En salle

Le Dep

6 août 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Tard le soir, dans le village de Tshikatin, sur la Côte-Nord, un gangster cagoulé entre dans un dépanneur. Armé d’un pistolet, il demande à Lydia, l’unique employée du magasin, le contenu de la caisse. La jeune femme innue identifie rapidement l’agresseur et se retrouve devant des choix déchirants.

Le Dep

RÈGLEMENTS DE COMPTES

Guillaume Potvin
CRITIQUE
★★★

De prime abord, Le Dep a tout d’un film casse-gueule. Son scénario est truffé de pièges qui, entre des mains moins expérimentées, auraient pu aboutir à un film profondément ennuyeux. Et pourtant, tout au long, on ressent la maîtrise et l’assurance de Sonia Bonspille Boileau. À regarder ce premier long métrage de fiction de la cinéaste d’origine mohawk, il n’est pas surprenant que ses premiers pas en réalisation se soient faits du côté du documentaire et de la télévision. Non pas car l’esthétique du Dep emprunterait à l’un ou l’autre, au contraire, le film accomplit l’exploit de rendre le seul emplacement du récit — un dépanneur de région — visuellement intéressant pour plus d’une heure. Non, la trace qu’on détecte de l’expérience documentaire de Bonspille Boileau est son rayonnant sens de l’économie ; elle parvient à faire tant avec si peu.

Voilà la force du film. En révélant les précédents
historiques des personnages, en nous laissant
deviner les cicatrices qui traversent la communauté
innue, le cambriolage, cette action en apparence
toute simple révèle soudainement la complexité
des enjeux sociaux qui l’auront provoquée.

C’est un hold-up qui fait avancer le récit, une situation qui prendra de l’ampleur dramatique au cours du film et qui, par le fait même, fera planer une tension qui garde en haleine. Mais cette situation permettra surtout d’adresser astucieusement des thèmes sociaux beaucoup plus larges sans tomber dans le prêchi-prêcha. Car curieusement, on regarde davantage Le Dep pour apprendre les conditions qui auront mené au vol à main armée que pour découvrir le dénouement de celui-ci.

Voilà la force du film. En révélant les précédents historiques des personnages, en nous laissant deviner les cicatrices qui traversent la communauté innue, le cambriolage, cette action en apparence toute simple révèle soudainement la complexité des enjeux sociaux qui l’auront provoquée. Compte tenu de cela, il devient évident que la résolution du règlement de compte auquel on assiste n’inclura pas le policier, le seul personnage blanc du film. Comme lui, il y a trop qui nous échappe pour saisir l’étendue véritable de ce dont nous sommes ici témoins.

revuesequences.org

Sortie :  Vendredi 7 août 2015
V.o. :  français

Genre : Drame psychologique – Origine : Canada [Québec] – Année : 2015 – Durée : 1 h 18 – Réal. : Sonia Bonspille Boileau – Int . : Eve Ringuette, Charles Buckell, Yan England, Marco Collin, Robert-Pierre Côté – Dist. / Contact : K-Films Amérique.
Horaires : @ Beaubien

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.