petite sœur et leur mère Charlotte, séparée de son mari. Minnie, plutôt délurée, profite d’une certaine liberté. L’arrivée récente du nouvel amoureux de sa mère, Monroe, ne la laisse d’ailleurs pas indifférente.

LE FILM DE LA SEMAINE

The Diary of a Teenage Girl_En salleGRAND PRIX OF THE GENERATION 14plus
Festival de Berlin 2015

LE DÉSIR DE LA
TENDRESSE HUMAINE

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★★ ½

Les liens fortement intellectuels entre Marielle Heller, comédienne sur plusieurs projets à la télé, et dont c’est ici son premier long métrage de fiction, et Phoebe Gloeckner, auteure de ce qu’on appelle communément en anglais la graphic novel, d’où est tiré le film, étincellent l’écran et donnent au 7e art quelque chose de magique qu’on appelle tout simplement « miracle », car c’est de cela qu’il s’agit dans The Diary of a Teenage Girl.

Provocateur, sexy, érotique, désinhibé de tout complexe, allant droit au but, risquant le tout pour le tout, The Diary of a Teenage Girl déploie avec une puissance vertigineuse l’éveil à la sexualité d’une jeune fille, en fait adolescente, issue d’une famille dysfonctionnelle, mais au fond humaine, trop humaine. Pour Heller, la mise en scène c’est avant tout percer le mystère du corps (comme cette magnifique séquence devant le miroir où la nudité féminine n’est plus une question de voyeurisme, mais de découverte, de soi, de son corps, de son état émotionnel, d’un identité retrouvée à travers les secrets de la crainte et du plaisir.

Éros est constamment convoqué, omniprésent dans ce conte, cette fable sur la conquête et la révélation. Les séquences sont ainsi faites qu’elles relèvent du rituel païen, primitif et pourtant si anodin. L’interdit devient routinier, le péché n’est plus qu’un simple détour moral vite oublié. Mais derrière ces nombreux écarts charnels, une quête d’amour, de tendresse, de se sentir à la fois utile et aimé.

Recherche du père absent, quête d’amour, initiation
à la sexualité, faire face à l’existence avec tout ce
que cela comporte d’émerveillements, de rêves et
d’autant de frustrations, c’est de cela qu’il  s’agit dans
cet admirable film, sans doute l’une des plus belles
surprises de l’année en ce qui a trait au cinéma américain.

La britannique Bel Powley n’a pas un visage nécessairement beau, mais son attrait érotique bouleverse l’écran. Actrice accomplie, elle inaugure sa première partition sur grand écran avec une grâce sans retenue, un charisme époustouflant, un sans-gêne contagieux. Autour d’elle, des comédiens accomplis qui, face à un génie aussi superlatif, ne peuvent que s’illustrer davantage.

Mais The Diary of a Teenage Girl, c’est aussi un film sur la peur, angoisse de l’âme qu’on tente d’atténuer en provoquant le corps, en s’avouant vaincu devant la dynamique du sexe. Car voir en ce film une apologie de la pédérastie (elle a 15 ans, lui 35), c’est ne pas prendre en compte que la sexualité est présente chez l’individu à chaque âge de la vie et que l’adolescence présente le cyle le plus important.

D’autant plus que Minnie (prénom doublement approprié de la jeune fille) semble totalement au courant de tous ces jeux de séduction et de bonheur éphémère. Recherche du père absent, quête d’amour, initiation à la sexualité, faire face à l’existence avec tout ce que cela comporte d’émerveillements, de rêves et d’autant de frustrations, c’est de cela qu’il s’agit dans cet admirable film, sans doute l’une des plus belles surprises de l’année en ce qui a trait au cinéma américain, un journal sur audiocassette (puisque nous sommes au milieu des années 70) que l’on tient pour se rappeler de ces moments formateurs que Marielle Heller présente avec une extraordinaire force de persuasion.

Et de la graphic novel de Phoebe Gloeckner, quelques magnifiques moments d’animation emportés par la dynamique du moment, le surréalisme de la fragilité humaine et un profond désir de voir la vie comme un voyage en constante transformation. Bien entendu, par les temps qui courent, si le personnage de Minnie avait été masculin, la proposition aurait pris des considérations douteuses et provoqué des conséquences alarmantes. Mais cela est une autre histoire.

 revuesequences.org

Sortie
vendredi 28 août 2015
Version originale
anglais

Genre : Drame – Origine :  États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 42 – Réal. : Marielle Heller – Int. : Bel Powly, Alexander Skarsgård, Christopher Meloni, Kristen Wiig, Austin Lyon, Quinn Nagle – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Cinéma du ParcCineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 16 ans
(Érotisme)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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