En salle

Drishyam

30 juillet 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un homme sans histoire, propriétaire d’un réseau de télévision par cable dans un village de Goa, est mêlé malgré lui à la disparition du fils d’une policière peu commode.

Drishyam

À TORT OU À RAISON

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★★

Si l’on en juge par ses sept longs métrages, le discret Nishikant Kamat traite particulièrement de sujets sociaux affectant son pays. L’Inde d’aujourd’hui, semble dire le cinéaste, s’est rapidement modernisée, mais tout en adaptant certaines coutumes occidentales bienvenues, est aussi atteinte de tous ces vices cachés importés qui empoisonnent le vécu, parfois même dramatiquement.

Dans Dryshyam, les apparences sont trompeuses. La quête de la vérité n’est plus une affaire de coupables et de victimes, mais une lutte effrenée entre le mensonge et la morale. Suspense haletant, se prenant au sérieux avec un naturel bouleversant, soutenu par une performance d’acteurs remarquables, dont un Ajay Devgn, extraordinairement palpable dans ses différents registres et Tabu, souveraine, remarquée l’an dernier dans le remarquable Haider (2014), illustre adaptation du Hamlet de Shakespeare. Ces deux vedettes bollywoodiennes illuminent l’écran peur leur aplomb, leur grâce, leurs moments de pure prouesse, conscients d’une caméra qui les capte à chaque moindre geste.

… dans Drishyam, le manichéisme n’est pas un tort
parce qu’abordé avec toutes ses nuances, ses subtilités
et ses vélleités, tout en s’assurant que l’individu,
l’humain, demeure le principal objectif filmé.
Sur ce point, le fim de Kamat est brillamment abouti.

C’est aussi un film sur les affres malsains des nouvelles technologies, les cellulaires qui non seulement envahissent nos vies, mais sont souvent l’objet de captations intimes, de vies gâchées. La nouvelle dynamique sociale dominée par l’image perpétuelle n’est plus l’apanage d’un groupe particulier, mais s’est étalé à l’ensemble de la société.

C’est là le thème principal du film, en plus d’être un regard sur le cinéma, sur sa puissance à la fois rédemptrice et dans le même temps vulnérable. Les cinéastes indiens, conscient des divers mouvements sociaux et politiques de leur pays en constante transformation et occidentalisation, agissent souvent comme des philosophes envers le peuple, amoureux fou du cinéma qu’ils voit comme une sorte d’alternative thérapeutique à leurs problèmes quotidiens.

De tous les cinémas nationaux, le bollywoodien ose se permettre de diffuser un cinéma à message, chose presque totalement taboue dans les sociétés occidentales. Ici, dans Drishyam, le manichéisme n’est pas un tort parce qu’abordé avec toutes ses nuances, ses subtilités et ses vélleités, tout en s’assurant que l’individu, l’humain, demeure le principal objectif filmé. Sur ce point, le fim de Kamat est brillamment abouti.

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 31 juillet 2015
Version originale :  hindi
Sous-titres : anglais  >  Visuals Can Be Deceiving

Genre :  Drame  – Origine :   Inde  – Année :  2015 – Durée :  2 h 45  – Réal. : Nishikant Kamat – Int . :  Ajay Devgan, Tabu, Shriya Saran, Rajat Kapoor –  Dist. / Contact :  A-Z Films.
Horaires :  @ Cineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.